L’Afrique, connue pour ses activités extractives, dispose également de richesses minérales stratégiques en abondance. Ces dernières, indispensables pour l’industrie des solutions énergétiques propres, constituent des opportunités uniques pour l’industrialisation verte, le développement durable et inclusif du continent.
Opportunités de la course aux métaux critiques
La course vers la durabilité représente une opportunité économique majeure pour le secteur minier africain. L’accélération de la transition numérique et énergétique stimule la demande mondiale en minéraux essentiels. L’Afrique, abritant environ 30 % des réserves minérales mondiales, possède d’importants gisements de ces ressources stratégiques. Outre l’espoir d’une révolution industrielle verte, ces derniers génèrent des revenus considérables améliorant les conditions de vie des Africains, souvent précaires.
Tendance à la hausse de la demande mondiale des minéraux essentiels
Le cobalt, le manganèse, le graphite, le cuivre et le lithium jouent actuellement un rôle crucial dans une nouvelle ère visant la durabilité et la neutralité carbone. Ces éléments sont indispensables à la fabrication des technologies vertes et à l’amélioration de la connectivité mondiale. L’avenir des industries des véhicules électriques, des générateurs d’énergie propre tels que l’éolien et les panneaux photovoltaïques en dépend.
La demande mondiale de cobalt enregistre une hausse de 70 % entre 2017 et 2022, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui anticipe une croissance continue. Cette tendance est bénéfique pour les pays africains producteurs, en particulier la République Démocratique du Congo (RDC).
D’autres minéraux suivent une tendance similaire. Durant cette période, la demande de nickel augmente de 40 %, et celle de cuivre devrait croître de 45 % d’ici 2030. D’après l’AIE, la consommation annuelle de lithium devrait passer de 126 000 tonnes en 2022 à 1,3 million de tonnes en 2025.
Potentiel africain en ressources stratégiques
L’Afrique dispose d’un gisement important de manganèse, avec le Gabon occupant la troisième place d’exportateur mondial. Dans la filière cuprifère, la RDC se positionne en tant que leader sur le continent et se classe troisième au niveau mondial. Son potentiel de production est susceptible de surpasser celui du Pérou d’ici 2026-2027. D’autre part, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Malawi et le Mozambique abritent des réserves significatives de terres rares, des minéraux indispensables aux technologies renouvelables.
La nation arc-en-ciel domine également le marché mondial du platine, crucial pour la production d’hydrogène vert. Tandis que le Zimbabwe et le Botswana sont d’importants producteurs. Malgré un potentiel minier considérable, l’Afrique n’exploite pas encore pleinement ses opportunités. À ce jour, les pays africains ne perçoivent que 40 % des revenus potentiels de ces ressources.
graphe
Optimiser les avantages des minéraux pour le développement
La révolution verte offre une opportunité de sortir des millions de personnes de conditions précaires. L’exploitation des ressources minérales offre une solution pour relever les défis économiques découlant de la crise mondiale, des restrictions budgétaires et des dettes élevées. Rebeca Grynspan, secrétaire générale de l’ONU commerce et développement (CNUCED), exprime une opinion similaire lors de la commémoration des 60 ans de l’organisation.
L’événement aborde des stratégies pour optimiser l’exploitation des minéraux africains. Les discussions portent sur :
- mobilisation des recettes
- intégration des chaînes de valeur régionales
- augmentation des investissements dans les infrastructures, les compétences et l’innovation pour soutenir l’industrialisation minérale durable et l’action climatique.
Favoriser la création de valeur ajoutée
Pour atteindre cet objectif crucial, Mme Grynspan préconise un nouveau paradigme qui met l’accent sur la création de valeur ajoutée au niveau national. Il est également crucial de prioriser l’intégration régionale et de renforcer les capacités des communautés locales. Ce modèle s’écarte radicalement de celui de l’extraction actuelle, qui engendre une forte dépendance pour de nombreuses économies riches en ressources naturelles.
La valorisation des minerais stratégiques et critiques positionne l’Afrique comme un acteur majeur dans l’industrialisation verte. La transformation de ces minéraux en batteries « made in Africa » stimulera d’autres secteurs industriels, tels que celui des véhicules électriques. Cette révolution favorise l’électrification des systèmes de transport, la transition vers des énergies renouvelables et la réduction des émissions des industries polluantes. À long terme, l’industrialisation verte crée des emplois décents et permet à l’Afrique de s’affirmer sur le marché mondial des technologies durables.
Appel à la justice et à l’égalité
Le secrétaire général adjoint de la CNUCED, Pedro Manuel Moreno, plaide pour la justice et l’égalité dans la chaîne d’exploitation de ces minéraux, en lien avec la transition énergétique mondiale et le développement durable de l’Afrique. Un boom minier, semblable aux extractions minières massives traditionnelles, n’est pas avantageux pour l’ensemble de la société. Ce modèle ne distribue pas équitablement les profits à toutes les chaînes de travail, bénéficiant principalement aux investisseurs et à une minorité. Cela conduirait de nouveau à un cycle néfaste d’extractions minières massives traditionnelles, qui affecte de nombreuses économies.
Restructuration des normes d’exploitation minière
La vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, Monique Nsanzabaganwa, insiste sur la nécessité d’une nouvelle approche et stratégie dans les politiques régissant le secteur minier. Certains pays, tels que le Maroc, manquent même de législations claires concernant les minéraux stratégiques et critiques. Positionner l’Afrique comme un nouveau pôle de croissance mondiale grâce à l’exploitation des minerais essentiels au développement durable nécessite des structures et des systèmes internationaux équitables.
Des efforts en matière de réglementations et de structuration s’imposent également. Par ailleurs, certaines normes actuelles et futures peuvent entraver les efforts des nations africaines pour améliorer et renforcer la valorisation et la création de valeur ajoutée. Il est paradoxal que le continent ne fasse pas confiance à ses propres systèmes de certification et qu’il doit conformer ses minéraux à d’autres normes avant de les réimporter en Afrique pour valorisation ou commerce.