En février 2025, Paris accueille le premier Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle. L’événement international, co-organisé par les gouvernements français et indien, se tient avec la participation clé de l’UNESCO. Géants technologiques, innovateurs et hauts dignitaires d’États marquent leur présence au forum. L’Afrique, quant à elle, occupe une place centrale dans les discussions.
Place de l’Afrique dans les objectifs du Sommet de l’IA
En parallèle au sommet international au Grand Palais, l’UNESCO organise un forum « Préparer l’IA pour le monde, préparer le monde à l’IA ». Cette concertation met l’accent sur une IA éthique et durable pour l’Afrique. Acteurs publics et privés, universitaires ainsi que la société civile collaborent pour adapter cette technologie aux besoins du continent. L’objectif commun est de façonner un avenir où l’IA soutient le développement sans compromettre les identités locales.
Le débat s’articule autour d’une IA au service des sociétés et des économies africaines. Le thème principal repose sur une approche éthique, alignée sur la Recommandation de l’UNESCO de 2021, qui prône le respect des droits humains. Cette rencontre souligne aussi l’urgence de réduire la fracture numérique.
Parmi les temps forts de l’événement :
- Présentation de « Préparer l’IA pour le monde, préparer le monde à l’IA ». Une vue d’ensemble des actions de l’UNESCO, de la Recommandation 2021 à son impact dans l’éducation, la gouvernance et la résilience climatique. Max Kendrick, coordinateur Stratégie AI au cabinet de la directrice générale de l’UNESCO, anime cette conférence.
- Priority Africa Fireside Chat, une discussion entre Firmin Edouard Matoko, sous-directeur général de l’UNESCO pour la Priorité Afrique, et Amani Abou-Zeid, commissaire à l’Union africaine. Le sujet porte sur le Plan d’action pour la stratégie continentale de l’UA en IA.
- Échange ministériel. Il s’agit des retours d’expérience et des perspectives sur le développement de l’IA, avec des ministres et experts de plusieurs pays. Tawfik Jelassi, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la communication et l’information, modère les échanges.
- Panel sur la coopération internationale dans un paysage en mutation, avec des représentants de Thomson Reuters, Foundation J. McGovern, LG AI Research et AI & Society Institute.
- Annonce du « Conseil africain de l’IA », porté par Smart Africa. Cet organe, prévu pour avril 2025 à Kigali, réunira une quarantaine d’États.
IA : un levier pour le développement en Afrique
L’IA offre des perspectives concrètes pour résoudre des défis majeurs. Dans l’éducation, cette technologie pallie les faiblesses des systèmes existants grâce à des outils personnalisés. Des diagnostics assistés améliorent l’accès aux soins dans les zones reculées. En agriculture, des modèles prédictifs optimisent les rendements face aux défis climatiques. L’intelligence artificielle joue aussi un rôle clé dans l’inclusion financière, alors que moins de 50 % de la population africaine accède aux services bancaires.
Amani Abou-Zeid insiste : « L’Afrique ne peut pas se tenir à l’écart. » Ce responsable à l’UA voit dans l’IA un moyen de préserver les cultures tout en répondant aux besoins pressants. Cette vision s’appuie sur la stratégie continentale de l’UA, débattue lors d’une session avec Firmin Edouard Matoko.
Fracture numérique marquée
Bien que représentant 17 % de la population mondiale, l’Afrique ne génère qu’à peine 1 % des technologies liées à l’IA. Selon l’indice 2023 d’Oxford Insights, la région subsaharienne reste la moins équipée pour exploiter cette innovation. Cette disparité découle principalement d’un manque d’infrastructures. L’Afrique dispose de moins de 2 % des data centers, la couverture Internet reste faible et coûteuse.
Les compétences en matière d’IA manquent et les talents s’exilent souvent. Les start-ups technologiques, bien que prometteuses, souffrent d’un sous-financement chronique. La fuite des cerveaux prive le continent de ses meilleurs experts. L’analyste ghanéen Bright Simon souligne que seuls 5 % des talents africains disposent des ressources nécessaires pour mener des projets complexes.
Avancées technologiques malgré le retard
Une population jeune et connectée fait de l’Afrique un écosystème fertile pour l’IA. Les services mobiles, omniprésents, préparent le terrain. Des réussites émergent également, à l’instar de InstaDeep. Cette start-up tunisienne, rachetée par BioNTech en 2023, développe des solutions contre les criquets pèlerins, un fléau agricole. Au Ghana, mPedigree lutte contre la contrefaçon de médicaments grâce à des modèles prédictifs.
Plusieurs initiatives renforcent le paysage technologique africain. L’UNESCO forme les talents locaux, notamment les jeunes et les femmes entrepreneures. Babacar Seck, d’Askya Investment Partners, plaide pour des partenariats stratégiques. Le premier sommet mondial de l’IA sur l’Afrique, prévu au Rwanda, s’annonce comme une étape clé pour concrétiser ces ambitions.