Le Burkina Faso se lance dans l’ère du paiement numérique, transformant radicalement le Trésor public. Avec le soutien de la Banque mondiale, les fonctionnaires bénéficient désormais de cartes bancaires prépayées et de services modernisés, réduisant ainsi les risques liés aux espèces tout en améliorant l’efficacité et la transparence des transactions financières.
Le Trésor public burkinabé adopte le paiement numérique
L’entrée du Trésor public burkinabé dans l’ère du paiement numérique marque une avancée significative pour le pays. Sous l’impulsion du Projet d’appui à l’inclusion financière et à l’accès au financement des petites et moyennes entreprises (PAIF-PME), financé par la Banque mondiale, le Trésor a modernisé ses services en intégrant des systèmes de paiement digitalisés. Cette modernisation ne se limite pas à une simple mise à jour technologique; elle incarne un véritable tournant pour les finances publiques du Burkina Faso.
Le Trésor est désormais connecté au système de transfert automatisé de règlement (STAR-UEMOA) et au système interbancaire de compensation automatisée (SICA-UEMOA). Ces plateformes régionales de paiement, auparavant réservées aux banques, permettent aujourd’hui au Trésor de traiter les paiements en moins de 24 heures, contre trois jours auparavant. Cette réduction drastique des délais de traitement n’est que la première étape vers une adoption plus large du paiement numérique au sein des institutions publiques du pays.
Les avantages concrets du passage au numérique
Les avantages de cette transition vers le paiement numérique sont multiples et immédiats. Par exemple, Madame Idani, une fonctionnaire du Trésor, a récemment reçu son per diem via une carte prépayée Yennenga lors d’une mission officielle au Sénégal. Cette carte, utilisable dans les huit États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), offre une sécurité accrue et une commodité inégalée par rapport à l’ancien système où les agents devaient transporter des espèces. En cas de perte, la carte peut être immédiatement bloquée, ce qui réduit considérablement les risques de vol.
Cette carte prépayée, émise grâce à la connexion du Trésor au système interbancaire monétique régional (GIM-UEMOA), constitue un autre jalon vers l’abandon progressif des paiements en espèces. Pour l’instant, ces cartes sont principalement utilisées pour les per diems, mais l’objectif est d’élargir leur usage à d’autres types de paiements publics.
L’impact sur l’inclusion financière au Burkina Faso
Le passage au paiement numérique a des répercussions positives sur l’inclusion financière, un enjeu majeur pour le Burkina Faso. Le pays, qui avait enregistré une augmentation de 29 % du nombre d’adultes possédant un compte entre 2014 et 2017 grâce au Mobile Money, a vu ce chiffre reculer à 36 % en 2021 en raison de la crise sécuritaire. Cependant, la digitalisation des services financiers publics pourrait inverser cette tendance en facilitant l’accès aux services bancaires pour les populations les plus vulnérables.
Le projet soutient également l’acquisition de terminaux de paiement électroniques (TPE) solaires pour les postes éloignés du Trésor, garantissant ainsi l’accessibilité des services financiers même dans les zones reculées. La mise en place de la plateforme de paiement intégré du Trésor, qui permettra d’effectuer des transactions via Mobile Money, renforce cette stratégie d’inclusion financière.
Une modernisation nécessaire mais insuffisante
Si la modernisation du Trésor public burkinabé grâce au paiement numérique est indéniablement une avancée, elle ne représente qu’une première étape. Aujourd’hui, plus de 4 000 retraités reçoivent déjà leurs pensions via Mobile Money, et les frais de douane peuvent être réglés via la plateforme eDouanes, lancée en décembre 2023. Néanmoins, plusieurs autres flux de paiements gouvernementaux restent à digitaliser.
La digitalisation complète de ces processus pourrait non seulement réduire les coûts pour le gouvernement mais aussi permettre aux citoyens de réaliser des économies significatives en temps et en argent. En outre, une telle initiative renforcerait la transparence et l’efficacité des finances publiques, éléments importants pour le développement économique du pays.
L’intégration du paiement numérique au sein du Trésor public du Burkina Faso, appuyée par la Banque mondiale, symbolise une étape décisive dans la modernisation des services publics du pays. Les fonctionnaires bénéficient désormais de transactions plus rapides et sécurisées, tandis que la population voit ses opportunités d’inclusion financière s’élargir.