Le partenariat stratégique triennal UE-Égypte vise à faciliter les réformes économiques et à atténuer les causes profondes de la migration irrégulière dans la région. L’accord triennal représente la dernière initiative du bloc Nord pour prévenir les traversées périlleuses en Méditerranée.
Partenariat stratégique UE-Égypte
Les dirigeants de l’UE ont finalisé un accord d’une valeur de 7,4 milliards EUR avec l’Égypte pour soutenir son économie en difficulté. Cette décision vise à favoriser la stabilité régionale et à prévenir une nouvelle crise migratoire en Europe. Le partenariat stratégique triennal UE-Égypte comprend :
- 5 milliards EUR de prêts bonifiés pour faciliter les réformes économiques
- 1,8 milliard EUR pour encourager les investissements du secteur privé
- 600 millions EUR de subventions, dont 200 millions EUR sont alloués à la gestion des migrations
Après des mois d’engagement diplomatique intense et productif entre l’UE et l’Égypte, six dirigeants de l’UE se sont rendus au Caire ce dimanche 17 mars 2024 en vue de finaliser cet accord financier.
Position stratégique de l’Égypte
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné lors de sa visite en Égypte que l’accord financier reflète la position stratégique de l’Égypte au sein de la région du Maghreb. Elle a dirigé la délégation européenne lors de la réunion avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi, accompagnée des premiers ministres de Grèce, d’Autriche, de Chypre et de Belgique.
« La présence aujourd’hui de six dirigeants européens témoigne de la profondeur de notre engagement envers notre relation. Nos intérêts stratégiques nous unissent dans la stabilité et la prospérité. Compte tenu de votre influence politique et économique, ainsi que de votre position stratégique dans une région à fort potentiel économique, l’importance de notre partenariat est appelée à croître avec le temps », a déclaré Ursula von der Leyen à Abdel Fattah al-Sisi.
Prévention d’une crise migratoire en Méditerranée
L’accord triennal entre l’UE et l’Égypte représente une mesure déterminée pour empêcher les réfugiés de traverser la Méditerranée. Il couvre un éventail de questions bien plus large que l’accord controversé de 150 millions EUR conclu l’année précédente avec la Tunisie. Giorgia Meloni, présidente du parti Frères d’Italie, a félicité le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi pour l’implication de l’Égypte, aux côtés des États-Unis et du Qatar, dans les efforts visant à mettre fin au conflit à Gaza. La migration a également été un sujet important de discussion, ayant des implications majeures en matière de politique intérieure.
Selon les dirigeants européens, la méthode la plus efficace pour dissuader les individus du Sud d’émigrer vers l’Europe ne consiste pas seulement à démanteler les réseaux de traite des êtres humains, mais aussi à « réaffirmer le droit » en Afrique et à contribuer au développement de leurs économies.
Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a également saisi l’occasion pour exercer des pressions sur Israël. « Les circonstances actuelles à Gaza sont intenables », a-t-il souligné, faisant référence au verdict préliminaire de la Cour internationale de Justice exigeant qu’Israël améliore l’accès à l’aide humanitaire.
Facteur de la crise migratoire
Depuis longtemps, les gouvernements européens expriment leurs inquiétudes quant au potentiel d’instabilité en Égypte, un pays de 106 millions d’habitants aux prises avec des difficultés pour lever des devises étrangères. Ces difficultés ont conduit l’Egypte à opter pour une privatisation, avec 1,9 milliard USD d’actifs cédés.
Les problèmes économiques et la pauvreté poussent de nombreux citoyens à émigrer ces dernières années. La Grèce et l’Italie sont particulièrement préoccupées par la perspective d’une nouvelle crise de réfugiés, à la fois de Gaza et de l’Égypte, qui accueillent actuellement environ 9 millions de personnes, dont 4 millions de Soudanais et 1,5 million de Syriens, selon l’Organisation internationale pour les migrations de l’ONU.
Position de Human Rights Watch
Human Rights Watch a exprimé des préoccupations concernant l’accord, soulignant qu’il « récompenserait le dirigeant autocratique égyptien ». L’organisation met en lumière le contrôle strict exercé sur l’Égypte par les administrations de Sissi depuis son accession au pouvoir à la suite d’un coup d’État en 2013 et son élection à la présidence en 2014. Ce contrôle se manifeste par l’écrasement de la dissidence, l’incarcération des détracteurs, la restriction des libertés des médias et des activités de la société civile.
Après un examen minutieux de la part des députés européens, l’UE a déclaré son intention de collaborer avec les pays voisins pour renforcer la démocratie et le respect des droits de l’homme par le biais de partenariats plutôt que de rompre les liens.
La déclaration commune de quatre pages comprend des engagements en faveur des droits de l’homme, y compris l’assurance que les deux parties « persisteront à remplir leurs obligations visant à promouvoir davantage la démocratie, les libertés fondamentales et les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’égalité des chances, comme établi dans les priorités du partenariat ».