D’ici 2030, l’Afrique subsaharienne devra créer jusqu’à 15 millions d’emplois chaque année pour répondre à l’essor de sa population active. Ce défi colossal, amplifié par des pressions démographiques et économiques, exige des stratégies ambitieuses et ciblées. Les solutions passent par une transformation structurelle du marché du travail, l’élimination des obstacles à la croissance des entreprises et l’amélioration des infrastructures. Une approche coordonnée entre les gouvernements, le secteur privé et les partenaires internationaux est essentielle pour atteindre ces objectifs ambitieux.
Pression démographique sans précédent
L’Afrique subsaharienne connaît une croissance démographique unique. Les pays les moins avancés et à faible revenu du continent concentrent 80 % des besoins en création d’emplois. Au Niger, avec une population jeune en constante augmentation, 650 000 nouveaux postes sont requis chaque année sur les 30 prochaines années. En revanche, des pays atteignant un pic d’âge jeune, comme Maurice ou le Ghana, font face à des besoins moins urgents.
Cette dynamique représente une opportunité. La création d’emplois bien rémunérés pourrait transformer cette pression en moteur de croissance. Toutefois, sans action, les conséquences incluent pauvreté, insécurité alimentaire et migrations massives. Une gestion proactive est donc cruciale pour transformer cette croissance en atout économique. En investissant dans des programmes ciblés et en renforçant les infrastructures, les pays peuvent répondre efficacement à ces pressions.
Marché du travail dominé par l’informalité
Près de 85 % des emplois en Afrique subsaharienne sont informels. Ces postes, souvent précaires, manquent de protection sociale et de stabilité juridique. Malgré tout, ce secteur joue un rôle vital pour les jeunes et les femmes, en particulier dans les économies rurales.
Transition vers l’emploi formel
La majorité des travailleurs informels reste piégée dans des emplois peu rémunérateurs. En Ouganda, moins de 5 % des travailleurs informels accèdent à des postes formels. Les jeunes femmes subissent particulièrement des discriminations et des responsabilités familiales accrues, limitant leur participation économique.
Des solutions incluent des formations adaptées, un meilleur accès au financement et des incitations pour favoriser la formalisation des emplois. Ces mesures peuvent transformer l’emploi informel en tremplin vers des opportunités plus stables. En outre, l’intégration de programmes de protection sociale pourrait offrir un filet de sécurité essentiel pour les travailleurs vulnérables.
Entreprises africaines : freinées dans leur croissance
Malgré un fort esprit entrepreneurial, les entreprises africaines peinent à croître. La plupart restent de petite taille, non enregistrées et peu productives. Les microentreprises dominent, tandis que les moyennes et grandes entreprises, essentielles à la création d’emplois massifs, sont trop rares. Les principaux obstacles sont :
- Difficultés d’accès au financement, car les petites entreprises manquent souvent de fonds pour se développer.
- Infrastructures inadéquates telles que les coupures d’électricité fréquentes et accès limité à Internet freinent la productivité.
- Lourdeurs administratives et les procédures complexes qui dissuadent les entrepreneurs.
Pour surmonter ces obstacles, des investissements dans les infrastructures et des réformes administratives sont essentiels. Par exemple, la simplification des formalités et le développement des marchés de capitaux locaux peuvent stimuler l’écosystème entrepreneurial. Les politiques publiques doivent également encourager l’accès à des technologies modernes pour accélérer la croissance des entreprises.
Transformation structurelle indispensable
L’industrie manufacturière et les services modernes présentent un fort potentiel pour stimuler la création d’emplois. Cependant, leur développement reste limité par un manque d’investissements et de compétences adaptées. Une stratégie claire pour exploiter ces secteurs pourrait générer des opportunités économiques substantielles. Les secteurs prioritaires sont :
- Technologies de l’information et finance, offrant des opportunités d’emplois bien rémunérés ainsi qu’à forte valeur ajoutée.
- Agroalimentaire. Au Rwanda, ce secteur a triplé son taux d’emploi grâce à des investissements ciblés.
- Énergies renouvelables, une source d’emplois durable et respectueuse de l’environnement.
Pour maximiser l’impact, des politiques favorisant l’éducation, l’innovation et les infrastructures sont nécessaires. La diversification économique représente aussi un levier crucial pour réduire la dépendance aux matières premières et stimuler une croissance inclusive.
Renforcer le secteur privé pour une croissance inclusive
Une croissance inclusive repose sur un secteur privé dynamique. Pour cela, plusieurs mesures s’imposent. Il convient d’améliorer l’accès au financement, comme les services bancaires mobiles pour faciliter l’accès au crédit. Les investissements dans les infrastructures comme les routes, électricité et Internet sont également essentiels pour soutenir les entreprises. La numérisation des formalités peut réduire les délais et les coûts.
Des programmes ciblant les jeunes et les femmes peuvent réduire les disparités et accroître la participation au marché du travail. L’éducation et la formation professionnelle jouent un rôle central pour aligner les compétences sur les besoins du marché. En outre, des incitations fiscales et des subventions peuvent encourager les entreprises à embaucher dans des secteurs stratégiques.