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Investissement d’impact en Afrique : Une croissance modérée

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Investissement d’impact en Afrique : Une croissance modérée

Face aux crises écologiques, sociales et économiques, le modèle financier traditionnel évolue. L’investissement d’impact, combinant objectifs financiers et bénéfices sociétaux, suscite un intérêt croissant en Afrique. Pourtant, sa progression reste modeste, face aux défis à relever pour en maximiser le potentiel.

Émergence de l’investissement d’impact en Afrique

Né aux États-Unis et en Europe, l’investissement d’impact s’impose peu à peu dans les pays émergents, notamment en Afrique. Ce modèle se distingue par l’intentionnalité et l’additionnalité. Ces principes garantissent un équilibre entre rentabilité et contribution sociétale, tout en ciblant des secteurs sous-financés. Contrairement aux approches traditionnelles, les investisseurs d’impact acceptent des rendements financiers limités si leurs actions créent des effets positifs pour la communauté.

En Afrique, ces financements concernent principalement les petites et moyennes entreprises (PME). Ces dernières jouent un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté, l’autonomisation des femmes et la préservation de l’environnement. Toutefois, l’accès au capital reste un obstacle majeur pour ces entreprises. Leur potentiel de transformation reste largement inexploité, en raison d’un manque de ressources et de structures adaptées pour les accompagner dans leur croissance.

Croissance régulière mais modérée

Selon le Global Impact Investing Network, l’investissement d’impact en Afrique croît de 15 % par an durant ces cinq dernières années. Une progression encourageante, mais inférieure aux 30 % enregistrés en Europe et aux États-Unis. Cette différence illustre des obstacles structurels persistants. En effet, les fonds publics et privés sont de plus en plus actifs dans le continent Sud. Pourtant, ce type de financement se concentre souvent sur quelques  grandes économies comme le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigéria.

Limités par leur taille et leurs moyens, les investisseurs d’impact locaux peinent à capter les financements nécessaires. En parallèle, les grands fonds internationaux dominent le secteur, gérant plus de 80 % des actifs.  Cette situation reflète un problème d’échelle, où les petits acteurs sont éclipsés par les mégafonds. Ces derniers sont ceux qui disposent de plus de 1 milliard USD d’actifs et ne sont que 18 fonds sur 225. De plus, le manque de données fiables sur le secteur rend difficile l’évaluation des opportunités et des impacts, entravant davantage le développement des investissements ciblés.

Défis structurels de l’investissement d’impact

Procédures complexes et accès aux financements

Les investisseurs d’impact africains font face aux procédures administratives lourdes. Malgré des initiatives comme le programme « Private Sector Window » de la Banque mondiale, l’accès aux fonds reste difficile pour les acteurs locaux. Cette complexité freine les nouvelles initiatives.

De plus, les grands investisseurs privés ont tendance à ignorer les petits fonds locaux, souvent jugés non rentables. Cette dynamique creuse l’écart entre les fonds disponibles et ceux qui peuvent en bénéficier. Une meilleure coordination entre les acteurs serait essentielle pour surmonter ce déséquilibre. L’absence de partenariats solides entre les institutions internationales et les structures locales limite également les synergies possibles.

Risque de change et rentabilité réduite

Un des freins majeurs à l’investissement en Afrique réside dans le risque de change. Les fonds sont souvent libellés en monnaies fortes, alors que les investissements s’effectuent en devises locales. Chaque dépréciation des monnaies africaines réduit la rentabilité des capitaux investis. Cette instabilité monétaire, présente dans des économies comme le Ghana ou le Nigéria, complique la planification des investisseurs.

En outre, revendre les participations reste complexe, faute d’une demande suffisante. Cela contraint souvent les investisseurs à prolonger leurs cycles ou à revendre à des dirigeants locaux disposant de ressources limitées. Cette situation limite leur capacité à réinvestir rapidement dans d’autres projets prometteurs, ralentissant ainsi la dynamique globale du secteur.

Besoin urgent de compétences humaines

L’évaluation de l’impact sociétal exige des compétences précises. En Afrique, les fonds souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, notamment dans des domaines spécialisés comme la mesure d’impact ou la due diligence.

Ces postes sont cruciaux pour assurer la pertinence des placements, mais sont souvent occupés par des talents attirés ailleurs, notamment par des organisations internationales.

Cette fuite des talents limite la professionnalisation des fonds locaux. Renforcer les capacités humaines à travers des programmes de formation et des incitations pourrait transformer le paysage de l’investissement d’impact sur le continent. En parallèle, des efforts pour encourager la collaboration entre universités locales et investisseurs pourraient favoriser l’émergence de nouvelles générations de professionnels compétents et engagés.

Catalyser la croissance pour un futur ambitieux

Malgré les obstacles, les opportunités d’investissement d’impact en Afrique restent concrètes. Avec une population jeune, une amélioration du pouvoir d’achat et une transition climatique dynamique, le potentiel de croissance est réel. Des initiatives comme le programme « Choose Africa » ou l’Africa Growth Fund de la Fondation Mastercard apportent des solutions concrètes pour catalyser cette croissance.

Pour aller plus loin, une meilleure coordination entre acteurs publics et privés est essentielle. La simplification des procédures et le soutien aux fonds locaux doivent être prioritaires. En renforçant les réseaux de collaboration et en développant des outils technologiques, il est possible d’améliorer l’efficacité et l’impact des initiatives. À travers des efforts accrus de formation et de rétention des talents, l’Afrique peut devenir un leader mondial en investissement d’impact.

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