Au fur et à mesure que les réseaux routiers et ferroviaires d’Afrique de l’Est se développent, les forêts de l’Est du Congo deviennent vulnérables à la demande croissante des marchés régionaux et mondiaux.
Forêts du Congo : Priorité pour lutter contre la déforestation
Le bassin du Congo, qui s’étend sur six pays d’Afrique centrale, devrait être au cœur de l’action climatique mondiale. Cette vaste zone absorbe 4 % des émissions mondiales de CO₂ et ses tourbières stockent à elles seules 30 milliards de tonnes de carbone, soit l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de combustibles fossiles.
La République démocratique du Congo (RDC) abrite plus de la moitié de la forêt tropicale du bassin du Congo. Bien qu’elle ait interdit l’exploitation forestière illégale en 2002, le gouvernement manque de ressources pour surveiller les forêts dans un pays représentant un quart de la superficie des États-Unis.
Un rapport de Chatham House de 2014 a calculé que 87 % de l’exploitation forestière en RDC était illégale. Un autre rapport de Global Witness de 2018 affirmait qu’une entreprise européenne de bois détenant le plus grand nombre de concessions forestières en RDC opérait illégalement sur 90 % de ces concessions.
Prévenir une déforestation massive du Congo
La déforestation du bassin du Congo pourrait menacer l’une des zones de biodiversité les plus riches au monde. Les forêts de l’Est de la RDC sont parmi les dernières étendues intactes de forêt tropicale de la planète, juste derrière l’Amazonie. Ces zones contribuent à réguler le climat et fournissent des ressources comme de la nourriture, des médicaments, des matériaux et un abri à des millions de personnes.
Le bois est très convoité pour sa valeur commerciale et, une fois les routes ouvertes pour sa récolte, de nouveaux empiètements et déforestations s’ensuivent. Une gestion et un suivi efficaces de la récolte et du commerce du bois sont donc essentiels pour garantir que les lois du pays sont respectées. Ce dispositif doit conduire à une répartition équitable des bénéfices et à la réduction des exportations illégales de bois et de la fraude fiscale.
Un des taux de déforestation annuelle les plus élevés au monde
La RDC connaît l’un des taux de déforestation annuelle les plus élevés de la planète. Depuis 2010, le pays perd au moins 500 000 hectares de forêt chaque année, avec des pics bien supérieurs au million d’hectares par an. Même si la récolte du bois n’est pas le principal contributeur aux taux de déforestation de la RDC, l’agriculture à petite échelle reste une activité quotidienne pour des milliers d’opérateurs au service des marchés nationaux et internationaux.
En collaboration avec l’équipe des parcs nationaux, le gouvernement découvre que le bois atteint les frontières sans les documents requis (ce qui rend impossible de déterminer d’où il venait). De plus, une faible partie du volume total est correctement déclarée. Les erreurs de déclaration courantes des espèces d’arbres contribuent également à ce problème. Tous ces manquements conduisent à ce que le bois soit indûment taxé, voire pas du tout, ce qui nuit aux communautés locales et au gouvernement.
En 2017, la RDC commence à jeter les bases juridiques pour établir une série de « parcs à bois » aux postes frontières à travers le pays, en se concentrant dans un premier temps sur les frontières orientales.
Vers un commerce légal
Plus de 300 exploitations forestières sont recensées au Congo. Depuis Kisangani, au détour du fleuve Congo, le bois est transporté par camion sur 700 km jusqu’à la frontière, généralement sous forme de planches sciées. Ces dernières sont déchargées et inspectées au parc à bois avant de continuer vers les marchés des pays voisins, ainsi qu’au Kenya et à l’étranger.
À titre d’exemple, pour 100 mètres cubes de bois déclarés sur les feuilles de route officielles, environ 150 mètres cubes sont effectivement transportés, soit 50 mètres cubes non déclarés et impayés.
Alors que la RDC accroît ses relations commerciales avec les pays partenaires de la Communauté d’Afrique de l’Est et du monde, elle ne doit pas être laissée seule dans la lutte contre le commerce illégal du bois. Les voisins comme l’Ouganda ou même le Kenya, plus loin sur les routes commerciales, doivent améliorer la manière dont le bois entrant est vérifié et enregistré.
Après tout, les pays exportateurs et importateurs assument des responsabilités partagées et proportionnelles en matière de gestion de l’environnement. Dans le cas contraire, une fois que les forêts de la RDC auront disparu, tout le monde en paiera le prix.