En 2024, l’Union africaine se concentre sur l’éducation après avoir mis l’accent sur le commerce intracontinental l’année précédente. Le 16 février 2024, une cérémonie de pré-lancement du thème a lieu pour accroître sa visibilité, précédant le Sommet de l’UA où des mesures cruciales sont attendues.
Appel à l’action pour une éducation inclusive et résiliente
Pour 2024, l’UA choisit comme thème : « Éduquer une Afrique adaptée au 21ᵉ siècle ». L’objectif est d’établir des systèmes éducatifs résilients sur le continent, favorisant un accès accru à un apprentissage inclusif, de qualité, durable et pertinent. Il s’agit d’une première pour l’organisation panafricaine, marquant ainsi un tournant significatif. Ce choix intervient à un moment crucial alors que l’Afrique fait face à d’importants défis éducatifs, soulignant l’urgence d’investissements et de politiques efficaces.
Cette décision est justifiée par plusieurs facteurs clés. Le sommet international de septembre 2022 sur la transformation de l’éducation a souligné l’urgence de la crise éducative mondiale. Les progrès vers l’Objectif de Développement Durable (ODD) 4 sont insatisfaisants, notamment en Afrique. La Stratégie continentale pour l’éducation en Afrique (CESA) précise que le continent est confronté à des écarts considérables.
Contexte du sommet de l’Union africaine sur l’éducation
L’éducation demeure une priorité absolue pour l’Organisation des Nations unies (ONU), et l’Union africaine se félicite d’en faire son domaine d’action principale cette année. La Commission économique pour l’Afrique (CEA) réitère son engagement à collaborer avec cette organisation panafricaine pour établir un système éducatif adapté au 21ᵉ siècle. La 44ᵉ session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA met en avant la nécessité d’adapter le système éducatif africain aux besoins du monde actuel.
Claver Gatete, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire exécutif de la CEA, souligne l’éducation comme étant un droit fondamental essentiel pour le développement socio-économique. Ce droit doit être accessible et inclusif, étant donné que le contraire limite les perspectives de transformation structurelle. Pourtant, un travail considérable reste à réaliser pour assurer l’accès à une éducation universelle en Afrique. La quantité, la qualité et l’égalité d’accès constituent toujours des défis majeurs pour de nombreux pays africains.
Urgence des engagements et des actions concrètes
D’ici 2030, près de la moitié des jeunes dans le monde seront africains. Cependant, le développement des compétences nécessaires pour l’emploi n’accompagne pas cette croissance démographique. L’UNESCO indique que plus de 700 millions de jeunes et d’adultes manquent de compétences de base en alphabétisation, avec une proportion importante de femmes concernées.
L’éducation en Afrique subsaharienne est disparate et affiche le taux le plus élevé en termes d’exclusion. Selon l’ONU, 40 % des élèves issus de milieux défavorisés n’achèvent pas l’école primaire en 2022, alors que 80 % des enfants des familles aisées la terminent. Certains pays n’enregistrent aucun taux d’achèvement du deuxième cycle de l’enseignement secondaire pour les filles issues des milieux les plus pauvres. Sans des mesures immédiates, la situation va inévitablement se détériorer.
Reconnaissance de la nécessité des réformes éducatives
Depuis 1960, les dirigeants africains remettent en question la pertinence du système éducatif colonial pour répondre aux besoins de développement du continent. Les programmes scolaires actuels s’avèrent inadéquats pour préparer les jeunes au marché du travail et à l’écosystème entrepreneurial de l’Afrique. De plus, la crise de la COVID-19 souligne la nécessité d’une transformation numérique de l’éducation. Les multiples crises mondiales suscitent une prise de conscience quant à la nécessité de reconsidérer la pertinence du système éducatif en vigueur.
Importance croissante des compétences en STEM
L’innovation, la technologie, l’émergence de l’intelligence artificielle et la numérisation du commerce et des systèmes administratifs redéfinissent les compétences requises dans de nombreux secteurs économiques. Les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) sont désormais des compétences majeures pour l’avenir.
Les professions des programmes d’études dans ces domaines créent plus de richesse et améliorent la compétitivité et la croissance économique. Pourtant, moins de 25 % des étudiants de l’enseignement supérieur suivent des cours de STIM, et les femmes ne représentent que 30 % des étudiants dans ces secteurs. L’insuffisance des ressources, le manque d’instruction et de connaissances de base en calcul limitent le paysage des STIM en Afrique.
Enseignement, formation techniques et professionnels
L’intégration de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) dans les systèmes éducatifs peut effectivement stimuler l’esprit d’entreprise, la créativité et l’innovation en Afrique. Pour tirer pleinement parti de la population compétente et considérable du continent, il est essentiel de développer des technologies qui favorisent la création de valeur ajoutée dans des secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire, l’industrie manufacturière, les transitions vertes et la santé mondiale.
En intégrant l’EFTP dans un système éducatif modernisé, l’Afrique peut créer des marchés du travail capables de rendre les microentreprises et les PME plus compétitives. Cela contribuerait non seulement à la croissance économique, mais aussi à la création d’emplois durables et à la réduction du chômage, en particulier parmi les jeunes.
Financement : Le défi majeur de l’éducation en Afrique
Pour obtenir des résultats concrets dans l’éducation en Afrique, un investissement considérable dans les infrastructures, les ressources et l’élaboration de programmes d’enseignement appropriés est essentiel. L’inclusion numérique, en particulier celle des femmes, doit être une priorité, avec un accent particulier mis sur les STIM et l’EFTP. Actuellement, l’Afrique ne représente que 0,1 % des brevets dans le monde, et les dépenses en recherche-développement en faveur du continent ne représentent en moyenne que 0,45 % de son PIB.
Les programmes d’enseignement doivent permettre à l’Afrique d’exploiter pleinement ses ressources naturelles et son capital humain, surtout à un moment où de nombreuses régions rencontrent le problème du vieillissement démographique. En parallèle aux financements de réalisation sur les déclarations d’Incheon et de Paris pour la mise en œuvre de l’ODD 4, les gouvernements africains doivent :
- Miser sur les partenariats entre les industries et les établissements d’enseignement.
- Aligner les programmes d’enseignement aux besoins des marchés de l’emploi.
- Améliorer l’efficacité des ressources dans le domaine de l’éducation via des cadres de redevabilité en matière de performance.
- Inciter le secteur privé à soutenir le développement du capital humain.
Ces mesures sont essentielles pour renforcer le système éducatif en Afrique et garantir un avenir prospère pour ses citoyens.
Sources: