En juillet 2023, Séoul a lancé un projet d’investissement de 80 millions USD appelé le « Projet K-Ricebelt » dans huit pays africains. Le but de celui-ci est de soutenir le développement de la production de riz.

Un programme pour arriver à l’autosuffisance alimentaire

Le programme vise à fournir 2 000 tonnes de variétés de riz à l’Afrique d’ici 2023. Ce chiffre devrait passer à plus de 10 000 tonnes par an à partir de 2027. Cela est largement suffisant pour nourrir environ 30 millions de personnes en Afrique subsaharienne chaque année.

Le riz est l’un des aliments de base de l’Afrique et la deuxième céréale la plus consommée après le maïs. L’Afrique se positionne en tant que deuxième continent le plus peuplé après l’Asie, avec environ 1,46 milliard de personnes en 2023, soit 17,89 % de la population mondiale.

Avec une superficie de 30 415 873 km², l’Afrique dispose de 600 millions d’hectares de terres non cultivées. Ce chiffre représente de 60 à 65 % de la superficie arable dans le monde. L’agriculture contribue actuellement à hauteur de 23 % au PIB du continent et représente 55 % de l’emploi (ILOSTAT, 2017).

Au cours des dernières années, la production agricole en Afrique a connu une évolution significative, se traduisant par une augmentation de la production par trois. Cependant, malgré ces avancées, le continent continue d’importer une grande quantité de riz.

Projet K-Ricebelt – Une collaboration historique entre l’Afrique et la Corée du Sud

La Corée du Sud et l’Afrique ont une longue histoire de coopération avec des résultats positifs réguliers. Séoul, conscient du déficit de production de riz en Afrique, lance le Projet K-Ricebelt pour partager son modèle de réussite vers l’autosuffisance alimentaire. Le projet se concentre principalement sur l’utilisation de la variété de riz à haut rendement appelée « Tongil », développée dans les années 1970. Cette initiative vise à aider les pays africains à améliorer leur sécurité alimentaire en adoptant cette approche éprouvée.

La Corée du Sud propose de croiser des variétés de riz coréennes et africaines pour produire un nouveau type de riz. Celui-ci pourrait générer des rendements de cinq à sept tonnes par hectare, soit quatre fois plus que les variétés actuelles en Afrique. Cette nouvelle variété est idéale pour les conditions agricoles et climatiques africaines.

Le principal objectif du projet K-Ricebelt est de fournir à l’Afrique une variété de riz à haut rendement et de haute qualité. En parallèle, il vise à partager l’expertise agricole de la Corée du Sud pour assurer la sécurité alimentaire à long terme.

« Nous avons conçu de nouvelles variétés en croisant des espèces coréennes pour le rendement et des espèces africaines pour leur adaptation au climat local.», a déclaré Lee Keun-Pyo, chargé du développement de nouvelles variétés de riz, lors de la coopération alimentaire et agricole entre la Corée et l’Afrique. À Séoul, huit ministres africains, dont Aly Ngouille Ndiaye du Sénégal et Mamoudou Nagnalen Barry de la Guinée, ont signé un accord de projet avec le ministre sud-coréen Chung Hwang-Keun.

Insécurité alimentaire en Afrique

Malgré ses vastes étendues de terres arables, l’Afrique a constamment besoin d’aide pour répondre aux besoins alimentaires de sa population. Notamment, la consommation de riz qui ne cesse d’augmenter, entraînant la nécessité d’une importation du riz.

L’Afrique fait partie des plus grands consommateurs de riz au monde, avec 301 millions de tonnes en 2020. Cependant, en raison d’une infrastructure et des technologies insuffisantes, les rendements agricoles sont faibles. Ils n’ont produit que 240 millions de tonnes de riz la même année.

Bien que l’Afrique possède plus de 60 % des terres non cultivées dans le monde, le développement du secteur agricole a été difficile. C’est dans ce contexte que la Corée du Sud lance le projet « K-Ricebelt » pour aider à résoudre le problème de l’insuffisance alimentaire en Afrique. Le projet vise à stimuler la production de riz dans huit pays : Ghana, Gambie, Guinée, Sénégal, Ouganda, Cameroun, Kenya et Guinée-Bissau.

Production de riz en Afrique

Entre 2017 et 2020, la production de riz en Afrique a augmenté de 7 millions de tonnes métriques, selon la FAO. Cette augmentation est principalement dûe aux conditions météorologiques favorables dans la région. Le niveau de production actuel, d’environ 25 millions de tonnes, est 55 % supérieur à celui des années 2005-2007.

De plus, le riz est cultivé dans 40 des 54 pays africains. Le Nigeria, l’Égypte, Madagascar, le Mali, la Sierra Leone et la Tanzanie en sont les principaux producteurs. Au cours des 20 dernières années, il y a eu d’importants changements dans les capacités de production locales de divers pays, comme le montrent les graphiques ci-dessous. Alors que certains pays africains ont connu une croissance stagnante ou en déclin, la plupart ont vu leur production augmenter.

Le Nigeria est devenu le premier producteur de riz paddy, avec une croissance impressionnante de 82,72 % entre 2010 et 2020. Malgré une baisse de -27,84 % entre 2000 et 2010, l’Égypte a réussi à se classer en deuxième position avec une croissance de 13,02 % au cours de la décennie suivante. La Sierra Leone a également réalisé des progrès remarquables dans son niveau de production. Au cours des deux dernières décennies, elle a enregistré une augmentation notable de 427,18 %.

Importation de riz

L’Afrique est un grand importateur de riz. Le continent représente 32 % des importations mondiales de riz, alors qu’il ne vaut 17,89 % de la population mondiale. Selon les prévisions agricoles de l’OCDE pour la période 2019-2028, la consommation par habitant dans la région devrait augmenter de 5 Kg. Cette hausse porterait la consommation à 30,7 Kg d’ici 2028.

Bien que l’Afrique dispose de vastes terres agricoles, la faible production de riz domestique et la demande locale croissante entraînent une augmentation des importations de riz. Toutefois, cela signifie également que la région a le potentiel de devenir un marché important pour les importations de riz à l’échelle mondiale. Selon AfricaRice, la demande de riz a augmenté de 6 % par an depuis 2020. Cela est principalement dû à la croissance de la population.

La production de riz local ne couvre généralement que 60 % des besoins de consommation de l’Afrique. Cette situation entraîne un chiffre annuel d’importation d’environ 15 millions de tonnes, pour un coût de plus de 6 milliards USD.

Cette année, l’Afrique importera probablement plus de 20 millions de tonnes de riz. L’investissement dans l’agriculture est essentiel pour développer le secteur rural en Afrique. Le potentiel agraire africain est énorme, offrant des opportunités d’intensification de la production et d’organisation des chaînes de valeur agricole.