Le potentiel des jeunes pousses africaines est souvent mis en avant, notamment lors de l’Africa Tech Summit de Nairobi. Cependant, les fonds mobilisés en Afrique enregistrent une récession de 36 % en 2023 par rapport à l’année précédente.
Dynamique du marché des investissements en 2023
Les startups africaines lèvent près de 3,2 milliards USD en 2023, contre 5 milliards en 2022. Cette année-là marque le plus bas niveau de financement depuis 2020, s’élevant à 2,1 milliards USD. Une diminution qui touche également les principaux hubs de l’écosystème startup africain, à savoir l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria et le Kenya. Ces quatre pays concentrent près de 75 % du total des levées de fonds réalisées sur le continent en 2023. Spécifiquement, les entreprises de FinTech continuent de dominer les mobilisations de fonds.
Tendance à la récession durant l’année écoulée
Les levées de fonds connaissent une tendance à la baisse d’un trimestre à l’autre, passant de 1,2 milliard USD au premier trimestre à 877,8 millions USD au suivant. Au troisième trimestre, les fonds mobilisés s’établissent à 492,7 millions USD. Néanmoins, une légère augmentation est enregistrée au quatrième trimestre, avec des financements s’élevant à 551,2 millions USD. Les investissements destinés aux startups en Afrique montrent une disparité régionale :
- L’Afrique du Nord capte la plus grande part des financements, représentant 33,67 % du total
- L’Afrique de l’Est mobilise 26,22 % des fonds
- l’Afrique australe avec 19,94 %
- l’Afrique de l’Ouest avec 17,89 %
- l’Afrique centrale avec seulement 1,92 %
Principales causes de la réduction des investissements
La réduction des fonds levés en 2023 découle principalement des incertitudes macroéconomiques. Plusieurs pays africains subissent l’inflation et la dévaluation monétaire par rapport au dollar. C’est notamment le cas du Nigeria avec la dépréciation du naira et du Ghana avec le cedi. En outre, s’ajoutent les préoccupations relatives à la dette, aux contreparties et aux taux d’intérêt élevés.
Redressement dès la valorisation des startups
Le fort intérêt pour le capital-risque et les investissements dans les jeunes pousses, souvent dans des secteurs innovants comme la technologie, impactent les transactions réalisées en Afrique. Selon Andreata Muforo, associée chez TLcom à Nairobi, de nombreux investisseurs mondiaux ont afflué en Afrique en 2021 et 2022.
En raison de cet engouement, les estimations de la valeur financière des entreprises africaines ouvertes à l’investissement étaient très élevées. Actuellement, un ajustement à la baisse des valorisations élevées est observé. Les estimations de la valeur des entreprises deviennent plus réalistes et modestes. Malgré ce redressement, la situation reste globalement positive, les financements continuent de croître significativement sur une période de dix ans. Ces efforts contribuent à libérer le potentiel des PME pour un développement durable en Afrique.
Croissance stable malgré une baisse
En dehors de l’impact d’une acquisition majeure, la baisse des investissements dans la technologie africaine en 2023 est relativement modérée. Cela montre que le secteur technologique africain maintient une croissance stable, même en dépit d’un ralentissement plus large des financements à l’échelle mondiale.
Par ailleurs, en début de 2024, de nouveaux investisseurs et acteurs établis ont renforcé leur engagement envers l’écosystème technologique africain. La Banque européenne d’investissement (BEI) injecte 30 millions USD dans Seedstars, en mettant l’accent sur l’Afrique francophone. Un autre exemple est la Banque africaine de développement (BAD), qui octroie un financement supplémentaire de 10,5 millions USD.
Mobilisation du capital-risque : Perspectives pour 2024
Les flux de transaction ne s’améliorent pas depuis la chute des fonds levés en 2023. Les startups africaines mobilisent seulement 77 millions USD en janvier 2024, soit une baisse de 27 % par rapport à la même période de l’année précédente. Les levées de fonds correspondent à 38 transactions, avec 74 % de financements en capitaux propres et 26 % de financements en dette.
La répartition des fonds mobilisés par pays révèle que les Big Four accaparent 90 % de la valeur totale des financements. Ces quatre principaux hubs de l’écosystème technologique africain concentrent également 75 % des transactions enregistrées. L’Égypte et le Kenya, avec chacun 24 millions USD, dominent le classement. Suivent l’Afrique du Sud avec un total de 7 millions USD et le Nigeria, qui mobilise 5 millions USD.
Secteurs attirant le plus d’investissements en janvier
Les secteurs mobilisant le plus de financement sont respectivement :
- Agrifoodtech : l’agriculture et l’alimentation se hissent en haut du pavé en attirant 24 millions USD
- Climate tech : les startups opérant dans l’ensemble des technologies et des solutions innovantes pour lutter contre les changements climatiques totalisent 16 millions USD, représentant 21 % du total collecté
- Soins de la santé enregistre 14 millions USD
- FinTech lève près de 13 millions USD
D’autres secteurs, auparavant très prisés, enregistrent une baisse de financement par rapport aux années précédentes. Cela est dû à une préférence pour des investissements moins risqués en temps de crise. De manière générale, les bailleurs de fonds concentrent plus leur ressource dans des startups qui démontrent du succès durant les périodes d’incertitude économique.