La Guinée-Bissau a accordé une licence à Starlink, le service internet par satellite de SpaceX dirigé par Elon Musk, marquant une étape clé dans l’expansion africaine de l’opérateur américain. Cette décision, annoncée lors de la 22ᵉ Assemblée Générale des Régulateurs des télécoms de l’Afrique de l’Ouest (ARTAO/WATRA) tenue à Bissau début avril 2025, vise à combler les déficits de connectivité dans un pays où 67,5 % de la population n’a pas accès à internet.

Un contexte de monopole et de pannes techniques

Actuellement, deux opérateurs principaux – Orange (filiale française) et Telecel (repreneur de MTN) – assurent la couverture internet via des infrastructures en fibre optique et des faisceaux hertziens dépendants des réseaux sénégalais et guinéens. Ces services présentent des interruptions fréquentes et ne parviennent pas à couvrir plusieurs zones rurales, laissant des « zones blanches » persistantes.

Starlink : Une solution satellite face aux enjeux régionaux

Avec cette autorisation, Starlink rejoint le Cap-Vert, le Ghana, le Nigeria et le Lesotho parmi les pays africains ayant récemment validé son déploiement. L’opérateur promet une connexion haut débit via une constellation de satellites en orbite basse, contournant ainsi les limites des infrastructures terrestres. Toutefois, le coût élevé de ses services pourrait restreindre son adoption par les populations les plus vulnérables.

Un positionnement géostratégique sous-jacent

Cette décision intervient dans un contexte de compétition technologique accrue entre les États-Unis et la Chine en Afrique. Les observateurs notent que l’approbation rapide de Starlink par la Guinée-Bissau et le Lesotho, reflète des réalités diplomatiques et économiques complexes. L’arrivée de l’opérateur américain pourrait marginaliser les acteurs régionaux et les alternatives soutenues par Pékin.

L’adoption de Starlink en Guinée-Bissau pourrait influencer l’économie locale

Connectivité des zones rurales et productivité

Starlink pourrait réduire les « zones blanches » en offrant un accès internet satellite haut débit, notamment dans les régions mal desservies par les infrastructures terrestres dépendantes des réseaux sénégalais et guinéens. Une meilleure connectivité favoriserait le développement d’activités économiques numériques (e-commerce, télétravail) et améliorerait l’efficacité des services publics.

Concurrence sectorielle et tarifaire

L’arrivée de Starlink intensifie la concurrence avec les opérateurs historiques (Orange, Telecel), incitant à une baisse des prix ou à des améliorations de service. Cependant, le coût élevé des équipements Starlink pourrait limiter son adoption par les ménages à faible revenu, créant paradoxalement les inégalités numériques.

Innovation et dépendance technologique

À long terme, Starlink pourrait stimuler l’innovation numérique (startups, services cloud), mais exposerait aussi le pays à une dépendance accrue envers les infrastructures satellites étrangères, soulevant des questions de souveraineté technologique.

Prochaines étapes et défis

Après une licence provisoire obtenue en décembre 2024, Starlink finalise désormais les démarches administratives pour un déploiement à grande échelle. Les autorités bissau-guinéennes espèrent que cette technologie satellite réduira la fracture numérique, bien que son impact réel dépende de l’accessibilité tarifaire et de la qualité du service proposé.