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Fossile ou renouvelable : Le dilemme énergétique de l’Afrique

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Fossile ou renouvelable : Le dilemme énergétique de l’Afrique

En cette période de transition climatique, le monde se rue vers la durabilité et l’Afrique veut suivre la tendance. Bien que le continent enchaîne les projets d’énergies propres, les ressources fossiles continuent d’occuper une place prépondérante dans plusieurs économies.

Défis de la transition énergétique en Afrique

L’Afrique peine à atteindre l’objectif de neutralité carbone, malgré son potentiel inégalé en ressources d’énergie renouvelable. La transition énergétique du continent est entravée par d’importants obstacles logistiques et financiers. De plus, des incertitudes persistent quant à la viabilité commerciale des projets, notamment en raison de la faible demande en électricité des populations africaines.

Investissements étrangers insuffisants

La Chambre africaine de l’énergie (CAE) rapporte que les engagements financiers des partenaires de la région Nord sont actuellement insuffisants pour atteindre la sécurité énergétique du continent. De même, les solutions énergétiques vertes peinent à se concrétiser. Les 100 milliards USD annuels promis à l’issue de l’accord de Paris pour soutenir les pays en développement accusent un retard significatif. Par ailleurs, les coûts élevés des emprunts pour les pays africains dissuadent les entrepreneurs d’investir dans le secteur énergétique.

Infrastructures inadéquates

En Afrique, les solutions vertes financées par des institutions internationales comme la Banque mondiale et l’Union européenne se concentrent souvent sur les parcs photovoltaïques et éoliens. Produits dans des zones isolées, loin des centres urbains, leur développement est entravé par un manque d’infrastructures de transport et de stockage adaptées. Ce décalage compromet la capacité à fournir une énergie renouvelable fiable et accessible aux populations africaines. Des infrastructures coûteuses en matériel, réseaux routiers et lignes électriques sont indispensables pour acheminer l’électricité.

Secteurs non-énergétiques et autres usages

Les ressources fossiles servent également à des fins non-énergétiques que l’électrification ne pourra pas remplacer à court ou moyen terme. Par exemple, la cuisson est largement tributaire de la biomasse et du charbon. L’électrification des transports tarde aussi en raison de la prépondérance des véhicules de seconde main. D’autres secteurs, comme la fabrication de ciment, la sidérurgie ou encore la production d’engrais azotés, continueront de recourir au pétrole et au gaz jusqu’aux années 2040-2050.

Potentiel et tentation des énergies fossiles

L’attrait persistant pour l’exploitation des énergies fossiles africaines perdure avec des réserves inexploitées considérables. Les réserves de pétrole du continent sont estimées à 125 milliards de barils, dont chaque baril équivaut à 159 litres. Soit près de dix fois celles de l’Europe et surpassant même celles de la Russie. Les réserves de gaz africaines atteignent 12 900 milliards de m³. Tandis que celles de charbon s’élèvent à 15 milliards de tonnes, suffisantes pour répondre aux besoins actuels du continent pendant 70 ans.

L’urgence climatique proscrit l’exploitation des ressources fossiles, mais certains gouvernements africains semblent être en faveur de cette activité. Le ministre de l’Énergie de Guinée équatoriale, Gabriel Mbaga Obiang Lima, affirme que la sécurité énergétique doit précéder la transition vers les énergies renouvelables. Le continent a le droit de baser son développement sur ces ressources, à l’instar d’autres régions par le passé. De manière similaire, le président sénégalais Macky Sall souligne que priver l’Afrique de l’accès à ses ressources naturelles souterraines est injuste.

L’urgence socio-économique en Afrique accentue l’intérêt pour les énergies fossiles. Exploiter ces ressources est perçu comme l’une des options les plus rentables pour surmonter les crises induites par les conjonctures mondiales. Parallèlement, le continent multiplie les efforts d’adoption des énergies propres. Les investisseurs sont les plus attirés par ces réserves fossiles et visent à les exploiter de manière efficace. Après l’installation des centrales au gaz ou au pétrole, les opérateurs cherchent à prolonger leur durée de vie afin de maximiser leurs rendements sur investissement.

Vers une transition énergétique solidaire

Les pays développés exhortent l’Afrique à abandonner les énergies fossiles malgré leur propre dépendance persistante, ignorant les défis uniques du continent en matière d’accès à l’énergie. Un autre point crucial concerne la faible contribution de l’Afrique aux émissions de gaz à effet de serre. Même si le continent utilise ses ressources fossiles, ses émissions de carbone resteront inférieures à la moyenne mondiale, soit entre 0,4 et 0,6 tonne par habitant d’ici 2050.

Usage des ressources fossiles à bon escient

Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, suggère l’utilisation des réserves de gaz africaines pour satisfaire les besoins domestiques de sa population. L’agence rapporte que même si la région subsaharienne exploitait ses réserves, ses émissions de CO2 passeraient seulement de 3 % à 3,5 %.

L’exploitation des énergies fossiles pour l’exportation pose un risque d’actifs échoués dans le contexte de décarbonation mondiale. C’est pourquoi le monde incite les pays africains à rechercher davantage de financements internationaux pour la transition énergétique. Sans ces financements, les pays africains seront tentés de vendre du gaz pour financer les énergies propres et leur développement.

Restructurer les systèmes de financement internationaux

Pour soutenir la transition énergétique en Afrique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres suggère une réforme du système financier mondial. Les nations africaines paient lourdement, soit quatre fois plus, pour emprunter que les États-Unis et huit fois plus que les pays européens les plus riches.

Plus précisément, cette réforme doit intégrer un mécanisme efficace d’allègement de la dette. Un système qui favorise aussi les suspensions de paiement, la prolongation des durées de prêt et des taux d’intérêt plus abordables. Cette restructuration concerne aussi le modèle économique des banques multilatérales de développement pour dynamiser les financements privés à des taux abordables pour aider les pays en développement à bâtir des économies véritablement durables.

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