Une étude menée par la Commission économique pour l’Afrique montre que la demande en minéraux essentiels stimulera la quête de décarbonisation des économies et l’atteinte de zéro émission nette d’ici 2050. L’Afrique pourrait devenir la destination idéale pour l’industrialisation en ajoutant de la valeur aux minéraux essentiels du continent. L’engagement de l’Afrique en faveur d’une intégration économique axée sur le commerce devrait être mis à profit. Cela permettra de soutenir le développement de chaînes de valeur régionales et continentales basées sur les minéraux et la diversification économique.

Appliquer des politiques commerciales efficaces sur les minéraux essentiels

L’Afrique, riche en minéraux essentiels, accélère sur le commerce intracontinental. Par ailleurs, le continent exploite ses ressources naturelles pour le développement durable en déployant des politiques commerciales efficaces. L’objectif est de bénéficier de la ruée mondiale vers la transition vers l’énergie verte.

L’Afrique abrite environ 30 % des réserves minérales mondiales, notamment de cobalt, de lithium et de nickel, considérées comme essentielles à la transition verte. Les pays africains doivent exploiter ces ressources pour stimuler leur développement, notamment le commerce et l’industrialisation, affirment les experts.

Une réunion d’experts sur les minéraux essentiels de l’Afrique dans le contexte de la politique commerciale, vient d’être organisée par le Centre africain pour la politique commerciale (ATPC) les 16 et 17 décembre 2024 à Addis-Abeba. L’Afrique dispose déjà des stratégies et des politiques appropriées pour exploiter ses ressources minérales. Cependant, ce qui manque, c’est une action délibérée pour exploiter ce potentiel, car le continent risque de perdre tous les avantages de ces minéraux essentiels au profit des investisseurs mondiaux.

S’exprimant à l’ouverture de l’EGM, le Secrétaire exécutif adjoint de la CEA, Antonio Pedro, a souligné qu’il était temps pour l’Afrique de tirer parti de son intégration politique et économique pour son développement. Le continent dispose déjà de politiques visant à promouvoir le développement de ses ressources minérales.

« Il n’y a aucune raison pour que nous assistons à une répétition de la ruée vers l’Afrique, en particulier à un moment où une plus grande intégration politique et économique a également eu lieu aux niveaux régional et continental », a déclaré M. Pedro. Il souligne aussi que des politiques de soutien à l’échelle du continent telles que la Vision minière africaine (VMA), la Stratégie africaine des matières premières et maintenant la Stratégie africaine des minéraux verts ont été adoptées dans toute l’Afrique.

Minéraux critiques : générateur de revenus

Les recherches menées par l’ECA montrent que la demande en minéraux essentiels stimulera la quête de décarbonisation des économies et l’atteinte de zéro émission nette d’ici 2050. La transition des combustibles fossiles vers l’énergie propre créera une demande de trois milliards de tonnes de minéraux et de métaux pour déployer l’énergie solaire, éolienne et géothermique d’ici 2050. Par exemple, la République démocratique du Congo fournit à elle seule environ 70 % du marché mondial du cobalt, un minéral essentiel à la production de batteries de véhicules électriques.

Les minéraux critiques recherchés pour une transition énergétique juste, pourraient alimenter le développement et l’avenir durable de l’Afrique, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). L’organisation identifie les minéraux critiques comme un générateur de revenus clé permettant aux gouvernements de financer le développement et de sortir des millions d’Africains de la pauvreté.

Les minéraux essentiels pour stimuler la mobilité électrique en Afrique

L’Afrique pourrait devenir la destination de choix pour l’industrialisation en ajoutant de la valeur aux minéraux essentiels. La valeur ajoutée des minéraux essentiels pourrait stimuler la mobilité électrique en Afrique, tout en créant des emplois décents et en faisant de l’Afrique un pôle compétitif pour l’industrialisation verte.

L’Afrique abrite d’importantes réserves de minéraux essentiels à la transition énergétique. Notamment 55 % de cobalt, 47,65 % de manganèse, 21,6 % de graphite naturel, 5,9 % de cuivre, 5,6 % de nickel, 1 % de lithium et 0,6 % de minerai de fer à l’échelle mondiale, selon la CNUCED.

Les recherches montrent que l’Afrique n’a pas encore pleinement exploité le potentiel de ses ressources minérales. En effet, les pays africains ne génèrent qu’environ 40 % des revenus qu’ils pourraient potentiellement tirer de ces ressources.

La demande mondiale croissante en minéraux critiques constitue une opportunité pour l’Afrique de :

• Maximiser ses revenus provenant de l’exploitation minière
• Créer du développement de chaînes de valeur régionales

Cela peut être fait en tirant parti du programme commercial et d’intégration de l’Afrique. Notamment, de ses communautés économiques régionales (CER) et de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). La ZLECA représente un marché de 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné de plus de 3,4 milliards USD, tandis que le commerce intra-africain ne représente que 15 % du commerce total du continent.

Demande de minéraux critiques

L’EGM a examiné la demande actuelle en minéraux critiques dans le contexte historique et intellectuel plus large de la dépendance aux matières premières. L’organisation examine les expériences récentes de l’Afrique dans le domaine des matières premières et explore le rôle de la politique commerciale et d’intégration de l’Afrique. La vision est de préserver les intérêts de l’Afrique en interne et renforcer son pouvoir de négociation dans ses relations avec des partenaires extérieurs.

L’EGM, qui comprenait des panels dirigés par d’éminents experts et chercheurs de la Commission de l’Union africaine, des agences des Nations Unies, des banques régionales de développement, des groupes de réflexion et du secteur privé, a formulé un certain nombre de recommandations d’action.

Il a recommandé que l’engagement de l’Afrique en faveur d’une intégration économique axée sur le commerce soit mis à profit pour soutenir le développement de chaînes de valeur régionales et continentales basées sur les minéraux et la diversification économique.

En outre, les participants à la réunion ont appelé à des recherches plus poussées pour éclairer les recommandations politiques concrètes. Il a été convenu de mener une étude de référence pour comprendre comment les minéraux africains sont utilisés et commercialisés aujourd’hui et quelles leçons l’Afrique peut tirer de ses propres expériences face aux booms et aux krachs des matières premières dans le passé.