Le système de crédit-carbone remis en cause
De nombreuses organisations malgaches, dont le Collectif pour la défense des terres malgaches, considèrent que l’histoire et les résultats des études réalisées sur des projets de compensation carbone à Madagascar ne justifient pas le choix du pays de se tourner vers le marché carbone pour favoriser une croissance durable et inclusive.
Devant les conséquences prévues ou déjà constatées du changement climatique, de nombreux pays ont pris l’engagement de diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), en particulier de carbone. Cependant, afin de ne pas modifier leurs habitudes de consommation, conformément à l’objectif d’atténuation du changement climatique, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre adoptent l’idée de la compensation carbone, du Net Zéro et du marché carbone : Ces pays achètent du crédit-carbone à ceux qui éliminent ou réduisent le carbone ailleurs.
La société civile malgache est donc l’une des organisations qui qualifient la compensation carbone de greenwashing, une méthode utilisée par les entreprises pour se donner une fausse image de responsabilité écologique, pendant qu’elle permet la continuité d’activités polluantes. De plus, elle met en évidence un souci de confiance car le système de certification des crédits-carbone manque de fiabilité. En 2023, des enquêtes ont démontré que le calcul des crédits des projets liés à de nombreux projets forestiers est erroné. En effet, cette méthode de calcul encourage à concéder des crédits importants en optimisant à la fois le risque de déforestation.
Les premiers projets de compensation carbone ont débuté dans la Grande Île au milieu des années 2000, avec la collaboration de l’État malgache et de bailleurs de fonds ou d’organisations internationales de conservation. Par la suite, des initiatives pilotes ont été mises en place dans la forêt de Makira et dans le cadre du projet global de préservation de la forêt.