L’Afrique, qui possède un niveau de production d’or mondial, pourrait transformer cette richesse en un moteur significatif de développement. Toutefois, chaque année, entre 321 et 474 tonnes échappent au contrôle officiel, alimentant une économie parallèle estimée entre 24 et 35 milliards USD.

Positionner l’or au centre d’un commerce durable

En décembre 2024, le Conseil mondial de l’or a dévoilé un rapport préoccupant concernant les circuits illégaux d’or en provenance d’Afrique. Alors que les Émirats Arabes Unis, centre névralgique du commerce de l’or, redoublent d’efforts pour purifier la chaîne d’approvisionnement.

Ces initiatives cachent un défi de taille. Positionner l’or au centre d’un commerce durable, sans nuire aux dynamiques économiques du continent. L’essentiel de cet or est issu de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE).

Toutefois, l’absence de régulations appropriées donne carte blanche aux réseaux et intermédiaires de contrebande. Dans des zones de conflit telles que le Sahel et la RDC, l’or finance des factions armées et des réseaux criminels, rendant sa traçabilité à la fois essentielle et difficile.

Les Emirats arabes unis mobilisent la blockchain

L’intégration de la blockchain pour garantir une traçabilité inaltérable du métal précieux représente une avancée significative. Cette technologie offre la possibilité de tracer chaque lingot depuis son extraction jusqu’à sa mise sur le marché. Cela assure donc l’authenticité et diminue les dangers de fraude et de blanchiment.

Le Centre Dubaï Multi Commodities (DMCC) est à la pointe de l’implémentation de cette solution. En particulier, en instaurant un registre numérique sécurisé où chaque transaction est consignée de manière transparente.

À l’inverse des systèmes de traçabilité classiques, souvent basés sur des certifications susceptibles de contrefaçon, la blockchain garantit un contrôle immédiat et définitif des transactions d’or.

Mauritanie : Un modèle de régulation dans le Sahel

Les Émirats ne se limitent pas à mettre en place des réformes internes. Compte tenu de la nature internationale du trafic d’or, ils ont renforcé leur collaboration à l’échelle mondiale. En février 2024, un partenariat a été établi avec Tracfin, l’agence française de renseignement financier, dans l’objectif d’échanger des renseignements sur les mouvements financiers suspects et de suivre attentivement les transactions en rapport avec le commerce illicite de l’or.

Dans un contexte sahélien où le commerce de l’or est généralement lié à une augmentation de l’insécurité, la Mauritanie se distingue comme une exception. À l’inverse de ses pays voisins où l’orpaillage artisanal se pratique en dehors des lois établies, Nouakchott a mis en place un cadre de formalisation qui permet une meilleure régulation de l’exploitation minière.

Un défi global qui nécessite des réformes structurelles

Bien que ces efforts montrent une prise de conscience grandiose, plusieurs défis subsistent encore. L’instauration d’un système complet de traçabilité ne repose pas seulement sur les lieux de négoce, mais également sur les pays producteurs, dont les réglementations restent inadéquates.

Simultanément, la demande de l’éthique augmentée et les consommateurs ont un rôle crucial dans la mutation vers un marché plus responsable. Promouvoir des projets certifiés et favoriser la transparence dans la filière de l’or sont des actions qui peuvent être mises en œuvre pour limiter l’impact de l’économie informelle.

L’enjeu est double : préserver le potentiel économique de l’or africain tout en éradiquant les pratiques illicites qui en freinent les bénéfices. L’avenir du secteur dépendra de la capacité des États à structurer leurs marchés tout en s’appuyant sur les nouvelles technologies pour garantir une transparence durable.