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Capital privé en Afrique : Récession de 11% en 2024

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Capital privé en Afrique : Récession de 11% en 2024

Le capital privé en Afrique, moteur de croissance pour de nombreuses économies émergentes, traverse une période particulièrement difficile. Selon un rapport de l’Association africaine du Capital Privé (AVCA), les investissements en capital privé en Afrique chutent de 11 % en début de 2024, poursuivant une tendance baissière entamée l’année précédente. Ce déclin reflète un environnement économique mondial de plus en plus incertain, marqué par une inflation persistante, des taux d’intérêt élevés et des risques géopolitiques qui modifient les ambitions des investisseurs.

Investissements en forte baisse

Les chiffres de 2024 sont alarmants. À la fin du troisième trimestre, seulement 1,9 milliard USD sont investis, ce qui correspond à une baisse de 53 % par rapport à la même période en 2023. Par ailleurs, cette valeur reste bien inférieure à la moyenne quinquennale de 4,2 milliards USD, signalant le pire démarrage d’année pour le capital privé en Afrique en cinq ans.

Si le total de transactions reste relativement stable, avec 287 opérations contre 324 transactions en 2023, la valeur des investissements montre un net recul. L’un des signes les plus visibles de cette tendance est la diminution des grandes transactions, qui tendent à disparaître au profit d’opérations mineures et moins risquées.

Afrique de l’Ouest et Afrique de l’Est : Les plus touchées

L’impact de cette crise du capital privé varie considérablement selon les régions. En Afrique de l’Ouest, le volume des investissements chute de 30 % en glissement annuel. Le Nigeria, leader régional en matière de capital-risque, enregistre une réduction drastique de 44 %. L’inflation ainsi que la dévaluation du naira perturbent l’environnement macroéconomique du pays, décourageant les bailleurs et freinant les transactions. L’Afrique de l’Est et australe subissent également des baisses notables en termes de valeur des financements. Néanmoins, certaines zones réussissent à maintenir un volume relativement stable en transactions.

Transactions plus petites en émergence

La réduction drastique des transactions supérieures à 250 millions USD est très marquante, car aucune de ces grandes opérations n’est enregistrée en 2024. En revanche, les investissements de moins de 50 millions USD représentent désormais la majorité des activités du secteur, avec 66 % du total des opérations. Ce phénomène, qui se traduit par une augmentation des petits échanges commerciaux, reflète une volonté accrue des investisseurs de minimiser les risques dans un contexte économique incertain.

Capital-risque en proie aux pressions

Le capital-risque, acteur essentiel de l’innovation en Afrique, ne fait pas exception à cette tendance. Le secteur enregistre une chute significative de 21 % en termes de nombre de transactions. Tandis que la valeur des investissements affiche une baisse de 49 % par rapport à 2023. Néanmoins, ce type de financement constitue près de 62 % en volume et 52 % en valeur de l’activité du capital privé sur le continent.

Les start-up africaines, moteurs de l’innovation, sont particulièrement affectées par cette rétraction. Confrontées à un environnement économique de plus en plus difficile, ces entreprises doivent adopter une stratégie plus conservatrice. Les jeunes pousses limitent ainsi les initiatives d’expansion et doivent optimiser leurs opérations existantes plutôt que de chercher une croissance rapide.

Capital-Investissement : Une résilience modeste

Pour sa part, le segment du capital-investissement connaît une dynamique contrastée. Le nombre de transactions progresse de 28 % par rapport à 2023, mais cette croissance ne s’accompagne pas d’une augmentation significative des montants investis. En effet, ce domaine affiche une valeur totale de  400 millions USD, soit une chute de 66 % par rapport à 2023. Les transactions de faible envergure, en particulier celles de moins de 10 millions USD, restent relativement stables. Ces petites opérations, bien qu’encore peu nombreuses, connaissent une légère augmentation, atteignant des valeurs totales de 35 à 55 millions USD.

Dette privée : Un secteur en croissance

Parmi les différentes classes d’actifs, la dette privée se distingue par une dynamique positive. En effet, les investissements dans la dette privée augmentent de 14 % en 2024. Cette hausse s’explique par le désir des investisseurs de se tourner vers des placements plus sûrs et plus flexibles, dans un contexte de volatilité économique et financière. Les entreprises de prêts en Afrique, soumises à des difficultés de liquidité, trouvent dans la dette privée une source essentielle de financement pour soutenir leurs activités. La dette privée apparaît ainsi comme un refuge pour ceux qui recherchent des rendements plus stables et moins exposés aux risques globaux.

Malgré cette régression du capital privé, l’Afrique conserve un potentiel de croissance et d’attractivité pour les investisseurs à long terme. Cependant, l’incertitude économique mondiale pèse lourdement sur les perspectives. Selon Fitch, une hausse des prêts non performants pourrait survenir. En outre, les banques africaines, déjà confrontées à des pressions de solvabilité, devront renforcer leur capital pour affronter les turbulences économiques à venir. Certaines initiatives, comme l’augmentation des exigences de capital au Nigeria, visent à renforcer la stabilité du secteur bancaire, mais elles ne suffiront peut-être pas à inverser la tendance de manière significative à court terme.

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