L’inégalité dans l’accès au crédit bancaire entraîne un déficit financier de 42 milliards USD pour les femmes entrepreneurs en Afrique. Ce manque de financement a un impact négatif sur le progrès social et économique.
Comprendre le fossé financier entre les genres en Afrique
Les femmes entrepreneurs font fréquemment face à la réalité du plafond de verre. Néanmoins, nombreuses d’entre elles sont convaincues que leur détermination et leurs efforts personnels prévalent les préjugés sociétaux, en particulier ceux liés au genre.
Inégalités d’accès au financement entre les sexes
Entre 2011 et 2017, la Banque mondiale souligne l’accès à des comptes bancaires de 1,2 milliard de personnes supplémentaires. Toutefois, l’organisme constate un écart de 9 % entre les sexes. En Afrique subsaharienne, seuls 37 % des femmes détiennent un compte, comparé à 48 % des hommes. Notons que ce déficit de financement s’est accentué récemment. Les statistiques révèlent une situation plus préoccupante en Afrique du Nord, où les deux tiers de la population adulte demeurent sans compte bancaire. Le fossé d’accès au financement entre les sexes y atteint 18 %, marquant ainsi le plus grand écart mondial.
Dynamique entrepreneuriale des femmes
Il est pertinent de noter que l’Afrique détient le plus élevé taux de femmes entrepreneurs au monde. à titre de comparaison, cela correspond à 27 % de sa main-d’œuvre féminine, contre seulement 6 % en Europe. L’entrepreneuriat féminin contribue significativement à l’économie africaine, représentant 13 % du PIB. Notamment, dans le secteur agricole et celui de la mode et du textile, estimé à plus de 31 milliards USD. Ce dernier constitue le deuxième plus grand pourvoyeur d’emplois dans les pays en développement d’Afrique subsaharienne.
Différence de comportement financier
Les femmes rencontrent davantage d’obstacles pour accéder aux financements, attribuables en partie à des comportements financiers différents. Ces divergences, liées aux préférences en termes de risques, de sociabilité et de compétitivité, influent sur la perception des entrepreneurs féminins.
En d’autres termes, ces perceptions entravent leur motivation pour la demande de crédit. Cela contribue à la marginalisation de nombreuses femmes africaines dans le secteur financier. Privées d’opportunités d’emprunt et de constitution de capitaux, les femmes sont ainsi plus enclines à épargner de manière informelle.
Barrières de l’inclusion financière pour les entrepreneurs africaines
En Afrique, les disparités d’accès aux services financiers entre les sexes découlent largement de la perception personnelle des femmes entrepreneurs. Pour faciliter l’inclusion financière des femmes engagées dans le monde professionnel, il faudra lever certains préjugés.
Exclusion du marché formel du crédit
Les obstacles du côté de l’offre alimentent l’exclusion des femmes du marché formel du crédit en Afrique. Les taux d’intérêt élevés dissuadent les femmes de solliciter des prêts. Tandis que les strictes exigences en matière de garanties réduisent leurs chances d’accéder aux prêts, comparé à leurs homologues masculins.
Cette situation découle du manque de compétences commerciales et financières, essentielles à la compréhension par les institutions financières du marché des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dirigées par des femmes.
D’autre part, lorsque les femmes parviennent à obtenir un financement, elles sont souvent confrontées à des accords de prêt plus contraignants que ceux proposés aux hommes. De plus, les institutions financières considèrent généralement les MPME dirigées par des femmes comme présentant des risques plus élevés.
Perceptions déformées de crédit
Les facteurs liés à la demande restreignent aussi l’accès au financement pour les entrepreneurs africains, particulièrement en Afrique du Nord. Les institutions financières se concentrent sur l’offre de crédit, favorisant les universitaires, les salariés et les individus aisés. Cette perception négligent ainsi les disparités d’accès au financement entre les sexes. La complexité des procédures et des conditions de demande désavantage les femmes entrepreneurs.
La restriction des femmes dans l’accès au financement ne résulte pas principalement du découragement causé par l’iniquité du marché financier. Le manque de littératie financière et l’aversion au risque entraînent des refus de prêts. Malgré cela, on s’attend à ce que les entrepreneurs féminins soient compétitives et aient accès au capital risque, tout comme leurs homologues masculins.
