L’abondance de minéraux et d’hydrocarbures peut être une bénédiction ou un fardeau pour les économies en développement. En effet, nombre d’entre elles dépendent excessivement des exportations de matières premières pour leur survie économique. La dépendance excessive à l’exportation de ces ressources pour générer des revenus rend souvent les pays vulnérables à l’instabilité économique lorsque la production diminue ou que les prix mondiaux chutent.
Diamants, or et cuivre : des exportations essentielles pour de nombreux pays
Près de 90 % des exportations du Botswana sont concentrées dans le secteur minier, ce qui en fait le pays le plus dépendant des ressources minérales au monde. Dans ce secteur, les diamants représentent à eux seuls 80 % de toutes les exportations. Le Botswana est ainsi devenu le premier producteur mondial de diamants bruts. Le FMI estime que 25 % du PIB du pays, estimé à 20 milliards USD, provient de l’exploitation des diamants.
Au Mali (3ᵉ rang), au Burkina Faso (4ᵉ rang), l’or est responsable de la plus grande partie de la dépendance à l’égard des exportations minières. Cependant, la Guinée (2ᵉ rang) exporte également une importante quantité de minerai d’aluminium en plus de l’or.
En Zambie (5ᵉ rang) et en RDC (6ᵉ rang), où plus de 70 % des exportations proviennent de l’exploitation minière, le cuivre joue un rôle crucial. Cependant, la Zambie exporte également une importante quantité d’or, et la RDC est un exportateur majeur de cobalt.
Parmi les dix premiers pays dans le monde dont les exportations sont principalement basées sur l’exploitation minière, sept sont africains. Ce type de dépendance aux matières premières est plus fréquent dans les économies en développement (les pays riches en pétrole constituent une exception à la règle). Et comme la demande de matières premières a tendance à évoluer selon des cycles d’expansion et de récession, les pays les moins riches sont particulièrement vulnérables aux chocs de prix.
Des économies vulnérables aux chocs extérieurs
Sur les 54 pays africains, 42 sont classés comme dépendants des ressources naturelles. Parmi eux, 18 dépendent des minéraux non pétroliers, 10 des exportations d’énergie ou de carburants et le reste des exportations agricoles. Les ressources minérales contribuent de manière significative aux recettes fiscales de ces économies.
Cette forte dépendance à l’égard des rentes minières a rendu ces économies vulnérables aux chocs extérieurs, entraînant souvent des perturbations économiques et un retard de développement. Le rapport de la BAD souligne également que même si l’Afrique est dotée de ressources naturelles abondantes, cette richesse ne s’est pas systématiquement traduite par une croissance économique durable.
Mettre à profit la richesse minérale de l’Afrique
La richesse minérale de l’Afrique est indéniable. Des mines de cobalt de la République démocratique du Congo aux champs de manganèse d’Afrique du Sud, le continent regorge de minéraux essentiels à la transition mondiale vers une énergie à faible émission de carbone et au progrès technologique.
Le continent est le centre d’attraction en raison de ses énormes gisements de réserves mondiales de minéraux essentiels aux technologies d’énergie renouvelable comme les panneaux solaires et les véhicules électriques : 55 % de cobalt, 47,65 % de manganèse et 5,9 % de cuivre, entre autres.
Alors que la crise climatique s’intensifie, la demande mondiale pour ces minéraux essentiels à la transition énergétique pourrait presque quadrupler d’ici 2030. Cette demande croissante offre à l’Afrique une occasion unique de mieux les exploiter pour générer davantage de revenus et tracer une nouvelle voie vers la prospérité, la croissance inclusive et le développement durable.
L’Afrique a aujourd’hui une occasion historique de déclencher une vague de transformation structurelle dans certains des pays qui en ont le plus besoin. Mais exploiter ce potentiel ne se résume pas à une simple fortune géologique. Historiquement, le continent n’a pas pleinement saisi les opportunités offertes par ses richesses naturelles.
Les estimations montrent que les pays africains ne génèrent qu’environ 40 % des revenus qu’ils pourraient potentiellement percevoir à partir de ces ressources, car ils sont entravés par une valeur ajoutée limitée, des problèmes de gouvernance et d’infrastructures, entre autres contraintes.
Les réformes de gouvernance sont essentielles
Les réformes visant à améliorer l’administration fiscale, à assurer une bonne gouvernance des secteurs extractifs et à favoriser des pratiques minières responsables devraient être des priorités essentielles. Cela permettra de garantir que l’extraction minière contribue aux objectifs de développement durable à long terme plutôt que de les entraver.
Promouvoir la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources minérales, éradiquer la corruption et lutter contre les flux financiers illicites sont également des mesures essentielles. Sans cela, il ne sera pas possible de garantir que les bénéfices de l’extraction minière soient partagés équitablement entre tous les citoyens.
Le continent devrait également utiliser ses vastes ressources en minéraux essentiels pour tracer sa propre trajectoire de transition vers l’énergie verte, fondée sur ses objectifs d’industrialisation. Tout en s’affirmant comme un acteur central de l’action climatique mondiale. Une transition vers l’énergie verte est impérative pour l’Afrique, une région qui compte 80 % des 733 millions de personnes dans le monde n’ayant pas accès à l’électricité.