Les terres rares, un groupe de 17 éléments chimiques, sont devenues des métaux stratégiques essentiels dans le monde moderne. Utilisés dans une multitude d’applications allant des technologies de pointe aux énergies renouvelables, ces éléments sont au cœur des enjeux économiques et environnementaux en Afrique et dans le reste du monde.
Qu’est-ce que les terres rares ?
Les terres rares comprennent 15 éléments de la série des lanthanides, ainsi que le scandium et l’yttrium. Bien qu’ils soient appelés rares, ces éléments ne sont pas nécessairement rares dans la croûte terrestre, mais leur extraction et leur purification sont complexes et coûteuses. Les terres rares sont cruciales pour la fabrication de nombreux produits technologiques, notamment :
- Des aimants permanents : Utilisés dans les moteurs électriques, les éoliennes et les disques durs.
- Des catalyseurs : Essentiels dans le raffinage du pétrole et la production de véhicules plus propres.
- Des écrans et dispositifs électroniques : Utilisés dans les smartphones, les téléviseurs et les ordinateurs.
L’importance croissante des terres rares
Marché en pleine expansion
Le marché des terres rares est en pleine expansion. Selon un rapport de Grand View Research, le marché mondial des terres rares devrait atteindre 20,44 milliards USD d’ici 2027, avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 9,0 % entre 2020 et 2027. Cette croissance est alimentée par la demande croissante dans des secteurs tels que l’électronique, l’automobile et les énergies renouvelables.
Transition énergétique
Les terres rares jouent un rôle clé dans la transition énergétique mondiale. Les aimants en néodyme-fer-bore, qui contiennent des terres rares, sont essentiels pour les éoliennes et les véhicules électriques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande de terres rares pour les technologies de l’énergie renouvelable pourrait augmenter de 70 % d’ici 2040. Cela souligne l’importance de ces métaux dans la lutte contre le changement climatique.
Les enjeux des terres rares
Concentration de la production
La production de terres rares est fortement concentrée. En 2022, la Chine a produit environ 60 % des terres rares mondiales, suivie par les États-Unis (15 %) et l’Australie (10 %). Les pays dépendants des importations de terres rares peuvent se retrouver vulnérables à des perturbations d’approvisionnement. Par exemple, en 2010, la Chine a restreint les exportations de terres rares vers le Japon en raison d’un différend territorial, ce qui a provoqué une crise d’approvisionnement.
Stratégies de diversification
Face à cette dépendance, de nombreux pays cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Les États-Unis, par exemple, ont lancé des initiatives pour relancer leur production de terres rares, notamment par le biais de projets miniers en Californie et au Texas. En 2023, le gouvernement américain a investi 30 millions USD dans des projets de recherche et développement pour réduire la dépendance aux importations de terres rares.
Les défis de l’extraction des terres rares
Impact environnemental
L’extraction des terres rares pose des défis environnementaux majeurs. Les processus d’extraction et de purification génèrent des déchets toxiques et peuvent entraîner la pollution des sols et des eaux. Il est donc crucial de développer des méthodes d’extraction plus durables.
Coûts de production
Les coûts d’extraction des terres rares varient considérablement selon les méthodes utilisées. L’extraction par le biais de mines à ciel ouvert est généralement moins coûteuse, mais elle a un impact environnemental plus important. En revanche, les méthodes d’extraction plus durables, comme le recyclage des terres rares à partir de produits électroniques usagés, sont encore en développement et peuvent être coûteuses à mettre en œuvre.
Terres rares en Afrique : Projets en cours et perspectives
- Nouveaux projets : Huit nouvelles mines devraient entrer en service en Tanzanie, Angola, Malawi, Ouganda, et Afrique du Sud. Ces projets incluent le projet Ngualla en Tanzanie, capable de produire 16 200 tonnes de concentré par an, et la mine Makuutu en Ouganda, qui contient 126 000 tonnes d’oxydes de terres rares.
- Prévisions de production : Selon Benchmark Mineral Intelligence, l’Afrique devrait contribuer à 9 % de l’offre mondiale de terres rares d’ici 2029.
- Investissements : Des investissements significatifs sont en cours, comme le prêt de 176 millions USD pour le projet Ngualla.
Recyclage et économie circulaire
Le recyclage des terres rares est une solution prometteuse pour réduire la dépendance à l’extraction minière. Selon une étude de l’Institut Fraunhofer, le recyclage des terres rares à partir de déchets électroniques pourrait fournir jusqu’à 30 % de la demande mondiale d’ici 2030. Cela permettrait non seulement de réduire l’impact environnemental, mais aussi de diminuer les coûts d’approvisionnement.
Collaboration internationale
La coopération internationale sera essentielle pour relever les défis liés aux terres rares. Des initiatives telles que le Partenariat pour les terres rares, qui regroupe des pays producteurs et consommateurs, pourraient faciliter le partage des meilleures pratiques et des technologies. Cela pourrait également aider à établir des normes environnementales pour l’extraction et le traitement des terres rares.
Les principaux pays africains actifs dans l’exploitation des terres rares
Les principaux pays africains impliqués dans l’extraction ou l’exploration des terres rares incluent :
- Burundi : Actuellement, le Burundi est le seul pays africain avec une production active de terres rares, grâce à la mine Gakara exploitée par Rainbow Rare Earth (RRE).
- Tanzanie : Le projet Ngualla est en cours de développement et pourrait devenir un important fournisseur de terres rares.
- Afrique du Sud : Des mines comme Steenkampskraal et d’autres projets sont en phase de développement pour commencer la production commerciale.
- Malawi : Le projet Songwe Hill et Kangankunde sont des sites d’exploration et de développement potentiels pour l’extraction de terres rares.
- Madagascar : Des projets d’exploration sont en cours, notamment dans la mine d’Ampasindava.
- Namibie : Le projet Lofdal Heavy Rare Earths est en développement avec le soutien japonais.
- Ouganda : Le projet Makuutu est un autre site prometteur pour l’extraction de terres rares.
- Angola : Le projet Longonjo est en cours de développement.
- Mozambique : Le projet Xiluvo REE est un autre site d’exploration.
Ces pays sont au centre d’une compétition pour l’accès aux ressources en terres rares, impliquant des acteurs internationaux comme la Chine, l’Australie, et le Japon.