La transition numérique en Afrique est en cours, entraînant des changements majeurs dans tous les domaines, y compris les administrations publiques. Tandis que le continent s’approprie les avantages de la technologie pour améliorer les services publics, certains pays se démarquent par leurs initiatives novatrices en matière de gestion 4.0.
Administration 4.0 : qu’est-ce que c’est ?
Le concept d’administration 4.0, également connu sous le nom d’e-gouvernement ou e-gov, consiste à incorporer les technologies de l’information et de la communication dans les services publics afin d’améliorer à la fois leur efficacité et accessibilité. L’administration numérique est basée sur plusieurs piliers principaux.
L’automatisation des processus
L’automatisation des procédures administratives offre notamment la possibilité de diminuer les délais de traitement, de supprimer les tâches répétitives et réduire au minimum les erreurs humaines. Plusieurs technologies d’automatisation comprennent diverses options. Les logiciels de gestion de processus métier (BPM), les systèmes de gestion électronique des documents (GED) et les solutions de robotique et d’intelligence artificielle sont particulièrement appréciés.
La numérisation et la dématérialisation des documents
Les documents et les processus administratifs sont numérisés, ce qui représente la première étape vers une administration 4.0. Cela nécessite la numérisation des dossiers papier et l’utilisation de systèmes d’information pour gérer les procédures administratives. La numérisation permet de diminuer les dépenses associées à la gestion des documents, de faciliter l’accès aux informations et d’améliorer leur clarté.
L’intégration des services publics
L’objectif de l’intégration des services publics est de faciliter et de centraliser l’accès aux informations des services gouvernementaux pour les citoyens et les entreprises. Cela se manifeste fréquemment par la création de sites web ou d’applications mobiles qui rassemblent différents services publics. Cela simplifie les échanges entre les utilisateurs et l’équipe d’administration.
L’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle joue de plus en plus un rôle dans l’amélioration de l’efficacité et de la qualité des services publics. Dans l’Administration 4.0, l’IA peut être utilisée pour aider les utilisateurs, fournir des systèmes d’aide à la décision aux agents publics. Ou encore fournir des outils d’analyse prédictive pour l’allocation des ressources et la planification stratégique.
La gestion des données
Grâce à l’utilisation de données en grande quantité, les gouvernements peuvent examiner les tendances. Les responsables politiques ont la possibilité de prendre des décisions éclairées et de personnaliser les services publics en fonction des besoins particuliers des citoyens. Grâce aux outils d’analyse de données et aux plateformes d’échange d’informations, il est possible d’exploiter les données afin d’améliorer la prise de décision et la formulation des politiques publiques.
Pays africains en tête de la course à l’administration 4.0
Plusieurs pays d’Afrique entreprennent des démarches ambitieuses pour appliquer l’administration 4.0.
L’île Maurice
Cet État de l’océan Indien joue un rôle de premier plan dans la numérisation en Afrique. Le projet « Maurice Ile Durable » (MID) a été initié par le pays afin de favoriser un développement économique en utilisant les technologies numériques. Afin de favoriser cette finalité, Maurice a instauré un plan stratégique intitulé « Digital Mauritius 2030 ». L’objectif de ce plan est de consolider l’infrastructure numérique, de promouvoir l’innovation et d’améliorer l’apprentissage numérique.
L’une des principales initiatives de l’Administration 4.0 à Maurice est le portail en ligne des services gouvernementaux, connu sous le nom de « e-Services ». Celui-ci permet aux citoyens et aux entreprises d’accéder plus facilement aux services publics. Maurice est également classé en tête en Afrique dans l’indice de préparation gouvernementale à l’intelligence artificielle 2022 du cabinet Oxford Insight.
Le Rwanda
Le Rwanda, considéré comme l’un des pionniers de la digitalisation en Afrique, a notamment mis en place le programme « Smart Rwanda ». L’objectif de ce programme est d’incorporer les technologies numériques dans tous les domaines de la gestion.
Les projets majeurs incluent l’emploi de drones pour la distribution de médicaments. À l’instar de la création d’un seul portail pour les services gouvernementaux en ligne, cette plateforme a été lancée en 2015 sous le nom d’« Irembo », qui signifie dans la langue locale « porte » ou « passerelle ».
Le Kenya
Grâce à sa vision « Kenya Vision 2030 », le pays cherche à se transformer en un pôle d’innovation et de technologie. Des centres d’innovation comme Konza Techno City ont été mis en place par le gouvernement, qui apporte un soutien actif aux start-up technologiques.
Le Kenya a également instauré un dispositif de mobile pour les services publics, ce qui simplifie les opérations de paiement pour les habitants.
Le Maroc
Plusieurs initiatives successives ont été mises en place au Maroc afin de favoriser la digitalisation et l’innovation dans les services publics. Le pays a mis en place un site web gouvernemental, nommé « Service-public.ma », qui offre aux citoyens la possibilité d’accéder à différents services et renseignements.
La digitalisation de l’administration publique doit être accélérée, ce qui est l’une des priorités de la nouvelle stratégie « Maroc numérique » de 2025. Le Royaume est également l’un des élèves compétents en matière de préparation à une utilisation croissante de l’IA. En effet, il se classe cinquième en Afrique dans l’indice de préparation de l’IA du gouvernement en 2022.
La Côte d’Ivoire
La Côte d’Ivoire a pris conscience de l’importance de la numérisation pour son épanouissement socio-économique. Le pays met en place une stratégie nationale pour la société de l’information et l’économie numérique, connue sous le nom de « Plan National de Développement (PND) 2016-2020 ». Ce plan se concentre sur la mise à jour des infrastructures numériques, l’innovation et le développement des compétences en matière de numérique.
C’est dans cette optique que le pays a mis en place son portail de services publics, permettant ainsi aux citoyens d’accéder à de nombreux services administratifs. De plus, en Côte d’Ivoire, des centres de formation aux TIC ont été créés. Cela favorise l’amélioration de l’apprentissage numérique et favorise l’intégration des technologies numériques dans le domaine de l’administration.
Conclusion
Malgré de nombreux obstacles, l’administration 4.0 semble être en train de transformer les services publics en Afrique. Il est essentiel de combiner de manière efficace un leadership politique solide, des investissements dans les infrastructures numériques et une formation. De cette manière, le continent réussira à surmonter les défis liés à la transition numérique afin de fournir des services publics numériques accessibles à tous.