Il est peu probable que les élections de 2024 modifient les fondamentaux de la politique américaine à l’égard de l’Afrique. Washington continuera de se concentrer sur l’équilibre des intérêts économiques. Les démocrates comme les républicains reconnaissent l’importance stratégique de l’Afrique dans un paysage géopolitique en pleine mutation. Cependant, les approches divergentes des partis peuvent influencer la manière dont la politique américaine est perçue par les partenaires africains et européens.
Priorités de la politique américaine concernant l’Afrique
L’Afrique : Acteur géopolitique clé pour les USA
Si les démocrates et les républicains partagent un engagement bipartisan en faveur de la promotion des intérêts géopolitiques des États-Unis sur le continent, leurs points de vue sur la concurrence avec la Chine et la Russie peuvent différer. L’administration Biden poursuit l’approche de Trump envers la Chine, mais n’a pas communiqué de stratégie claire et globale. Alors que Trump a ouvertement présenté l’engagement américain en Afrique comme une rivalité avec la Chine, Biden évite une telle concurrence directe.
Les implications des prochaines élections sur l’approche américaine envers la Russie seront également d’une importance considérable pour la politique africaine des États-Unis. En effet, le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’est déjà étendu à l’Afrique de l’Ouest.
Renforcer les relations économiques
Cela nécessitera de poursuivre les efforts visant à renforcer les liens commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique. Notamment, en élargissant les initiatives telles que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) qui stimulent le commerce et l’investissement. L’administration Trump a lancé Prosper Africa, et le Président Biden l’a relancé en y consacrant 80 millions USD supplémentaires pour investir dans les infrastructures, l’énergie propre et les soins de santé.
Le programme met en avant les avantages économiques de marchés et de pratiques commerciales transparents, en les comparant aux approches soutenues par la Chine et la Russie. Bien qu’elle ait initialement été axée sur la lutte contre ces concurrents internationaux, l’initiative a également ouvert la voie à des partenariats mutuellement bénéfiques en Afrique.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), officiellement lancée en 2019 pour favoriser l’intégration économique, est une autre initiative prometteuse. Cet espace est favorable pour investir dans les infrastructures africaines et encourager les entreprises américaines à conclure des partenariats public-privé.
La protection des intérêts américains
Pour des régions instables comme le Sahel et la Corne de l’Afrique, les USA doivent trouver un équilibre entre le soutien aux normes internationales et les intérêts sécuritaires. L’instabilité au Sahel, qui associe une violence croissante des insurgés et des coups d’État fréquents, révèle un manque de clarté stratégique dans la politique américaine en Afrique. Depuis 2021, l’administration Biden tente de faire évoluer l’engagement américain en Afrique, de l’approche transactionnelle de Trump vers une approche mettant l’accent sur les valeurs démocratiques.
Cependant, ces changements tangibles dans les priorités diplomatiques américaines ont été limités. Notamment, par la présence de grandes et moyennes puissances qui ont une vision différente de l’ordre fondé sur des règles. Et aussi, par la sélectivité accrue des dirigeants africains dans le choix de leurs partenaires à long terme.
L’UE navigue dans la politique américaine en Afrique
Les États-Unis et l’UE sont en concurrence avec la Chine et la Russie pour l’accès aux ressources en Afrique. Une administration Trump mettrait probablement l’accent sur les intérêts immédiats des États-Unis. Et sa priorité accordée à la concurrence stratégique plutôt qu’à la collaboration à long terme avec l’Afrique pourrait mettre à rude épreuve les relations avec l’UE. Cela pourrait conduire à un deuxième retrait de l’Accord de Paris et exacerber les problèmes climatiques et environnementaux en Afrique. En outre, les éloges de Trump à des hommes forts tels que Vladimir Poutine et Viktor Orbán pourraient également saper le soutien de l’UE à la démocratie dans la région.
L’approche de Harris devrait privilégier les efforts diplomatiques pour répondre aux défis communs. Notamment, avec les acteurs africains pour favoriser une collaboration plus étroite entre l’UE et le continent sur les questions climatiques et sur des sujets spécifiques tels que les matières premières essentielles. Le risque majeur pour les États-Unis et l’UE serait de s’enliser dans des dynamiques géopolitiques liées à l’Afrique.
Les intérêts géopolitiques de l’UE et des États-Unis, comme la lutte contre leurs concurrents en Afrique, ne devraient pas être le seul facteur déterminant dans l’élaboration de leur politique africaine, car cela pourrait donner l’impression que les intérêts des pays africains sont secondaires.