Les 7 et 8 février 2025, les chefs d’État et de gouvernement des Communautés de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Afrique de l’Est (EAC) se réuniront à Dar es Salaam, en Tanzanie, pour un sommet conjoint qui promet de marquer un tournant dans la coopération régionale. Ce sommet, qui se tiendra sous le thème « Renforcer l’intégration régionale pour un développement durable », vise à aborder des questions cruciales telles que la sécurité, le commerce, l’infrastructure et le changement climatique.
Capmad examine les enjeux de ce sommet, les chiffres clés qui illustrent la situation actuelle dans ces deux régions, ainsi que les perspectives pour l’intégration régionale en Afrique.
Contexte des Communautés SADC et EAC
La SADC, fondée en 1992, regroupe 16 pays d’Afrique australe, tandis que l’EAC, créée en 1967 et relancée en 2000, comprend six pays d’Afrique de l’Est. Ensemble, ces deux organisations représentent une population combinée de plus de 300 millions d’habitants et un produit intérieur brut (PIB) d’environ 600 milliards USD. La SADC et l’EAC ont pour objectif de promouvoir le développement économique, la paix et la sécurité, ainsi que l’intégration régionale.
Chiffres clés
- Population et économie : La SADC compte environ 360 millions d’habitants, tandis que l’EAC en compte environ 180 millions. Ensemble, ces deux régions représentent près de 50 % de la population totale de l’Afrique. En 2023, le PIB de la SADC était estimé à 600 milliards USD, tandis que celui de l’EAC atteignait environ 200 milliards USD.
- Commerce Intra-Régional : Le commerce intra-régional dans la SADC atteint environ 25 % du commerce total en 2023, tandis que dans l’EAC, il est d’environ 15 %. Ces chiffres montrent un potentiel d’amélioration significatif pour renforcer les échanges commerciaux entre les pays membres.
- Infrastructure : Selon la Banque africaine de développement (BAD), les besoins en infrastructure dans la SADC et l’EAC sont estimés à 100 milliards USD par an. Le manque d’infrastructures adéquates entrave le commerce et le développement économique dans ces régions.
- Sécurité : La région des Grands Lacs, qui englobe des pays membres de la SADC et de l’EAC, est confrontée à des défis sécuritaires majeurs. En 2024, plus de 5 millions de personnes sont déplacées en raison de conflits armés dans cette région, ce qui souligne l’importance d’une coopération renforcée en matière de sécurité.
Objectifs du sommet
Le sommet conjoint SADC-EAC de février 2025 a plusieurs objectifs clés.
- Renforcer la Coopération Économique : Les dirigeants discuteront de la création d’une zone de libre-échange entre la SADC et l’EAC, visant à augmenter le commerce intra-régional et à réduire les barrières tarifaires. L’objectif est d’atteindre un commerce intra-régional de 30 % d’ici 2030.
- Améliorer la sécurité régionale : Les participants aborderont les questions de sécurité, notamment la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et les conflits armés. Un plan d’action sera proposé pour renforcer la coopération en matière de sécurité entre les États membres.
- Développement durable et changement climatique : Le sommet mettra également l’accent sur les défis liés au changement climatique. Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), l’Afrique est l’une des régions les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, avec des pertes économiques estimées à 50 milliards USD par an d’ici 2030 si aucune action n’est entreprise.
- Infrastructure et connectivité : Les dirigeants discuteront des projets d’infrastructure régionaux, notamment le développement des routes, des chemins de fer et des ports. Le projet de corridor de transport de la SADC, qui vise à améliorer la connectivité entre les pays membres, sera un point central des discussions.
Réactions, attentes et perspectives
Les préparatifs pour le sommet suscitent des réactions positives de la part des dirigeants et des acteurs économiques. Le Président tanzanien Samia Suluhu Hassan déclare : « Ce sommet est une occasion unique de renforcer notre unité et de travailler ensemble pour un avenir meilleur pour nos peuples ».
Cependant, des défis subsistent. La mise en œuvre des accords et des initiatives discutés lors du sommet dépendra de la volonté politique des dirigeants et de la capacité à mobiliser des ressources. Selon le Dr. Amani Kihanga, analyste politique basé à Nairobi, « la clé du succès réside dans la capacité des États membres à surmonter leurs différences et à travailler ensemble pour le bien commun ».
Kagamé – Tshisekedi : Se parler et trouver des solutions à la crise
Le Président du Rwanda Paul Kagame et son homologue de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, sont annoncés à ce sommet. Cette prochaine rencontre représente une réelle opportunité de dialogue direct entre les deux dirigeants afin de trouver une issue pacifique au conflit qui perturbe la stabilité de la région.
Selon William Ruto, le Président hôte de ce sommet, les présidents Suluhu Samia (Tanzanie), Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Kaguta Museveni (Ouganda) et HassanS Mohamud (Somalie) ont tous confirmé leur participation au Sommet extraordinaire de Dar es Salaam.
Défis à surmonter
Malgré les avancées potentielles, plusieurs défis doivent être abordés.
- Différences politiques : Les divergences politiques entre certains pays membres peuvent entraver la coopération. La nécessité d’un dialogue ouvert et constructif est essentielle pour surmonter ces obstacles.
- Financement des projets : Le financement des projets d’infrastructure et de développement reste un défi majeur. Les pays membres devront explorer des partenariats public-privé et mobiliser des financements internationaux pour soutenir leurs initiatives.
- Gestion des ressources naturelles : La gestion durable des ressources naturelles est cruciale pour le développement économique. Les pays doivent collaborer pour garantir que l’exploitation des ressources profite à tous et ne conduise pas à des conflits.
Le sommet conjoint SADC-EAC des 7 et 8 février 2025 représente une opportunité cruciale pour renforcer l’intégration régionale en Afrique de l’Est et australe. Avec une population combinée de plus de 540 millions d’habitants et un potentiel économique considérable, la coopération entre ces deux régions est essentielle pour relever les défis communs.
Les discussions sur le commerce, la sécurité, le développement durable et l’infrastructure sont des étapes importantes vers un avenir plus stable et prospère. Alors que les dirigeants se préparent à se rencontrer, l’espoir est que ce sommet marque le début d’une nouvelle ère de collaboration et de progrès pour les peuples de la SADC et de l’EAC.