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Ouganda : Lancement d’une raffinerie d’étain en mai 2024

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Ouganda : Lancement d’une raffinerie d’étain en mai 2024

En partenariat avec la société minière Woodcross Resources, l’Ouganda met en œuvre sa première usine de raffinage d’étain dès mai 2024. Ce projet s’inscrit dans les efforts visant à accroître les recettes et la valeur ajoutée dans le secteur minier du pays.

Contexte de l’exploitation des minerais en Ouganda

L’Ouganda possède des ressources minérales abondantes. Malgré ce potentiel, le secteur minier demeure sous-exploité. Bien que l’or soit la principale ressource exploitée, les secteurs miniers contribuent de manière marginale à son économie. Cela découle principalement de la prédominance des exploitations artisanales et à petite échelle (ASM), qui représentent 90 % de la production minérale.

En 2023, les recettes du secteur aurifère atteignent 2,3 milliards USD, dépassant largement le double des revenus du café, qui était traditionnellement le principal produit d’exportation. Actuellement, l’Ouganda abrite plusieurs raffineries d’or, notamment l’Africa Gold Refinery et la société chinoise Wagagai Gold dans le district de Busia. Bien qu’étant des usines de traitement privées, l’État en tire néanmoins des bénéfices.

Réserves de minerai stratégiques sous-exploitées

Le territoire ougandais abrite également des réserves significatives de pétrole brut, de gaz naturel, ainsi que de métaux et minéraux stratégiques. À savoir le cobalt, le cuivre, les terres rares, le graphite et les roches de pegmatite contenant du lithium, dont la disponibilité est considérée comme critique. Le projet majeur de terres rares, intitulé Makuutu et dirigé par l’entreprise australienne Ionic Rare Earths, suscite une attention particulière. Ce gisement détient des ressources estimées à 315 millions de tonnes avec un taux de 650 ppm d’oxydes de terres rares totaux.

Par ailleurs, plusieurs districts regorgent de colombite, de tantalite, de calcaire et d’étain. Dans le but de créer de la valeur ajoutée, le gouvernement a récemment accordé une licence à Sunbird Resources pour l’extraction de calcaire pour la production de ciment. Le Président ougandais Yoweri Museveni cherche à maximiser les profits des exportations minières du pays et envisage de lancer plusieurs autres raffineries, notamment pour le pétrole et l’étain.

Genèse du projet de raffinerie d’étain

La haute responsable du ministère de l’Énergie et du Développement minier ougandais Irene Bateebe annonce le lancement de la première raffinerie d’étain dans le pays en mai 2024. Ce projet novateur est le fruit d’un partenariat entre le gouvernement et Woodcross Resources. Selon le site officiel de la société minière et de commerce de minerai, l’usine de traitement est dotée d’une capacité annuelle dépassant les 1 000 tonnes.

Pour ce faire, Woodcross Resources dispose d’une licence d’exploitation d’étain couvrant 40 km² dans la région ouest du pays. L’objectif est de parvenir à une pureté de plus de 99 % dans le processus de raffinage. En vue d’assurer un approvisionnement constant, le gouvernement a récemment interdit l’exportation d’étain d’une pureté inférieure à 99,85 %. Cela représente une hausse significative comparée au seuil antérieur de 67 % à 70 %.

Rôle de la société Woodcross Resources

Woodcross Resources ambitionne de devenir le leader de la production d’étain en Afrique de l’Est, contribuant significativement à la croissance de l’Ouganda. La compagnie bénéficie également des autorisations nécessaires pour explorer et développer les ressources minières critiques et les métaux stratégiques.

La société détient deux baux miniers dans le sud-ouest de l’Ouganda. Le premier est celui de Ntungamo ou ML1466, couvrant plus de 40 km² et lui octroie les droits de production jusqu’en 2036. Le second concerne le ML1433, situé de l’autre côté de la rivière Kagera depuis la ville de Murongo dans la région de Kagera en Tanzanie.

Son objectif est de produire de l’étain conforme aux normes LME. Woodcross Resources s’engage à mener ses activités minières de manière durable, en respectant les communautés locales et tout en préservant l’environnement. Leur processus de raffinage valorise la chaîne d’approvisionnement de l’étain tout en réduisant les émissions de carbone.

Implications économiques et environnementales

L’étain revêt une importance significative, notamment à l’ère de la transition énergétique mondiale. Ce métal est indispensable dans diverses industries telles que l’automobile, la construction et l’aérospatiale. Ce type de minerai est particulièrement importante dans la fabrication des appareils électroniques en raison de ses remarquables propriétés de soudure. Ce qui en fait un investissement attractif pour l’industrie de la raffinerie en Ouganda.

La demande d’étain connaît une croissance rapide grâce aux avancées technologiques vertes. Par exemple, ce matériau est utilisé dans la fabrication de panneaux solaires et de dispositifs de stockage d’énergie. Sa résistance à la corrosion en fait un choix privilégié pour le revêtement des boîtes en acier. De plus, sa durabilité et sa recyclabilité contribuent à réduire l’impact environnemental lié à son extraction, favorisant ainsi une économie circulaire et durable en Afrique.

Potentiel du marché de l’étain en Afrique Centrale

L’établissement de cette raffinerie d’étain pourrait engendrer un impact considérable sur l’économie ougandaise en offrant la possibilité d’exporter un produit d’une pureté supérieure. De plus, l’usine pourrait attirer des minerais en provenance d’autres nations d’Afrique centrale, telles que le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC).

La République démocratique du Congo (RDC) se présente comme un marché potentiel majeur pour cette usine de raffinage. À titre illustratif, l’exploitation minière congolaise Alphamin Bisie Mining représente plus de 4 % de la production mondiale en 2023. La RDC est ainsi l’un des principaux producteurs d’étain en Afrique et dans le monde. Ses exportations de ce minéral s’élèvent à :

  • 30 596,11 tonnes en 2021, représentant une valeur estimée à 412 millions USD
  • 32 854 tonnes en 2022, évaluées à 429 millions USD

Sur le plan environnemental, l’impact reste à déterminer. Les activités de raffinage peuvent avoir des conséquences sur l’environnement, notamment en termes de pollution de l’eau et de l’air. Il est donc crucial de mettre en place des mesures de protection environnementale.

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