Le secteur du cajou occupe une place prédominante en Côte d’Ivoire, mais les agricultrices sont confrontées à des défis financiers et technologiques. Wi-Agri propose une approche « phygitale » pour améliorer l’accès au marché, optimiser les opérations et augmenter les revenus des cultivatrices.
Prédominance du secteur du cajou
En 2023, la demande mondiale de cajou connaît un fort rebond, stimulée par des prix compétitifs pour les amandes de cajou. Le secteur attire plusieurs pays importateurs, notamment le Vietnam avec 2,8 millions de tonnes de noix de cajou brutes et l’Inde avec 1,1 million de tonnes. D’autres régions comme le Moyen-Orient, la Chine et les Amériques montrent également un intérêt croissant.
En Afrique, le secteur du cajou se développe rapidement, soutenu par une augmentation significative du nombre de transformateurs locaux. Ces derniers ont quadruplé depuis 2017, incluant de nombreuses femmes. La région ouest-africaine affiche une production prometteuse, avec de bonnes perspectives pour le Nigéria, le Bénin et le Ghana. Cependant, la croissance du secteur est principalement portée par la solide performance de la Côte d’Ivoire.
Côte d’Ivoire : Leader mondial dans le secteur du cajou
La Côte d’Ivoire converse sa position de leader mondial dans la production de noix de cajou et se classe en 3ᵉ position dans la transformation de ce produit. En une décennie, la production d’anacarde dans le pays a considérablement augmenté, passant de 100 000 tonnes à plus de 1,2 million de tonnes en 2022. En 2023, la production nationale commercialisée s’établit à 1 225 935 tonnes, enregistrant une hausse de 19 % par rapport à l’année précédente.
Rôle des femmes dans la culture d’anacarde
Les femmes occupent un rôle prépondérant dans la culture agricole en Côte d’Ivoire. La chaîne de valeur du cajou recense plus de 500 000 producteurs, dont 20 % sont des femmes. La culture de cette noix implique des tâches physiquement exigeantes et chronophages, mais les responsabilités des agricultrices ne se limitent pas au travail agricole. En plus, ces dernières doivent s’occuper des tâches domestiques.
Les responsabilités et la gestion du ménage réduisent le temps disponible pour gérer leurs plantations. De plus, les femmes consacrent souvent davantage d’efforts pour subvenir aux besoins alimentaires du foyer, mettant en lumière une charge économique disproportionnée. Réussir dans ce secteur nécessite aussi des investissements importants, notamment pour les intrants de qualité et des matériels adéquats. Malgré cela, l’accès à des financements à faible coût demeure un défi significatif pour les agricultrices.
Réalité du plafond de verre
Le secteur du cajou en Côte d’Ivoire est confronté à des défis majeurs :
- volatilité des prix
- problèmes de qualité des noix
- insuffisance de liquidités
- manque de structuration des acteurs.
À ces obstacles s’ajoute la difficulté supplémentaire pour les femmes, déjà freinées par un plafond de verre. Généralement, les agricultrices, déscolarisées par obligation ou par choix, sont responsables des finances familiales, ce qui accroît leur charge.
Faute d’accès aux services bancaires formels, les Ivoiriennes se tournent vers des groupes d’épargne et d’entraide, tels que les AVEC ou les tontines, pour obtenir un soutien financier. Ces réseaux informels leur offrent une solution pour couvrir les frais de scolarité et gérer des dépenses imprévues. Des groupes d’entraide existent également pour le défrichement et l’entretien des champs, une nécessité pour celles qui manquent de moyens pour embaucher des ouvriers.
Accès limité aux outils financiers numériques
La croissance du mobile money en Côte d’Ivoire permet de faciliter les transactions et l’accès aux financements. Cependant, les cultivatrices de cajou restent en retrait par rapport aux hommes dans l’adoption de cette technologie. Ce décalage est dû à des obstacles socioculturels, à un manque d’éducation et de formation, ainsi qu’aux rôles traditionnels de genre qui restreignent l’accès des femmes à la technologie. Toutefois, l’utilisation du mobile money par les femmes connaît une progression notable.
Approche numérique pour autonomiser les femmes
Wi-Agri, une plateforme innovante, transforme la chaîne de valeur du cajou en Côte d’Ivoire en connectant directement les producteurs, notamment les femmes, aux acheteurs. Les agricultrices bénéficient d’outils numériques pour gérer leurs stocks, sécuriser les paiements et accéder au crédit, optimisant ainsi leurs opérations et augmentant leurs revenus.
Digifemmes, programme de Wi-Agri, vise l’autonomie des agricultrices en Côte d’Ivoire. Le programme surmonte les obstacles à leur pleine participation grâce à des « ambassadrices » locales, choisies pour leur expertise communautaire et leur aisance numérique. Ces ambassadrices guident les femmes dans l’utilisation de Wi-Agri, les forment aux outils numériques avec des sessions régulières et des tablettes fournies par la plateforme.