Le 29 janvier 2024, à Rome, le gouvernement local annonce un plan de près de 6 milliards USD pour soutenir le développement de l’Afrique. La question des migrants et plusieurs initiatives en faveur de la résilience du continent sont au cœur des discussions.
Contexte du Sommet Italie-Afrique à Rome
Le Sommet Italie-Afrique se tient à Rome les 28 et 29 janvier 2024, sous le thème « Un pont vers une croissance commune ». Il s’agit également du premier événement international organisé en Italie depuis le début de sa présidence du G7. Autrefois de niveau ministériel, cette conférence est élevée au rang de sommet des chefs d’État et de gouvernement pour la première fois. L’objectif principal est de financer le développement africain, en proposant l’Italie comme pont entre les deux continents pour des investissements et des approvisionnements énergétiques.
L’assemblée réunit 25 dirigeants africains et plusieurs hauts dignitaires européens, dont les présidents du Conseil européen Charles Michel, de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Parlement européen Roberta Metsola. La secrétaire générale adjointe des Nations unies Amina Mohammed et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Kristalina Georgieva honorent l’événement de leur présence.
Le discours du précédent président de l’Union africaine et chef d’État des Comores, Azali Assoumani, constitue l’un des moments forts du sommet. Les chefs d’État du Sénégal Macky Sall, du Ghana, du Kenya, de la République du Congo et de la Somalie participent également à la prise de parole. Les chefs de gouvernement du Zimbabwe, de la Tunisie, du Mozambique, de l’Érythrée, de l’Éthiopie et du Cap-Vert sont également présents.
La Première ministre italienne appelle à un nouveau partenariat
À l’instar du partenariat entre le Canada et l’Afrique, un nouveau chapitre s’ouvre dans l’histoire des relations entre l’Europe et l’Afrique. La Première ministre de l’Italie, Giorgia Meloni, évoque une coopération entre égaux, loin de toute imposition et supposition charitable à l’égard de l’Afrique. À cette occasion, la dirigeante italienne annonce diverses initiatives visant à renforcer les liens économiques, à créer un pôle énergétique pour l’Europe et à freiner l’émigration africaine vers l’Europe. « Le monde ne peut pas envisager l’avenir sans penser à l’Afrique », souligne Madame Meloni.
Plan de développement de l’Italie pour l’Afrique en 2024
Dans le cadre de son engagement en faveur du développement de l’Afrique, l’Italie prévoit des investissements massifs dans les secteurs clés tels que l’éducation, la santé et l’agriculture. Ce plan ambitieux met particulièrement l’accent sur le renforcement des infrastructures, notamment dans le domaine de l’énergie. Il s’inscrit dans la lignée du « Plan Mattei pour l’Afrique », qui vise à établir des partenariats solides et des programmes de financement conséquents dans le secteur de l’énergie en collaboration avec les pays africains.
Une part importante de ce plan est dédiée à la lutte contre l’émigration en travaillant de concert avec les pays africains pour s’attaquer aux causes profondes des flux migratoires. L’objectif est de créer des opportunités économiques locales et de renforcer la stabilité régionale.
Pour concrétiser ces projets, le gouvernement italien prévoit une dotation initiale de 5,5 milliards USD, incluant des garanties. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a salué cet engagement, tout en soulignant l’importance d’une consultation préalable avec le continent africain, notamment dans l’élaboration du « Plan Mattei pour l’Afrique ».
Position de Giorgia Meloni sur la question des migrants
Lors du sommet Italie-Afrique, la question migratoire a été au cœur des discussions. Giorgia Meloni, en tant que Première ministre de l’Italie, a été élue sur une plateforme politique qui prône une diminution de l’immigration dans le pays. Dans ce contexte, elle a présenté un plan de développement pour l’Afrique visant à réduire le flux de migrants vers l’Italie. Ce plan comprend des accords énergétiques en échange d’une coopération renforcée en matière de migrations.
Pour mettre en œuvre cette approche, Giorgia Meloni a déclaré l’état d’urgence pour accélérer les procédures d’identification et d’expulsion des migrants. Cette mesure reflète sa position ferme sur la question migratoire. De son côté, Ursula von der Leyen a appelé à une action collective contre les passeurs, soulignant la nécessité de réprimer les activités criminelles et de proposer des alternatives sécurisées aux routes de contrebande.
Programme « processus de Rome »
Le gouvernement italien déploie également le programme « Processus de Rome » pour lutter contre l’immigration clandestine. Cette initiative vise à s’attaquer aux causes profondes de l’immigration clandestine, telles que les conflits, les difficultés économiques et le changement climatique, et à sévir contre les passeurs de migrants. En effet, la croissance économique et le renforcement de la résilience de l’économie demeurent les axes les plus efficaces pour prévenir la migration illégale en provenance de l’Afrique. « Lorsque l’Afrique prospère, l’Europe prospère, et le monde entier aussi », exprime la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.
Ce nouveau plan octroie 100 millions EUR, dont 90 % de financements concessionnels, pour soutenir les infrastructures en Afrique. Le dispositif donne la priorité aux projets d’énergies renouvelables, de sécurité énergétique, d’eau, d’assainissement, d’initiatives agricoles, ainsi que de formation professionnelle et de création d’emplois.
Le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, affirme la résilience de l’Afrique malgré les défis économiques mondiaux, le changement climatique, les conflits et la pandémie sanitaire. Avec une croissance du PIB réel de 4,1 % en 2022, dépassant la moyenne mondiale de 3,5 %, le continent affiche une perspective économique positive. En outre, sa démographie compte 1,4 milliard d’habitants, ce qui en fait la plus grande population de jeunes au monde.
Malgré cela, l’Afrique connaît un important déficit de financement des infrastructures, estimé entre 68 et 108 milliards USD par an. Cette lacune constitue un obstacle majeur pour le développement accéléré de l’Afrique. Lors d’une session sur la coopération en matière d’économie et d’infrastructures, Dr Adesina souligne le rôle clé du Groupe de la BAD dans le soutien aux pays africains. L’institution a investi près de 44 milliards USD dans le développement des ports, des chemins de fer, des corridors de transport, de l’énergie et des infrastructures numériques au cours des sept dernières années.