La dette de l’Afrique du Sud connaît une hausse fulgurante, passant de 500 milliards ZAR en 2006 à 4 700 milliards ZAR en 2022, soit de 27,5 milliards USD à 299 milliards EUR. Cette tendance alarmante pourrait voir la dette de l’État grimper de 20 % d’ici mars 2026.
L’Afrique du Sud parmi les pays les plus endettés
Depuis 2006, la dette de l’Afrique du Sud a doublé en l’espace de cinq ans pour atteindre. Puis quadruplé entrée 2011 et 2022. Selon les prévisions, cette dette devrait atteindre 6 000 milliards ZAR d’ici 2026.
Ratio préoccupant entre dette publique et PIB
Le groupe financier Nedbank rapporte que les frais de service de la dette représentent environ 18 % des recettes au début de l’exercice financier de 2023. Selon le Trésor national sud-africain, à ce rythme, ces charges financières devraient culminer à 25 % des recettes d’ici 2025-2026. Il est important de noter que les économistes signalent également une détérioration croissante de la dette en Afrique du Sud. En août 2023, Dawie Roodt de Efficient Group a souligné que, selon cette projection, chaque citoyen sud-africain devrait assumer une dette accumulée par l’État de 3 750 USD.
En 2023, le déficit fiscal du pays fluctue entre 6 % et 6,5 %, dépassant considérablement les prévisions du ministre fixées à 4 %. Parallèlement, malgré l’objectif du Trésor de maintenir le niveau de la dette nationale à 70 % du PIB pour cette année, les charges financières ont déjà grimpé au-delà de 72 %.
Taux de dette extérieur sud-africaine
En 2022, la dette extérieure de l’Afrique du Sud atteint un record de 53,43 milliards USD. Cela place le pays parmi les plus endettés en volume, aux côtés de l’Égypte dont la dette extérieure s’élève à 97,5 milliards USD la même année. Selon les dernières données du FMI, l’objectif de l’État sud-africain est de stabiliser sa dette à 88,6 % d’ici 2025-2026. Cette mesure vise à prévenir une détérioration plus grave de l’économie nationale. Cette situation délicate nécessite la mise en place de stratégies efficaces pour réduire le niveau d’endettement de l’Afrique du Sud.
Cependant, la composition de la dette présente certains avantages. Seulement 11 % de la dette totale du pays est libellée en devises étrangères. De plus, la dette offre une marge de remboursement étendue, dépassant les 11 ans. Malgré ces aspects favorables, la dépendance du pays à l’égard des investisseurs étrangers est significative. Ces derniers détiennent environ 25 % de la dette libellée en monnaie locale. Avec la dépréciation du rand sud-africain, la situation économique du pays risque de se détériorer davantage si des mesures appropriées ne sont pas prises rapidement.
Impact de la dette dans l’économie
Nedbank souligne dans son analyse que chaque tranche de 5,4 USD des ressources publiques est absorbée à hauteur de 1 USD pour le remboursement de la dette. Cette proportion représente pratiquement le double du montant nécessaire à l’investissement dans la croissance des marchés émergents. De plus, cette somme doit être retranchée des ressources allouées aux services sociaux et aux infrastructures.
Cette dette représente également une déduction substantielle des éléments essentiels à la productivité de l’Afrique du Sud sur la scène mondiale. En effet, plutôt que d’être investie dans les priorités socio-économiques, une part considérable des fonds sera affectée au remboursement de la dette nationale. Ce cycle répétitif s’aggravera au fil des années, menaçant de drainer les ressources de l’économie sud-africaine.
Stratégies pour réduire la dette
En Afrique du Sud, le service de la dette demeure la troisième plus grande dépense, et cette tendance pourrait s’accentuer au cours des trois prochaines années. Ce déficit budgétaire croissant découle d’une gestion inefficace des dépenses et de la poursuite d’objectifs de croissance ambitieux, malgré des revenus faibles. Le Trésor se trouve ainsi confronté à la nécessité de :
- Soit mobiliser davantage de fonds auprès d’une base fiscale déjà sous pression.
- Réduire les dépenses.
- Accroître l’endettement.
Dans ce dernier scénario, les émissions d’obligations nationales devraient augmenter de 14 % au cours de l’exercice en cours. Aucune des options n’est attrayante ni aisée pour les décideurs en charge. Cette situation préoccupante pourrait inciter le gouvernement local à adopter des politiques risquées, mettant en péril la stabilité de l’État. La seule solution raisonnable semble être que le Trésor réduise les dépenses gouvernementales de 20 à 30 %.
Alternative à la réduction des dépenses
Le Trésor aurait élaboré une proposition de projet visant à instaurer des mesures d’austérité à l’échelle du gouvernement. Cela comprend le gel d’embauche et la mise en attente de nouveaux projets. D’une part, le département financier a exprimé son intention de réduire les dépenses gouvernementales. D’autre part, ce ministère prévoit d’augmenter les emprunts et les impôts afin de compenser le déficit budgétaire.
Cependant, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, aurait laissé entendre une position opposée à cet égard. D’autres opposants à la réduction des dépenses ont exploré l’option d’augmenter la collecte de revenus. Ces derniers ont proposé des mesures telles que :
- Mettre en place une taxe sur la richesse.
- Augmenter les impôts sur les tranches de revenus élevés.
- Ajuster l’impôt sur les sociétés pour compenser le manque à gagner.
Pendant ce temps, aucune mesure n’a été évoquée en ce qui concerne l’augmentation de la masse salariale de la fonction publique. Pour rappel, le gouvernement a augmenté le salaire des fonctionnaires de 7,5 %, à peine un mois après l’adoption du budget pour 2023/24, qui ne prévoyait qu’une hausse de 1,6 %.