Sommet de l’IA : Des modèles à l’image du continent

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Sommet de l’IA : Des modèles à l’image du continent

Les 3 et 4 avril 2025, le Centre de convention de Kigali, au Rwanda, accueille un sommet mondial dédié à l’intelligence artificielle (IA) en Afrique. Plus de 1000 participants, des experts et décideurs étatiques s’y rassemblent pour esquisser l’avenir numérique de l’Afrique.

Rwanda : Carrefour de l’innovation africaine

Kigali s’impose comme un hub technologique avec ce rassemblement, le premier événement mondial de ce genre en Afrique. Coorganisé avec le Forum économique mondial et Smart Africa, cet événement rassemble 45 pays ainsi que des personnalités, dont le président Kagame. Les discussions portent sur l’innovation locale, loin des modèles dominants comme ChatGPT ou Llama 3. Selon les projections, l’IA pourrait contribuer à hauteur de  2 900 milliards USD à l’économie africaine d’ici 2030. À cet effet, le sommet mettra l’accent sur des applications pratiques de l’IA.

Le 3 avril 2025, le sommet marque le lancement officiel du Conseil africain sur l’IA. Une instance réunissant gouvernements, entreprises et chercheurs pour harmoniser les stratégies numériques. Sa priorité est de réduire la dépendance technologique étrangère. L’événement voit également naître des partenariats importants, notamment celui avec la Fondation Gates. Une organisation philanthropique investit 7,5 millions USD pour établir le Rwanda AI Scaling Hub, un centre destiné à accélérer le développement de l’IA.

IA au service des besoins africains

La course à l’IA oppose des géants comme OpenAI, Google ou Alibaba, mais l’Afrique veut se distinguer par un modèle à son image. « Là où la Chine et les États-Unis dominent, l’Afrique émerge comme un acteur unique », note Guillaume Grallet, spécialiste à France 24.

En misant sur ses ressources, comme sa diversité culturelle, il ambitionne de créer des modèles d’IA qui répondent à plusieurs défis. L’Afrique veut miser sur ses 2000 langues et sa diversité culturelle pour créer des solutions uniques, adaptées à ses réalités.

Cette diversité linguistique est un atout et non une barrière. Par ailleurs, le collectif Mazzacane s’engage à incorporer les langues africaines dans les technologies d’IA, valorisant les connaissances locales. Un système intelligent en swahili ou en amharique peut transformer l’accès aux services numériques. Toutefois, ces initiatives encore naissantes nécessitent des investissements massifs pour se positionner face aux grands acteurs mondiaux.

Gouvernance numérique en marche

Les IA exigent plus de données locales et des interfaces en langues africaines pour être accessibles à la population. La question de la souveraineté numérique sera un thème central des discussions. Seulement 2 % des données africaines sont stockées localement, exposant le continent à une dépendance.

Pour y remédier, le Conseil africain sur l’IA planifie des centres de données modernes et des programmes de formation. Faure Gnassingbé, Président du Togo, souligne : « L’Afrique ne doit pas dépendre des plateformes étrangères ». L’Union africaine, avec son plan quinquennal lancé en 2024, soutient également cette vision. Dans la même optique, un fonds africain pour l’IA veut mobiliser 60 milliards USD, mais les détails restent flous pour l’instant.

Indice de préparation et éthique d’usage

Il n’est pas certain que l’Afrique et ses déficits technologiques soient vraiment prêts pour cette avancée technologique. Bien que le marché de l’IA soit en pleine évolution, cet outil n’est pas exempt de zones d’ombre. Les enjeux liés à la sécurité des données sensibles et à l’éthique d’usage doivent être au cœur des priorités.

À ce sujet, l’indice de préparation à l’IA d’Oxford Insights révèle un retard important par rapport aux autres régions. L’Afrique subsaharienne atteint une moyenne de 32,70 sur 100. Le Rwanda, qui organise cet événement, obtient un score de 51,25 et se classe 78ᵉ au niveau mondial.

Malgré cela, des voix inspirantes et des initiatives se multiplient en Afrique. La fondatrice de l’algorithme Justice League Joy Bamouni plaide pour une IA éthique, exempte de biais humains. Un chercheur chez DeepMind Shakir Mohamed soutient l’événement Indaba, un rassemblement d’innovateurs africains.

Le cofondateur d’Instadeep, une startup rachetée par BioNTech, Karim Béchir incarne également le succès technologique africain. Des initiatives comme Data Science Africa gagnent en visibilité, connectant chercheurs et entrepreneurs à travers le continent.

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