La Russie désire renforcer ses relations avec l’Afrique. Dans ce cadre, elle ambitionne de créer une zone de libre échange avec les pays du Maghreb. Cet accord de libre-échange vise à intensifier les échanges commerciaux entre le Russie et l’Afrique du Nord, favorisant ainsi la croissance économique des deux parties. Il est à noter que, au cours des 20 dernières années, les importations et exportations des pays de l’Afrique du Nord avec la Russie n’ont cessé d’augmenter.

Objectifs de l’accord de libre échange

La Russie désire renforcer ses échanges avec les pays du Maghreb, en ambitionnant de créer une zone de libre-échange en Afrique.

Les termes des accords de libre-échange seront bientôt prêts, a mentionné le Président russe. L’objectif principal est le renforcement des liens bilatéraux entre les deux parties. La Russie considère les pays Africains comme des « amis », et elle souhaite approfondir davantage cette relation dans les domaines politiques et économiques. Le chef du gouvernement du Maroc, S.E.M. Aziz Akhannouch, a confirmé lors de l’évènement la volonté du Maroc de renforcer ses relations avec la Russie.

La Russie s’appuie sur sa puissance militaire pour tisser des liens avec d’autres pays, parfois confrontés à des difficultés sur le plan sécuritaire. A titre d’illustration, elle dispense des formations militaires, fournit des équipements militaires, etc. De 2018 à 2022, les exportations d’armes de la Russie vers le continent africain ont représenté environ 40 % de ses exportations totales d’armes, plaçant ainsi la Russie comme le plus grand exportateur d’armes en Afrique.

Avantages et inconvénients d’un accord de libre échange

D’un côté, un accord de libre-échange en Afrique permet d’accroître les échanges commerciaux entre les pays concernés, favorisant ainsi la croissance économique de chaque partie.

Le climat des affaires s’améliore également, et l’absence de barrières tarifaires encourage les investissements. Cela favorise l’entrée de devises étrangères et le transfert d’expertises, surtout dans les exploitations minières africaines. Les transferts de technologies bénéficieront également aux entreprises locales.

D’un autre côté, des challenges peuvent se présenter. L’une des plus grandes critiques concerne la surexploitation des ressources naturelles de l’Afrique. Bien que le continent regorge de ressources naturelles, il peut manquer d’expertise dans l’exploitation. Une autre critique implique également l’aggravation du déficit commercial. L’Afrique importe plus qu’elle exporte, et des accords de libre-échange pourraient encore aggraver cette situation.

Les avantages ou inconvénients d’un accord de libre-échange dépendent fortement du contenu de l’accord. L’Afrique du Nord doit être en mesure de négocier les termes de l’accord afin que toutes les parties en bénéficient. A l’instar du vaste projet de privatisation en Egypte qui permettra de céder des actifs pour près de 1,9 milliard USD.

Relation bilatérale de la Russie avec les pays du Maghreb

La Russie entretient des relations différentes avec chaque pays de l’Afrique du Nord. Par exemple, les échanges entre la Russie et la Tunisie sont encore très embryonnaires. En revanche, parmi les pays du Maghreb, l’Algérie est celle qui entretient le plus de relations avec la Russie. Leur collaboration a débuté avant l’indépendance de l’Algérie, lorsque la Russie a soutenu la révolution algérienne pour l’indépendance. Les liens entre les deux pays se sont améliorés avec le temps. La Russie et l’Algérie ont signé 120 accords stratégiques dans plusieurs domaines.

Principalement dans le domaine militaire, l’Algérie souhaite renforcer davantage ses échanges avec la Russie, d’autant plus qu’elle consacre 5 % de son PIB aux dépenses militaires. Accorder une grande importance à la diversification des produits importés est une priorité pour l’Algérie, et ses importations proviennent principalement de la Russie, la Chine, la Turquie, la France et l’Inde.

Cependant, ses relations avec la Russie s’élargissent dans plusieurs domaines, englobant non seulement des aspects militaires, mais aussi des coopérations économiques, technologiques, énergétiques et culturels. À titre d’exemple, l’Algérie exploite actuellement deux réacteurs nucléaires avec l’appui de l’expertise russe. Quant au domaine culturel, la Russie a récemment inauguré à Moscou une place en hommage à un héros national algérien, l’émir Abdelkader.

En 2021, les exportations de la Russie vers l’Algérie ont été évaluées à 1,48 milliards USD. Les principaux produits exportés étaient les équipements de navigation. Au cours des 20 dernières années, les exportations vers l’Algérie ont enregistré une croissance annuelle de 12,1 %. Pendant la même période, les exportations de l’Algérie vers la Russie se sont élevées de 17,3 millions USD, avec les fruits et l’hydrogène comme principaux produits exportés. Les exportations vers la Russie ont augmenté de 7,54 % en 20 ans.

Après l’Algérie, le Maroc occupe la seconde position en termes du nombre d’accords signés avec la Russie. Les échanges entre le Maroc et la Russie sont estimés en moyenne à 1,71 milliard USD par an. Lors du sommet Afrique-Russie, la Russie a mentionné que ses relations avec le Maroc s’étendent sur plusieurs domaines, notamment l’économie, la finance, le tourisme et d’autres secteurs stratégiques. Un représentant russe lors du sommet, M. Zakharova, a déclaré que le Maroc est l’un des partenaires principaux de la Russie en Afrique. En ce qui concerne les perspectives futur, elle a indiqué que la Russie est intéressée par le développement des échanges dans le domaine de l’énergie et de la technologie.

En 2021, la Russie a exporté 1,61 milliards USD en destination vers le Maroc, les briquettes de charbon constituant les principaux produits. Depuis les années 1990, les exportations de la Russie vers le Maroc ont augmenté en moyenne de 7,43 % par an. En comparaison, les exportations du Maroc vers la Russie ont été évaluées à 383 millions USD la même année, avec les agrumes et les textiles en tant que principaux produits. Les échanges avec la Russie ont augmenté de 13 % par an durant les 20 dernières années.

Concernant les relations commerciales, l’Egypte est le premier partenaire de la Russie. En 2021, la Russie a exporté des marchandises d’une valeur totale de 5,3 milliards USD vers l’Egypte, le blé étant le principal produit exporté. Dans l’autre sens, l’Égypte a exporté des produits de 554 millions USD vers la Russie. Au cours des 20 dernières années, les échanges entre les deux pays ont connu une croissance en moyenne de 11 %.

L’accord de libre-échange entre l’Afrique et la Russie est en cours de finalisation. Une question majeure demeure : l’Afrique est-t-elle en mesure de négocier les termes de cet échange ?