Le gouvernement égyptien a entrepris une initiative majeure de privatisation visant à revitaliser son économie et à attirer des investissements étrangers. Des actifs publics d’une valeur significative, évalués à 1,9 milliard USD, ont été cédés dans le cadre de cette démarche.
L’objectif de cette initiative est de stimuler les entreprises privées, encourager la concurrence, et créer un environnement plus favorable aux investisseurs, dans le but de favoriser une croissance économique durable. À ce jour, le gouvernement a déjà reçu 1,65 milliard USD sur les 1,9 milliard USD prévus.
Initialement, l’espoir du gouvernement était de récolter 2 milliards USD en vendant des actions d’ici la fin de juin. Toutefois, en raison de retards, la valeur de la livre a connu une diminution sur le marché noir. En comparaison avec sa valeur de l’année précédente, le taux de change officiel indique une dépréciation de la livre de plus de 50 %.
La crise économique en Égypte s’est récemment intensifiée, incitant le gouvernement à promouvoir l’investissement dans le secteur privé par le biais de la privatisation.
Cet accord revêt une importance cruciale pour soulager la pression sur la livre égyptienne en renforçant les réserves de devises étrangères. Il facilite également la mise en œuvre de réformes économiques dans le cadre d’un programme de prêt du FMI d’une valeur de 3 milliards USD.
La dépréciation de la monnaie égyptienne et le retrait des investissements étrangers représentent des défis significatifs. Depuis février 2022, marqué par le début de la guerre en Ukraine, la monnaie égyptienne a connu une dépréciation de plus de 50 % par rapport au dollar américain. De plus, l’Égypte a récemment fait face à une inflation élevée, dépassant les 36 % jusqu’au mois dernier, tandis qu’un tiers de la population vit dans la pauvreté.
Principales transactions dans le cadre de l’accord
L’accord comprend la vente de participations dans 32 entreprises publiques, dont Telecom Egypt. Telecom Egypt (WE) est une importante entreprise de télécommunications en Égypte, étant le premier opérateur de télécommunications intégré du pays. Elle joue un rôle majeur en tant que principal fournisseur de services fixes et le fournisseur exclusif de services de télécommunications en gros au Moyen-Orient.
Dans le cadre de cet accord, les entreprises chimiques Elab, pétrochimiques Ethdyco et pétrolières Egyptian Drilling Company ont également été cédées à Abu Dhabi Development Holdings pour une somme de 800 millions USD.
Le gouvernement égyptien envisage également de vendre d’autres participations dans des entreprises telles que la ferme éolienne de Gabal el-Zeit, Wataniya Petroleum détenue par l’armée, et une centrale électrique construite par Siemens.
Privatisation : Ouverture à différentes opportunités d’investissement
En renforçant l’investissement du secteur privé, la privatisation créera plus d’emplois, de sources de revenus imposables tout en améliorant la compétitivité. Le gouvernement vise à attirer 10 milliards USD d’investissements privés au cours des quatre prochaines années. Le but étant de répondre à ses obligations de dette étrangère et améliorer sa situation économique.
Énergie et Infrastructures
Le secteur de l’énergie en Égypte présente des opportunités d’investissement attractives, couvrant les énergies renouvelables, le pétrole, le gaz et le développement des infrastructures.
L’industrie pétrolière et gazière occupe une place centrale dans l’économie égyptienne, contribuant à environ 24 % du PIB total du pays. L’Égypte dispose de vastes ressources énergétiques, incluant des combustibles fossiles traditionnels et des sources d’énergie renouvelable.
Fin de 2020, le pays détenait des réserves prouvées de 3,6 milliards de barils de pétrole et de 75,5 billions de pieds cubes de gaz naturel. Le gouvernement encourage activement la participation des compagnies pétrolières internationales dans ce secteur, avec plus de cinquante entreprises opérant actuellement dans le pays.
En attirant des investisseurs nationaux et internationaux, l’Égypte a l’opportunité de diversifier son mix énergétique grâce à des financements privés.
Secteurs de la fabrication et de l’industrie
L’Égypte offre un marché de consommation important, une main-d’œuvre qualifiée, et un environnement commercial qui attire les investisseurs dans le secteur manufacturier. Les secteurs tels que l’automobile, les textiles, la chimie et la transformation alimentaire sont bien positionnés pour les investissements privés.
Malgré les défis économiques, les dépenses des consommateurs en Égypte sont restées solides, reflétant la vitalité économique et l’optimisme. Au T4 2022, les dépenses des consommateurs en Égypte ont atteint 2 043 milliards EGP, contre 1 843 milliards EGP au T3 2022.
Tourisme et Hôtellerie
L’Égypte, avec son riche patrimoine culturel et ses attractions naturelles, occupe une place de choix en tant que destination touristique de premier plan. La vente de parts dans des hôtels, des stations balnéaires et des sites touristiques détenus par l’État peut attirer les investisseurs privés du secteur du tourisme et de l’hôtellerie.
En 2021, le secteur du tourisme a généré environ 9,50 milliards USD en Égypte, représentant environ 2 % de son produit intérieur brut (PIB) et constituant environ 57 % des recettes touristiques internationales en Afrique du Nord. Au cours du premier trimestre de l’exercice 2022/2023, les revenus du tourisme ont enregistré une augmentation significative de 43,5 %, atteignant 4,1 milliards USD, comparativement à 2,8 milliards USD précédemment.
Les prévisions de Fitch Solutions indiquent une tendance à la hausse du nombre de touristes en Égypte entre 2023 et 2026, avec des recettes touristiques prévues en augmentation de 17,7 % pour atteindre 13,6 milliards USD en 2023, et une projection finale de 17,9 milliards USD d’ici la fin de 2026. Ces perspectives témoignent d’un potentiel de croissance significatif dans le secteur touristique égyptien au cours des prochaines années.
Transport et Logistique
L’Égypte, du fait de sa position stratégique et de ses réseaux de transport bien développés, constitue un hub logistique régional crucial. Les investissements privés dans les ports, les aéroports, les chemins de fer et les infrastructures de transport peuvent considérablement renforcer le commerce et la connectivité.
Le canal de Suez occupe une place essentielle en tant que voie de passage pour l’énergie, les marchandises et les matières premières entre l’Asie, le Moyen-Orient et l’Europe. Son emplacement en tant que hub régional pour le transport du pétrole et d’autres hydrocarbures est capital.
Le canal de Suez a une importance stratégique majeure en tant que seule voie reliant les eaux européennes à la mer d’Arabie. Il représente environ 12 % du commerce mondial et contribue à environ 10 % du commerce mondial quotidien de pétrole par voie maritime. Avec un flux annuel de plus de 20 000 navires, le canal de Suez facilite les échanges commerciaux de matières premières entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe.
Il est à noter que la privatisation d’une partie du canal de Suez pourrait avoir d’importantes implications économiques et géopolitiques, bien que cela puisse être controversé. La mise en œuvre d’une telle initiative nécessiterait un consensus large pour surmonter les défis potentiels.
L’initiative de l’Égypte visant à vendre des actifs publics s’inscrit dans une stratégie fondamentale du gouvernement pour attirer des investissements étrangers et stimuler l’expansion économique. La vente de ces actifs, qui couvre divers secteurs, offre d’importants avantages pour le pays, notamment la génération de revenus, la réduction de la dette et l’implication accrue du secteur privé. Ouvrir les actifs de l’État au capital privé a le potentiel de libérer la croissance économique de l’Égypte, profitant ainsi à l’État et à ses citoyens.