Le 30 juillet 2024 marque un quart de siècle de règne pour le souverain marocain Mohammed VI. Ce moment commémore l’union nationale autour de son monarque et rappelle l’importance de l’allégeance. Le discours royal met l’accent sur la gestion de l’eau, désormais une priorité stratégique pour le développement durable du Maroc. Le souverain insiste sur la nécessité de politiques efficaces pour garantir une utilisation responsable des ressources hydriques.
Défis de la sécurité hydrique au Maroc
Le Maroc, touché par une sécheresse sans précédent depuis six ans, se trouve confronté à une situation hydrique préoccupante. Le tarissement des réserves et la baisse des nappes phréatiques accentuent la pression sur les ressources disponibles. Cette réalité, reconnue au plus haut niveau de l’État, exige des actions rapides et innovantes. La politique des barrages, initiée par feu Hassan II, continue de jouer un rôle central dans la gestion de cette crise. Cependant, cela ne suffit plus à pallier les effets d’une sécheresse prolongée.
Accélération des projets d’infrastructure hydrique
Le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027, véritable pierre angulaire de la stratégie hydrique, mobilise des investissements massifs. Avec un budget de 143 milliards MAD soit environ 14,2 milliards USD, ce programme vise à renforcer les infrastructures existantes, notamment par la construction de nouveaux barrages. La gestion intégrée des bassins hydrauliques et la connexion entre les différentes régions permettent une répartition plus équitable des ressources.
Le Maroc compte aujourd’hui 153 barrages opérationnels et 18 nouveaux en cours de construction. L’accent est mis sur les régions bénéficiant d’importantes précipitations, afin de maximiser la récupération des eaux pluviales. Ce réseau de barrages, essentiel à la régulation des flux hydriques, constitue un atout stratégique pour faire face aux saisons sèches.
Projet d’interconnexion des bassins hydrauliques
L’un des projets majeurs réside dans l’interconnexion des principaux bassins hydrauliques du pays. Cette initiative, pionnière en Afrique, prévoit notamment la liaison entre les bassins de Oued Laou-Larache, Oued Sebou et Oued Oum Er-Rbia. Ce chantier vise à exploiter un milliard de mètres cubes d’eau actuellement perdu dans la mer. L’objectif reste d’assurer une distribution plus équilibrée des ressources hydriques entre les différentes régions du pays, en particulier les zones agricoles vulnérables.
Vers une industrie du dessalement de l’eau de mer
Face à la pression accrue sur les ressources naturelles, le Maroc mise également sur le développement d’une industrie du dessalement de l’eau de mer. Des investissements significatifs sont prévus pour augmenter la capacité de production à 1,7 milliard de mètres cubes par an d’ici 2030. L’ambition est d’alimenter en eau potable près de la moitié de la population, tout en assurant l’irrigation de vastes surfaces agricoles.
Le projet phare de Casablanca, qui abritera la plus grande station de dessalement d’Afrique, illustre cette volonté de diversification des sources d’approvisionnement. Cette installation, alimentée exclusivement par des énergies renouvelables, fournira de l’eau potable à 6,7 millions de personnes et permettra l’irrigation de 5 000 hectares. La réalisation de cette infrastructure de grande envergure est confiée à un consortium de partenaires marocains et étrangers, notamment le groupe espagnol Acciona.
Gouvernance hydrique plus stricte
Le succès des politiques hydriques dépend également de la rigueur dans la gestion des ressources. Mohammed VI rappelle l’importance d’une gouvernance exemplaire, dénonçant les retards et la mauvaise gestion qui nuisent à la mise en œuvre des projets. Ce monarque exige une exécution rapide et sans faille des mesures inscrites dans les différents plans d’action, en insistant sur l’impératif d’éviter tout gaspillage ou mauvaise utilisation de l’eau.
Agriculture : Au centre des stratégies de gestion de l’eau
Le secteur agricole, principal consommateur d’eau, se trouve au cœur des réformes. La généralisation de l’irrigation goutte à goutte, déjà largement adoptée, doit s’intensifier pour optimiser l’usage des ressources en période de sécheresse. Cette technique permet non seulement de réduire le gaspillage, mais aussi d’assurer une meilleure efficacité dans l’utilisation de l’eau pour les cultures.
Le lien entre la politique hydrique et la politique agricole est fondamental. Une coordination renforcée s’impose afin d’assurer une gestion cohérente des ressources, particulièrement lors des périodes de pénurie. Cette approche intégrée constitue un levier essentiel pour garantir la sécurité alimentaire et la durabilité des exploitations agricoles.