Stratégies pour un accès au financement équitable
Pour réduire le déficit de financement entre les sexes, une amélioration cruciale réside dans l’éducation financière des femmes. Cette initiative renforce leur participation efficace sur le marché du crédit. Des entrepreneurs financièrement instruits sont plus enclins à prendre des décisions judicieuses et à évaluer objectivement leur capacité à honorer leurs obligations financières.
Des améliorations substantielles dans les services financiers, incluant un cadre juridique réglementaire solide. L’introduction de produits financiers adaptés aux emprunteurs à faible revenus, stimulera la demande des femmes pour ces services. En complément, la fourniture de programmes de littératie financière, de kits d’outils d’affaires en ligne et de services de conseil est nécessaire pour soutenir les femmes entrepreneurs dans la gestion et le développement de leurs activités.
Prioriser la numérisation des femmes
Le chemin vers une égalité financière passe aussi par la numérisation des femmes en Afrique. En effet, l’essor du numérique offre de nouvelles opportunités pour réduire les disparités de genre, notamment en matière d’accès au financement.
L’inclusion financière numérique permet aux femmes d’accéder à des services financiers via des plateformes numériques, réduisant ainsi certaines barrières traditionnelles. Par exemple, le mobile banking représente une solution innovante pour les femmes qui, pour diverses raisons, ne peuvent pas se rendre dans une agence bancaire.
Cependant, l’adoption de ces nouvelles technologies n’est pas sans défis. On note une fracture numérique entre les genres en Afrique, les femmes étant généralement moins connectées que les hommes. Il est donc essentiel d’investir dans des initiatives visant à améliorer l’accès des femmes à la technologie et à renforcer leurs compétences numériques.
La numérisation des femmes n’est pas seulement une question d’équité, c’est aussi un levier de croissance économique. En effet, l’accès au financement via le numérique peut être un catalyseur pour l’entrepreneuriat féminin, un secteur clé pour le développement de l’Afrique.
Marchés de financements africains
Le continent africain est doté de divers marchés financiers jouant un rôle essentiel dans la mobilisation des capitaux nécessaires à son développement. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), ou encore la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (ECCAS) sont des acteurs importants.
Des institutions financières multinationales, la Banque Africaine de Développements (BAD), sont également actives sur le continent, investissant et mobilisant des fonds pour soutenir le développement.
Parmi les marchés les plus développés, l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice et le Nigeria se distinguent. Le Kenya se démarque et dispose d’un système financier sain et de nombreux programmes spécifiques aux femmes. Ces marchés se caractérisent par leur capacité à attirer des capitaux et à résister aux chocs économiques.
Plusieurs mécanismes de financement innovants sont développés pour soutenir des secteurs clés comme l’agriculture. Des initiatives sont également mises en place pour favoriser l’inclusion financière numérique et le financement des micros, petites et moyennes entreprises (MPME).
Modèle pionnier de véhicule d’autonomisation des femmes
Le programme Affirmative Finance Action for Women in Africa (AFAWA) de la Banque africaine de développement (BAD) se positionne en tant que modèle avant-gardiste pour l’autonomisation financière des femmes.
Son objectif principal est de réduire le fossé financier en facilitant l’accès des femmes au financement grâce à un mécanisme novateur de partage des risques. AFAWA propose également des services de renforcement des capacités pour les entrepreneurs tout en préconisant des réformes en faveur des entreprises détenues par des femmes.
La BAD a aussi signé un partenariat de 4 ans avec l’ « Alliance for Financial Inclusion » (AFI), visant à promouvoir l’inclusion financière des femmes. Cette collaboration cible la création d’un environnement favorable par le biais de réformes juridiques, politiques et réglementaires. Celle-ci s’inspire des recherches menées par la BAD dans 7 pays africains.
Au cours de la dernière décennie, l’AFI a réussi à élaborer et mettre en œuvre plus de 920 changements politiques et réglementaires pour améliorer l’inclusion financière à l’échelle mondiale, dont 428 ont été recensés en Afrique. Ces changements ont un impact significatif sur l’inclusion financière de 634 millions de personnes, dont 192 millions en Afrique subsaharienne.