Fitch Solution, une agence de notation internationale, estime que le retrait des banques françaises d’Afrique créera davantage d’opportunités pour les banques locales. L’agence de notation estime que leur retrait pourrait potentiellement stimuler la croissance et la concurrence pour les banques locales.
Opportunités de croissance pour les banques locales
La sortie des banques françaises d’Afrique, donne aux groupes bancaires panafricains émergents un espace important pour se développer, soit de manière organique, soit par le biais de fusions et acquisitions. De réelles opportunités de croissance existent pour les banques locales et régionales en Afrique malgré les défis. Certaines institutions financières avec des ambitions panafricaines devraient éventuellement gagner suffisamment d’envergure pour concurrencer les institutions établies de longue date. L’intensification de la concurrence entre les banques locales devrait stimuler la croissance du crédit sur le continent.
« Nous nous attendons à ce que la croissance du crédit s’accélère avec la sortie des banques françaises, bien que principalement dans des segments à faible risque, ce qui contribuera à préserver les indicateurs de qualité des actifs », déclare l’agence de notation. Cette prévision intervient dans un contexte de décision de la Société Générale (SG) de se retirer du marché bancaire ghanéen et de deux autres pays, notamment la Tunisie et le Cameroun.
Difficulté à cibler des segments spécifiques de l’économie africaine
L’agence de notation a expliqué que les difficultés rencontrées par les banques françaises sur le marché bancaire africain étaient à l’origine de leur sortie. Notamment, leur incapacité à cibler certains segments de l’économie en raison de l’appétit conservateur pour le risque de leur banque mère. Fitch a également déclaré que les banques françaises suivaient des politiques de classification des prêts et de provisionnement plus strictes que les banques locales. Ce qui peut constituer un frein à la croissance et à la rentabilité.
Par ailleurs, une gestion plus stricte du capital, avec des marges de sécurité plus élevées par rapport aux exigences réglementaires locales, limite la capacité des banques françaises à prêter sur le marché africain. Ainsi, le retrait des banques françaises du secteur bancaire de détail et commercial en Afrique est plutôt positif pour elles.
Orientation stratégique pour les banques françaises et européennes
Les institutions financières européennes se recentrent sur des marchés de banque de détail plus matures en Europe. Notamment, des activités telles que l’assurance, le leasing et la banque de financement et d’investissement, où elles peuvent réaliser de meilleures synergies. Leur présence réduite en Afrique s’inscrit également mieux dans le cadre de leur appétence au risque conservatrice et de leurs efforts pour optimiser les actifs pondérés.
Au cours des six derniers mois, SG accepte de vendre d’autres filiales africaines plus petites et de lancer une revue stratégique pour céder sa participation de 52,34 % dans l’Union Internationale de Banques, basée en Tunisie. En avril, Société Générale confirme la vente de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) et de ses filiales au marocain Saham Group. La présence africaine de BNP Paribas, BPCE et Crédit Agricole a également diminué au cours des 10 dernières années et est désormais très limitée.
La banque britannique Standard Chartered choisit aussi de se retirer du continent. Le 15 avril, elle annonce sa décision de se retirer d’Angola, du Cameroun, de Gambie, de Sierra Leone et du Zimbabwe. Elle va également abandonner ses activités de banque de détail en Tanzanie et en Côte d’Ivoire, pour se concentrer exclusivement sur les clients entreprises, commerciaux et institutionnels. Deux ans plus tôt, en février 2022, Credit Suisse ferme ses opérations dans toute l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Sud.
Les banques locales qui pourraient tirer profit de ce retrait
En 2023, Vista Group acquiert plusieurs filiales (dont certaines de SG) en Afrique subsaharienne. Ce qui porte ses représentations africaines à 16 pays présentement. Coris Bank, installée dans 11 pays en Afrique, a finalisé l’acquisition de la filiale tchadienne de SG en janvier. Actuellement, l’institution attend l’approbation réglementaire pour acquérir la filiale mauritanienne de SG. Vista et Coris apparaissent comme des concurrents crédibles aux groupes bancaires panafricains sud-africains, nigérians et marocains bien établis. La concurrence grandissante entre les banques locales devrait stimuler la croissance du crédit en Afrique.
Le départ des banques françaises d’Afrique représente un tournant important pour le secteur financier de la région. En saisissant cette opportunité, les institutions financières africaines ont le potentiel de susciter des changements positifs, de favoriser le développement économique et d’améliorer l’inclusion financière sur tout le continent.