À l’ère de la transition numérique, les startups en Afrique connaissent une émergence fulgurante. Cependant, les déficits de financement entravent la maturation de cet écosystème prometteur. Les business angels constituent une option idoine pour pallier ces obstacles majeurs.
Profils type d’un business angel
Le business angel désigne un investisseur providentiel dans une entreprise ou une startup. Ces individus, souvent expérimentés et ayant connu le succès entrepreneurial, jouent un rôle crucial en apportant bien plus que du financement. Outre des fonds, le business angel offre mentorat, encadrement et accès à leurs réseaux relationnels.
Leur soutien intervient principalement lors des phases d’amorçage ou de démarrage, mettant à profit leurs compétences et expériences. Les business angels investissent également dans la formation et le suivi des startups, comme le fait Angel Network Botswana (ANB).
Spécificités de l’écosystème de business angel africain
En Afrique, l’investissement providentiel est un secteur prometteur estimé à plus de 100 millions USD annuels dans des jeunes pousses. Or, cet écosystème demeure embryonnaire malgré la présence de nombreux millionnaires. Ces derniers pourraient devenir des investisseurs providentiels, mais la culture de l’investissement privé dans les startups n’est pas encore suffisamment développée sur le continent.
La majorité des business angels privilégient les jeunes pousses à forte croissance qui génèrent déjà des revenus. Laissant ainsi à l’écart les entreprises africaines en manque de capitaux pour leur démarrage et leur croissance. En outre, cette prudence se manifeste généralement par des investissements inférieurs à 10 000 USD par opération dans des sociétés bien établies. Près de 72 % des business angels africains effectuent des financements supplémentaires, ou follow-on, dans les sociétés déjà présentes dans leurs portefeuilles.
Impact des réseaux de business angels en Afrique
En raison de cette prudence, de nombreux business angels se regroupent pour former en réseaux qui se profilent souvent suivant leur emplacement ou leurs thématiques. Les réseaux permettent aussi de fournir un volume d’investissement plus conséquent et d’optimiser leur impact sur la croissance et l’accompagnement des startups. À ce titre, Africa Business angel Network (ABAN), South-south south East Angel Network (SSE angel network) sont des exemples probants.
Lancement de l’African Business Angel Network (ABAN)
La création de la Fédération africaine des business angels (ABAN) se déroule lors de la clôture de la 2ᵉ édition de la Conférence africaine des startups (ASC) à Alger. Cette initiative regroupe des business angels africains ayant pour objectif de mobiliser des fonds pour les startups du continent. Dans cette optique, l’organisation ambitionne d’attirer des fonds nationaux et internationaux pour dynamiser l’écosystème entrepreneurial africain.
La fédération est constituée d’une présidence tournante et d’un conseil d’administration composé principalement d’Africains représentant diverses régions du continent. L’ABAN réunit actuellement plus de 72 réseaux membres répartis dans 40 pays africains et au sein de la diaspora. Cette plateforme collabore avec diverses organisations telles que Afrilabs, Algeria venture mais aussi avec des institutions de renom dont l’Agence de développement française (AFD), la GIZ, et la Banque mondiale.
Réseaux de angels investors : Stratégie contre la fuite des talents
Les business angels et l’établissement des réseaux sont des efforts pour empêcher les compétences et les personnes hautement qualifiées de quitter l’Afrique pour chercher des meilleures opportunités à l’étranger. Ce phénomène affecte négativement :
- les économies africaines
- la recherche et le développement
- l’innovation et la croissance globale du continent
Dans cette optique, la conférence africaine des start-up, en coordination avec l’UA, travaille sur une stratégie pour créer des conditions favorables pour développer les PME en Afrique et lutter contre la fuite de compétences. Une charte africaine est proposée pour aborder cet enjeu et demander une réponse coordonnée des gouvernements africains.
Importance des plateformes de co-investissement
Le directeur général de Algeria Venture, Sid Ali Zerrouki, souligne l’importance de fédérer les acteurs de l’écosystème entrepreneurial africain et d’encourager les personnes fortunées à investir dans les startups. Les plateformes de co-investissement, à l’instar de Catalytic Africa, se profilent aussi comme une solution propice pour surmonter ces obstacles.
Catalytic Africa est une plateforme de co-investissement lancée par ABAN et Afrilabs, avec le soutien de l’AFD dans le cadre du fonds d’amorçage Digital Africa. Ce programme vise à augmenter le volume des investissements dans les startups africaines, à soutenir les investisseurs providentiels et les clubs d’investissement.
En principe, Catalytic Africa accroît les participations des business angels en réseaux ou individuel de deux à trois fois grâce à des fonds institutionnels. Le financement maximum par transaction est de 60 000 EUR. Si l’angel investor injecte jusqu’à 10 000 EUR, le fonds doublera ce montant pour la startup. Au-delà de 10 000 EUR, la plateforme triplera l’investissement.
Chaque transaction sur Catalytic Africa implique trois parties prenantes :
- la startup en quête de financement pour sa croissance
- le hub d’innovation qui l’accompagne
- le réseau de business angels qui apporte financement, mentorat et conseils.
La plateforme priorise le financement des startups africaines développant des solutions digitales innovantes à fort impact environnemental. La secrétaire générale de l’ABAN Fadilah Tchoumba précise que les business angels adoptent désormais une approche plus ciblée, privilégiant l’agriculture intelligente, le commerce numérique et les technologies propres.