Le Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) est un organe clé qui joue un rôle central dans la prise de décision et la mise en œuvre des politiques de l’UA. Lors de la récente session du Conseil exécutif, le Maroc exprime son désir de promouvoir un leadership africain fort et unifié. Cette position s’inscrit dans un contexte auquel le continent fait face à de nombreux défis, allant des crises économiques aux conflits, en passant par les enjeux environnementaux. Capmad examine les propositions du Maroc pour un leadership africain, les enjeux associés et les implications pour l’avenir du continent.

Contexte : L’Union Africaine et ses défis

L’Union africaine, fondée en 2001, a pour mission de promouvoir l’intégration et le développement des pays africains. Cependant, l’UA est confrontée à des défis majeurs. Selon le rapport 2022 de la Banque africaine de développement (BAD), le continent a enregistré une croissance économique de seulement 3,4 % en 2022, bien en deçà des prévisions initiales. De plus, des crises politiques, des conflits et des catastrophes naturelles continuent de freiner le développement de nombreux pays africains. Dans ce contexte, le leadership africain est plus crucial que jamais pour coordonner les efforts et trouver des solutions durables.

Le Maroc et son rôle dans l’UA

Le Maroc, qui réintègre l’UA en 2017 après une absence de 33 ans, a toujours plaidé pour un leadership africain fort. Le pays a mis en avant plusieurs initiatives visant à renforcer la coopération entre les États membres. En 2023, lors du Conseil exécutif de l’UA, le Maroc a proposé plusieurs axes d’action pour promouvoir un leadership africain efficace.

Renforcement de la coopération régionale

Le Maroc souligne l’importance de la coopération régionale pour faire face aux défis communs. En 2022, le commerce intra-africain représentait seulement 15 % des échanges commerciaux du continent, selon l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Le Maroc propose de renforcer les accords commerciaux régionaux, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à augmenter le commerce intra-africain à 25 % d’ici 2030.

Promotion de la paix et de la sécurité

La paix et la sécurité sont des conditions essentielles au développement. Le Maroc propose de renforcer les mécanismes de prévention des conflits et de résolution des crises. En 2022, l’UA a enregistré 12 conflits actifs sur le continent, selon le rapport de l’Institut d’études de sécurité (ISS). Le Maroc plaide pour une approche proactive, en mettant l’accent sur la diplomatie préventive et le dialogue interafricain.

Développement durable et changement climatique

Le Maroc met également en avant l’importance du développement durable et de la lutte contre le changement climatique. En 2021, le pays a accueilli la COP22, où il a présenté son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 42 % d’ici 2030. Le Maroc propose de renforcer les initiatives africaines en matière de durabilité, notamment à travers des projets d’énergie renouvelable et d’agriculture durable. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Afrique pourrait générer 310 GW d’énergie renouvelable d’ici 2030, ce qui pourrait transformer le paysage énergétique du continent.

Éducation et formation

Le Maroc souligne que le développement du capital humain est essentiel pour un leadership africain efficace. En 2022, l’UNESCO a rapporté que 60 millions d’enfants en Afrique ne sont pas scolarisés. Le Maroc souhaite un investissement majeur dans l’éducation et la formation professionnelle pour préparer les jeunes aux défis du marché du travail. Cela inclut la promotion des STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) pour encourager l’innovation et la compétitivité.

Les implications du leadership africain proposé par le Maroc

Le leadership africain proposé par le Maroc a des implications profondes pour l’avenir du continent. En renforçant la coopération régionale, en promouvant la paix et la sécurité, en s’attaquant aux défis environnementaux et en investissant dans l’éducation, le Maroc cherche à établir un modèle de développement inclusif et durable. Cela pourrait également renforcer la position de l’UA sur la scène internationale. Notamment, en faisant entendre la voix de l’Afrique dans les discussions mondiales sur des questions telles que le changement climatique et le développement économique.

Un modèle de coopération régionale

La proposition du Maroc de renforcer la coopération régionale pourrait servir de modèle pour d’autres régions du monde. En favorisant le commerce intra-africain et en soutenant des initiatives régionales, le Maroc pourrait contribuer à créer un environnement économique plus intégré et résilient. Cela pourrait également encourager d’autres pays à adopter des approches similaires pour résoudre des problèmes communs.

Renforcement de la légitimité de l’UA

En mettant l’accent sur la paix et la sécurité, le Maroc pourrait aider à renforcer la légitimité de l’UA en tant qu’acteur clé dans la résolution des conflits. Une approche proactive en matière de prévention des conflits pourrait également réduire le coût économique des crises, qui s’élève à environ 18 milliards USD par an pour l’Afrique, selon l’Institut de paix et de sécurité de l’UA.

Leadership environnemental

Le Maroc pourrait également se positionner comme un leader en matière de durabilité environnementale. En mettant en avant des initiatives telles que l’énergie renouvelable, le pays pourrait inspirer d’autres nations africaines à adopter des pratiques durables. Cela pourrait aussi attirer des investissements étrangers dans des projets verts, contribuant ainsi à la croissance économique et à la création d’emplois.

Investissement dans le capital humain

L’accent mis par le Maroc sur l’éducation et la formation pourrait avoir des répercussions positives sur le développement économique à long terme. En investissant dans le capital humain, le Maroc pourrait contribuer à créer une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre aux besoins du marché du travail. Cela pourrait également réduire le chômage des jeunes, qui atteint actuellement 14 % en Afrique, selon l’Organisation internationale du travail (OIT).

Alors que l’Afrique fait face à des défis sans précédent, le leadership proposé par le Maroc pourrait jouer un rôle crucial dans la construction d’un meilleur avenir pour tous.