De nouvelles mesures pour renforcer le marché du travail à l’île Maurice
En ce début de mois, le gouvernement du clan Jugnauth a présenté le Budget 2023/2024 avec une série de mesures populaires. Selon Ken Poonoosamy, CEO de l’Economic Development Board (EDB), ces mesures pourraient ajouter jusqu’à 2,5 % au PIB.
D’après une étude conjointe de l’EDB et de Maurice Stratégie en 2022, la pénurie de main-d’œuvre est aiguë dans tous les secteurs de l’île, variant de 11,6 % dans le tourisme à 1,7 % dans la santé, ce qui pourrait coûter jusqu’à 5,3 % du PIB. Le Budget 2023-24 propose des mesures pour résoudre ce problème.
Entre-autres, la proposition de réformes pour faciliter les démarches de recrutement d’étrangers en rationalisant les demandes de Work Permit et d’Occupation Permit constitue un des piliers du Budget. Il y a six grands points à retenir. Le premier concerne l’introduction du principe « Silent is consent » selon lequel une demande de permis de travail est considérée approuvée si aucune réponse n’est obtenue du ministère du Travail dans les quatre semaines suivant la demande. Le deuxième classe les entreprises recrutant de la main-d’œuvre étrangère sous trois niveaux (A pour les mieux établies avec de bonnes notes, B pour les moins expérimentées mais conformes, C pour le reste) en fonction de leur établissement et de leur conformité. Le troisième veut abolir le ratio de travailleurs étrangers par rapport aux travailleurs mauriciens dans certains secteurs tels que l’agriculture, la construction ou encore le secteur manufacturier. Le quatrième point consiste à l’élaboration d’un nouveau cadre pour l’emploi des travailleurs domestiques immigrants, y compris les employés de maison et les baby-sitters. Enfin, le cinquième propose une exemption concernant l’investissement initial au moment de la délivrance des permis, même si une preuve de transfert de fonds devra être présentée dans les quatre semaines suivant la délivrance du permis. Et le dernier point concerne la révision des critères pour l’Occupation Permit dont le seuil du salaire de base mensuel sera réduit à 30 000 MUR pour les professionnels, indépendamment du secteur. De plus, les demandeurs d’Occupation Permit recevront un Business Visa de 120 jours sans qu’ils aient besoin de quitter Maurice pour soumettre une demande.
Par ailleurs, les mesures établies dans le Budget comprennent également une baisse du prix de l’essence de 74,10 à 69 MUR, une augmentation du revenu minimum garanti de 15 000 MUR (au lieu de 11 5800) pour 85 000 Mauriciens au bas de l’échelle salariale, et une réduction d’impôts pour 150 000 contribuables. De surcroît, les personnes ayant atteint la majorité depuis le 1er janvier recevront une subvention de 20 000 MUR.
« Il est estimé que cette politique pourrait ajouter jusqu’à 2,5% au PIB au cours de l’exercice à venir », souligne Ken Poonoosamy. Il faudra du temps pour que la politique soit pleinement mise en œuvre mais les acteurs sont confiants que des avantages en seront récoltés.
Ianja Ny