En 2024, l’économie africaine devrait connaître une expansion significative, selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD). Le continent occupe désormais la deuxième place parmi les régions les plus performantes économiquement au niveau mondial.
Potentiel de croissance remarquable
Les nations africaines démontrent une résilience notable face aux fluctuations économiques mondiales, selon le rapport « Perspectives économiques en Afrique » de la BAD. En 2024 et 2025, le continent africain se classe au deuxième rang des régions à la croissance la plus rapide, juste après l’Asie en développement. Une position que la région sud occupe déjà en 2023.
L’étude estime que l’économie africaine devrait croître de 3,7 % en 2024 et de 4,3 % en 2025, ce qui est supérieur à la moyenne mondiale de 3,2 %. Parmi les 41 économies africaines, 17 devraient enregistrer une croissance supérieure à 5 % en 2024. Ce nombre pourrait atteindre 24 en 2025 grâce à l’accélération du rythme de croissance.
Disparité de la performance par région
Les prévisions de croissance varient selon les régions d’Afrique. Cela dépend de plusieurs facteurs, comme la façon dont les économies sont organisées, leur dépendance aux ressources naturelles et des politiques en vigueur. De manière générale, la région Est affiche la meilleure performance économique, tandis que les autres progressent à un rythme plus modéré.
Afrique de l’Est : Croissance la plus rapide
L’Afrique de l’Est devrait voir son PIB augmenter de 1,5 % en 2023, de 4,9 % en 2024, et de 5,7 % en 2025. En janvier 2024, le rapport Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique (MEO) de la BAD prévoit une progression de 0,2 point de pourcentage supérieur. Cependant, cette prévision est révisée à la baisse en raison des contractions économiques plus importantes que prévu au Soudan et au Soudan du Sud.
Afrique de l’Ouest : Bonne reprise
L’économie de la région Ouest-africaine progresse, passant de 3,6 % en 2023 à 4,2 % en 2024 avant d’atteindre 4,4 % en 2025. Une nette amélioration de 0,3 % pour 2024 par rapport aux projections de MEO. Cette reprise solide reflète une croissance accrue dans les grandes économies de la région, notamment la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Sénégal.
Afrique centrale : Croissance modérée
En Afrique centrale, l’économie progresse à un rythme modéré. Sa croissance s’établit à 4,3 % en 2023, à 4,1 % en 2024, puis atteint à 4,7 % l’année suivante. L’amélioration est due à une anticipation de croissance plus forte au Tchad et en République démocratique du Congo, grâce aux cours favorables des métaux.
Région australe : Légère progression
L’économie de l’Afrique australe devrait légèrement s’améliorer dans les années à venir. Le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 2,2 % en 2024, puis de 2,7 % en 2025. C’est un peu mieux que ce qui était prévu il y a quelques mois. La raison principale de cette amélioration est que l’économie de l’Afrique du Sud devrait grandir de 0,7 %. Cela compense les difficultés économiques que rencontrent d’autres pays de la région, comme l’Angola, le Botswana, le Lesotho, la Zambie et le Zimbabwe.
Afrique du Nord : Diminution et reprise
Le PIB de la région Nord devrait passer de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024, marquant une révision à la baisse de 0,3 % par rapport aux estimations MEO de la BAD. Cette diminution est due à la régression économique des pays de la région, à l’exception de la Libye et de la Mauritanie. Néanmoins, une légère hausse à 4,2 % est prévue pour 2025.
Propositions de réforme de l’architecture financière mondiale
Le document « Perspectives économiques en Afrique 2024 » appelle à une refonte de l’architecture financière mondiale pour mieux soutenir les nations africaines. Cela implique un rôle plus important du continent dans les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales. Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, insiste sur le besoin d’une part équitable des ressources pour que l’Afrique puisse pleinement exploiter ses opportunités économiques. Le document propose une réforme audacieuse en cinq points clés :
- Lever des fonds privés pour compléter les fonds gouvernementaux.
- Simplifier le financement climatique afin d’améliorer l’accès des pays africains.
- Restructurer les banques multilatérales pour accorder des prêts à long terme et utiliser des ressources spéciales du Fonds monétaire international (FMI)
- Rationaliser la résolution de la dette avec des solutions innovantes
- Renforcer la mobilisation des ressources internes en améliorant les politiques fiscales et la gestion des recettes publiques.
Akinwumi Adesina souligne également l’urgence de réformer la gouvernance pour favoriser la transparence, la responsabilité et la gestion du capital naturel du continent. Ces réformes sont particulièrement cruciales en cette période de transition énergétique, visant à sécuriser les ressources et à profiter à toute la population africaine. Une véritable résilience n’est possible qu’avec une bonne adaptation aux changements climatiques.
Malgré des performances notables en termes de croissance économique, le rapport souligne que l’Afrique doit encore parcourir un long chemin pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD). Sans mesures correctives prises rapidement, la pauvreté risque de s’accentuer, et d’ici 2030, environ 87 % des personnes les plus pauvres du monde pourraient vivre en Afrique.