L’Afrique du Sud, dotée d’un climat propice à l’énergie solaire, peine à exploiter pleinement cette ressource. Cette lente progression se révèle préoccupante, car la dépendance aux centrales à charbon entraîne des coupures fréquentes et des impacts environnementaux. Pour inverser la tendance, le gouvernement ajuste la réglementation sur la production privée d’électricité et propose des incitations fiscales pour encourager l’installation de panneaux solaires.
Lente adoption de l’énergie solaire photovoltaïque
Le mix énergétique sud-africain repose largement sur les centrales au charbon, assurant 85 % de la production d’électricité. Cette dépendance aggrave les coupures de courant fréquentes et pèse lourdement sur l’environnement. Une adoption plus rapide de l’énergie solaire contribuerait à alléger cette pression.
La nation arc-en-ciel jouit d’un ensoleillement favorable pour intégrer l’énergie solaire photovoltaïque dans son mix énergétique. Cependant, cette ressource renouvelable représente moins de 5 % de la production nationale, bien en deçà de son potentiel. Seulement 10 % des ménages utilisent régulièrement l’énergie solaire, malgré les absorptions rapides au cours des dernières années.
En effet, la capacité solaire photovoltaïque installée sur les toits passent de 983 MW à 4 412 MW entre mars 2022 et juin 2023. Cela correspond à une augmentation de 349 %, assez pour réduire considérablement la charge résiduelle que Eskom doit faire face pendant la journée. C’est dans cette optique que le gouvernement réagit en adoptant des mesures incitatives.
Le plan énergétique en 10 points de 2022 assouplit les règles pour la production privée d’électricité. Depuis mars 2023, des réductions fiscales ont également été introduites pour encourager l’installation de panneaux solaires. Malgré ces mesures, plusieurs obstacles ralentissent la transition vers l’énergie solaire en Afrique du Sud.
Défis de l’adoption de l’énergie solaire domestique
Déficit financier
Les coûts faramineux des installations, des équipements et de l’entretien des systèmes photovoltaïques domestiques demeurent l’obstacle principal de leur adoption en Afrique du Sud. Les ménages à faible revenu ne peuvent pas se permettre l’investissement initial nécessaire, même avec la subvention solaire qui rembourse 25 % des coûts, plafonnée à 15 000 ZAR, soit l’équivalent de 826 USD.
De plus, ces ménages n’ont souvent pas accès aux prêts bancaires faute de garanties suffisantes, ce qui les empêche de financer les installations solaires. Des situations similaires existent dans d’autres pays en développement, où les coûts initiaux élevés freinent la transition énergétique.
Barrières personnelles et techniques
Le manque d’information et la perception négative de l’énergie solaire constituent des freins importants. Certains ménages ignorent les bénéfices des systèmes photovoltaïques. Nombreux doutent de leur capacité à satisfaire les besoins énergétiques. Par exemple, des chauffe-eau solaires installés sans formation adéquate cessent de fonctionner, créant de la frustration et décourageant d’autres ménages d’adopter cette technologie.
Le manque de services de maintenance et la difficulté à trouver des pièces de rechange compliquent également l’adoption de l’énergie solaire. Certains systèmes fournis par le gouvernement tombent en panne rapidement. En outre, l’obtention de nouvelles pièces, souvent importées, s’est avérée coûteuse et longue. Ce problème se retrouve dans d’autres pays africains comme le Nigeria et la Guinée-Bissau, où les capacités locales de fabrication sont insuffisantes.
Obstacles institutionnels et sociales
Les municipalités et Eskom, principal fournisseur d’électricité, ne favorisent pas entièrement l’adoption de l’énergie solaire par peur de perdre des revenus. Une étude montre que la municipalité de Stellenbosch peut perdre jusqu’à 2,4 % de ses revenus annuels si les ménages basculent vers l’énergie solaire. L’absence de politiques claires en matière d’énergies renouvelables complique davantage le déploiement de solutions durables. Par exemple, un programme gouvernemental de 1999 pour installer des systèmes solaires a échoué à cause d’un manque de directives et de problèmes de corruption.
Les vols de panneaux solaires constituent aussi une barrière sociale importante. Dans certaines régions, comme le village de Folovhodwe dans la province de Limpopo, le vol d’équipements solaires est courant. Cette situation dissuade les ménages d’investir dans cette technologie. La facilité avec laquelle ces équipements peuvent être dérobés pousse les habitants à se méfier des solutions solaires.
Promouvoir l’énergie solaire domestique : Plan d’action
Pour surmonter ces obstacles, plusieurs actions sont nécessaires. Des prêts, des subventions et des accords d’achat d’électricité doivent être mis en place pour faciliter l’accès à l’énergie solaire, notamment pour les ménages à faibles revenus. L’exemple des Seychelles, où des prêts sans intérêt pour les chauffe-eau solaires, montre que de telles initiatives peuvent accélérer l’adoption.
Une campagne de sensibilisation sur les avantages de l’énergie solaire s’impose également. Cette éducation pourrait se faire à travers des réunions communautaires, les réseaux sociaux ou les programmes scolaires. Les entreprises d’énergie solaire doivent aussi conseiller correctement les ménages sur la taille adéquate des systèmes et fournir des informations claires avant l’installation.
Un soutien technique continu à travers la mise en place de centres locaux de maintenance doit être proposé aux ménages qui adoptent l’énergie solaire. L’usage de dispositifs de sécurité et le renforcement des mesures de protection des systèmes photovoltaïques sont aussi essentiels. L’ajout de capteurs de mouvement, de projecteurs ou d’attaches spécifiques pourrait décourager le vol. Ces dispositifs de sécurité doivent également bénéficier de subventions publiques pour alléger le coût pour les ménages.