L’Union africaine (UA) estime que l’énergie nucléaire est une solution concevable pour améliorer l’accès à l’électricité sur le continent. Bien que cette source d’énergie présente des avantages environnementaux, sécuritaires et économiques, son adoption en Afrique fait face à plusieurs défis.
Potentiel nucléaire pour combler le déficit énergétique
La Banque africaine de développement (BAD) estime que près de 640 millions d’habitants d’Afrique n’accèdent pas à l’électricité. Si aucun effort en matière de développement d’infrastructures énergétiques n’est entrepris à temps, cette proportion pourrait s’aggraver d’ici 2030. La Commission africaine de l’énergie (CAE), une agence spécialisée de l’UA, suggère que le recours au nucléaire peut combler ce déficit énergétique sur le continent.
Production d’uranium en Afrique
L’Afrique dispose d’un potentiel important en matière d’énergie nucléaire, notamment grâce à ses abondantes ressources en uranium. Selon les données de 2022 de l’Association nucléaire mondiale, quatre pays africains se distinguent comme principaux producteurs de ce minéral.
- Namibie
La Namibie se distingue en tant que premier producteur africain d’uranium et occupe la troisième place mondiale avec ses 5 613 tonnes en 2022. En 2013, sa production s’élève à 4 323 tonnes, marquant ainsi une augmentation remarquable de 1 290 tonnes en neuf ans.
- Niger
Deuxième plus grand producteur d’uranium en Afrique, le Niger se positionne en septième place mondiale avec ses 2 020 tonnes en 2022. Toutefois, le pays affiche une récession, car en 2013, le pays était en tête du classement en enregistrant 4 518 tonnes d’uranium.
- Afrique du Sud
L’Afrique du Sud clôture le top 10 de ce classement avec une quantité de 200 tonnes. Bien que cette performance soit nettement inférieure à celle des autres pays africains, la nation arc-en-ciel est la seule à posséder une centrale nucléaire.
- Malawi
Le Malawi occupe la deuxième position du classement mondial des producteurs d’uranium de l’Association mondiale nucléaire. Cependant, aucun chiffre n’est disponible pour la production malawienne de 2015 à 2022. La nation doit sa place dans ce classement à sa production élevée en 2013, qui s’élevait à 1 132 tonnes.
Énergie propre : Faibles émissions de gaz à effet de serre
L’énergie nucléaire, bien que propre et à faible émission de carbone, n’est pas renouvelable. Néanmoins, des experts la considèrent comme une opportunité majeure pour améliorer l’accès à l’électricité et faire face au changement climatique. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) affirme que cette ressource permet d’éviter plus de 70 gigatonnes d’émissions de carbone au cours des cinq dernières décennies. Son usage continu permet d’en éviter plus d’une gigatonne par an.
Les données de l’OMS révèlent que 3,2 millions de personnes décèdent annuellement à cause des affections liées à l’utilisation de combustibles et de technologies polluantes. Il est donc impératif de considérer le nucléaire comme une source d’énergie fiable et durable.
Alternative aux énergies fossiles
L’énergie nucléaire pourrait aider à résoudre une partie de ses problèmes énergétiques tout en atteignant les objectifs de transition énergétique en Afrique. En outre, cette ressource présente une meilleure solution environnementale supérieure aux énergies fossiles, dont le financement rivalise avec les sources d’énergie plus propres. Remplacer 20 % de la production électrique à base de charbon par 250 gigawatts d’énergie nucléaire réduirait les émissions de 2 gigatonnes de CO₂, soit 15 % des émissions annuelles du secteur électrique.
Malgré la tendance vers la transition énergétique et les énergies renouvelables, les projets fossiles continuent d’attirer les investisseurs. Cependant, il ne faut pas oublier que l’Afrique possède un fort potentiel pour produire de l’énergie renouvelable. L’énergie nucléaire représente une opportunité parmi d’autres, comme l’hydroélectricité, pour accélérer la transition énergétique du continent.
Défis concernant la viabilité du nucléaire en Afrique
Shaukat Abdulrazak, de la Division Afrique de l’AIEA, affirme que l’énergie nucléaire exige un engagement à long terme d’au moins 100 ans et un leadership national fort. Cependant, des débats persistent quant à la sécurité et à la faisabilité de ces projets. Les catastrophes nucléaires historiques, comme celle de Fukushima, alimentent les craintes des populations africaines.
Défis d’infrastructure nucléaire
La sous-exploitation de l’énergie nucléaire en Afrique s’explique par des lacunes en connaissances techniques et en infrastructures, ainsi que par l’exportation massive d’uranium vers les pays occidentaux. Par exemple, 25 % des importations d’uranium de l’Union européenne proviennent du Niger.
Cependant, certains pays africains ont déjà entrepris des initiatives dans ce domaine. Le Burkina Faso aurait signé un accord avec la Russie pour la création d’une centrale nucléaire. Tandis que le Mali a également conclu un accord avec le gouvernement russe pour développer son secteur du nucléaire civil.
Faisabilité d’un projet nucléaire en Afrique
Selon la recommandation de l’AIEA, la capacité du réseau d’un réacteur devrait être dix fois supérieure à celle de la centrale prévue. Par exemple, la génération de 3 000 mégawatts d’énergie nucléaire nécessite une centrale d’une capacité de 30 000 mégawatts. Cependant, les PRM produisent environ la moitié des mégawatts d’un réacteur traditionnel. Le recours à plusieurs petits réacteurs modulaires (PRM) et nanoréacteurs représente ainsi une meilleure alternative pour révolutionner l’électronucléaire en l’Afrique.
Contrairement aux réacteurs à eau pressurisée (REP), les PRM produits en usine nécessitent moins d’investissement initial et moins d’adaptations des infrastructures. De plus, selon des experts, la nouvelle génération de réacteurs rend l’énergie nucléaire accessible à un plus grand nombre de pays africains. Ces innovations permettent une construction plus rapide et une sécurité améliorée, tout en réduisant les coûts.