Le Rwanda signe un accord d’investissement avec le comédien américain Steve Harvey. Le pays des milles collines rejoint une liste de nations africaines faisant appel à des stars d’Hollywood pour promouvoir le tourisme. Ce nouvel accord permettra de créer une institution universitaire à Kigali. Steve Harvey va investir dans l’éducation, la santé et le cinéma au Rwanda.

Promouvoir le tourisme et l’investissement au Rwanda

Le tourisme au Rwanda est en plein essor et pour accélérer le processus, le pays signe un accord avec un célèbre artiste américain, Steve Harvey. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des stratégies déployées par les pays africains pour commercialiser de manière unique leur offre touristique au monde. La décision de Kigali fait suite à des mesures similaires prises par la Tanzanie, qui a signé un accord avec la star hollywoodienne Idris Elba pour lancer un studio de cinéma à Zanzibar, un archipel de ce pays d’Afrique de l’Est.

Au Rwanda, l’accord est signé fin 2024 entre le Rwanda Development Board (RDB) et BILT LLC, une société américaine détenue par Steve Harvey. Dans un communiqué de presse partagé après la signature de l’accord, le PDG du RDB, Francis Gatare déclare que le partenariat vise à promouvoir le tourisme et l’investissement au Rwanda.

Steve Harvey était à Kigali, en décembre dernier, pour la cérémonie de signature de l’accord. C’est la deuxième fois que l’artiste se rend dans cette destination touristique en plein essor en Afrique de l’Est. Sa première visite avait eu lieu à la cérémonie de remise des prix de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) qui s’est tenue récemment à Kigali.

Croissance de 36 % pour le secteur touristique du Rwanda

Dans son allocution, Francis Gatare, directeur général du Rwanda Development Board (RDB) déclare : « L’accord signé couvre le développement des compétences dans le cinéma, les médias et l’éducation, ainsi que des initiatives en matière de santé et de bien-être ». Le pacte comprend des plans visant à établir une institution universitaire par l’intermédiaire de la société d’éducation de Harvey, Melt Education.

Le secteur touristique du Rwanda connaît une croissance de 36 % et le gouvernement souhaite le développer davantage et plus rapidement. Le secteur a généré 620 millions USD en 2023, contre 445 millions USD en 2022. Toutefois, le plan était d’enregistrer 800 millions USD de recettes touristiques l’année dernière ; les données exactes pour 2024 ne sont pas encore publiées.

Secteur touristique au Rwanda

Selon la Banque mondiale, le secteur du tourisme a le potentiel de continuer à accroître considérablement la croissance économique du Rwanda. Dans sa 20e édition du Rapport sur l’économie du Rwanda, la Banque mondiale souligne que le tourisme axé sur la nature (NBT), un sous-secteur du tourisme, génère environ 80 % des devises étrangères du Rwanda.

Le Rwanda est surtout célèbre pour ses gorilles à dos argenté qui sont très rares et attirent un grand nombre de touristes au Rwanda chaque année. Cependant, bien que le trekking des gorilles au Rwanda soit une attraction touristique unique, il est confronté à la concurrence d’autres destinations fauniques de la région. Ainsi qu’à des restrictions sur le nombre de permis délivrés chaque année en raison de la nécessité de préserver l’habitat des gorilles et leur population. Ce qui limite la capacité du Rwanda à augmenter les prix ou à accroître le nombre de touristes impliqués.

La Banque mondiale conseille au Rwanda de diversifier son tourisme afin de réduire sa dépendance actuelle aux randonnées avec les gorilles. La Banque mondiale pointe également plusieurs autres défis, notamment le risque de dégradation de l’environnement. En particulier, le déclin de la végétation naturelle et la détérioration des forêts qui menacent de réduire les populations d’animaux sauvages.

Les facteurs néfastes du changement climatique

Il faut prendre en compte les facteurs néfastes du changement climatique. Le réchauffement des températures, résultant du changement climatique, est susceptible de réduire la demande touristique dans les régions tropicales et de dégrader davantage les habitats naturels. Si le Rwanda veut atténuer ces défis et accroître l’impact économique du secteur, la Banque mondiale exhorte le pays à accroître les investissements du secteur privé pour promouvoir le tourisme axé sur la nature.

En collaborant avec l’artiste et homme d’affaires américain, le Rwanda suit le conseil de la Banque mondiale de rechercher des investissements du secteur privé pour stimuler la croissance de son tourisme. « Il est important de s’appuyer sur des sources de financement diversifiées pour les secteurs public et privé, y compris des instruments de dette et hors dette, et d’établir le cadre politique nécessaire pour encourager l’investissement dans le tourisme axé sur la nature », indique la Banque dans le rapport.

Selon le rapport, l’augmentation du montant des investissements dans le capital naturel soutiendra le secteur et améliorera la viabilité budgétaire et la croissance. « Mais, plus important encore, encourager l’investissement privé dans le capital naturel par le biais de partenariats public-privé permettrait d’augmenter le PIB du Rwanda davantage que de compter uniquement sur les ressources publiques pour y parvenir », prévient la Banque.

Créer des fonds pour soutenir la biodiversité

La Banque mondiale explique que le secteur privé peut être impliqué à travers l’externalisation des investissements et la fourniture de services de gestion dans les zones protégées appartenant à l’État, ou l’octroi de licences pour des activités commerciales adjacentes à ces zones. Les instruments de financement liés à la durabilité, les solutions sans dette liées aux marchés du carbone et les investissements en actions menés par le secteur privé sont quelques-unes des approches éprouvées pour accéder au financement privé pour le tourisme basé sur la nature.

Le Rwanda peut émettre des obligations basées sur des activités de conservation ou ce qu’il décrit comme des investissements verts, ainsi que créer des fonds pour soutenir la biodiversité et l’adaptation au changement climatique. Pour encourager davantage la participation du secteur privé, il est conseillé au Rwanda d’envisager de récompenser les réductions d’émissions des entreprises et de décourager également la déforestation et la dégradation des forêts.

La Tanzanie signe un accord avec Idris Elba

Dans une démarche similaire à celle du Rwanda, la Tanzanie a pris une longueur d’avance sur son voisin en sollicitant des influenceurs internationaux pour promouvoir son secteur touristique et attirer des investissements dans divers autres domaines. En 2023, la Tanzanie confie à la star hollywoodienne Idris Elba le soin de lancer un studio de cinéma à Zanzibar.

L’acteur britannique s’est entretenu avec la Présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en marge du Forum économique mondial en Suisse. A l’issue des discussions, le porte-parole de la Présidente a publié un communiqué de presse dans lequel il a déclaré que « s’il réussit, le projet aidera non seulement la Tanzanie mais aussi l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale ».

M. Elba est un lauréat des Golden Globes et la Tanzanie n’est pas le seul pays africain dans lequel il envisage de construire un studio de cinéma. Il a annoncé publiquement qu’il en construirait un autre au Ghana. La star de cinéma envisage également d’investir dans une ville intelligente dans le pays natal de son père, la Sierra Leone, et de restaurer une île au large des côtes de ce pays d’Afrique de l’Ouest.