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Chaîne de valeur du cacao : Améliorer le quotidien des producteurs

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Chaîne de valeur du cacao : Améliorer le quotidien des producteurs

Les entreprises de chocolat évitent de payer le prix maximum aux producteurs de cacao. Au Ghana et en Côte d’Ivoire, les agriculteurs sont contraints de recourir au travail des enfants pour maintenir une production optimale de cacao malgré de maigres rendements. Les prix du cacao ont atteint un sommet de 12 072 USD la tonne en février 2024.

Le Ghana fixe un prix plancher pour l’achat du cacao

Les prix du cacao ont atteint un sommet de 12 072 USD la tonne en février de cette année, pour chuter à 7 960 USD la tonne en septembre dernier, obligeant les agriculteurs à chercher des solutions pour se protéger contre ces fluctuations de prix défavorables. « Les rapports de marché indiquent que le prix du cacao sur le marché mondial a connu les niveaux de volatilité les plus élevés au cours des 12 derniers mois », a rapporté le ministre ghanéen de l’Alimentation et de l’Agriculture, le Dr Bryan Acheampong.

Le Ghana est l’un des plus grands producteurs et exportateurs de cacao au monde, l’un des produits agricoles les plus chers au monde. Pour protéger ses agriculteurs, le Ghana a augmenté le prix du cacao à la production de plus de 129 %. Les producteurs de cacao ont la garantie de disposer de ce montant pour toute la saison, ce qui les préserve de la volatilité des prix du cacao sur le marché international. Cela leur permettra d’être moins affectés par les éventuelles baisses des prix du cacao sur le marché international.

L’augmentation du prix à la production stimulera les économies locales des zones productrices de cacao. Les agriculteurs et leurs familles dépensent leurs revenus supplémentaires en biens et services dans leurs communautés locales, ce qui aura un effet multiplicateur sur l’économie locale. Le ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture a déclaré : « Pour garantir que nos chers producteurs de cacao bénéficient pleinement de l’augmentation des prix, le gouvernement continuera de soutenir des initiatives telles que le programme d’application d’engrais et le programme de réhabilitation du cacao pour que la culture du cacao reste rentable ».

Répartir équitablement les revenus générés par la filière cacao

En 2022, les entreprises de chocolat du monde auraient gagné plus de 206 milliards USD, et l’industrie devrait générer jusqu’à 263 milliards USD d’ici 2030. Alors que les entreprises de chocolat bénéficient de revenus record, les producteurs de cacao gagnent bien moins que le seuil de pauvreté de la Banque mondiale, actuellement de 2,15 USD par jour. Les militants du secteur affirment que ces entreprises paient si peu pour le cacao que les agriculteurs ne peuvent souvent pas embaucher de travailleurs adultes et doivent plutôt compter sur leurs enfants ou, dans certains cas, sur des enfants victimes de trafic, pour les aider à effectuer le travail que nécessite la culture du cacao.

En outre, bien qu’il existe un différentiel de revenu vital, une augmentation de prix imposée par le gouvernement conçue pour garantir aux agriculteurs un prix plus élevé pour leur cacao, les entreprises sans scrupules ne respectent pas leur engagement. « Ce refus des entreprises de payer un prix équitable pour le cacao contribue directement aux atteintes aux droits humains et à l’environnement qui caractérisent le secteur du cacao en Afrique de l’Ouest », rapporte le Global Corporate Accountability Lab (CAL) qui a mené une enquête en 2024 sur la situation des producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest.

Les fabricants de chocolat contournent les prix fixes du cacao

La situation des producteurs de cacao est particulièrement difficile en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux pays qui produisent plus des deux tiers du cacao mondial.  Pour avoir une idée claire du problème, le  Corporate Accountability Lab (CAL) a mené une enquête dans neuf villages producteurs de cacao dans les deux pays, et les résultats ont été déplorables.

« Dans chaque village visité, les agriculteurs et les travailleurs ont parlé des prix excessivement bas que les entreprises paient pour le cacao. Parmi plus de 300 agriculteurs, nous avons constaté qu’un prix équitable pour le cacao est au moins le triple du prix actuel ». Dans de nombreux villages, CAL a constaté que les producteurs de cacao et leurs familles vivent dans une pauvreté abjecte, travaillent dur et la corruption règne tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Selon CAL, il existe un prix à la production, le prix légal le plus bas que les entreprises peuvent payer pour le cacao, fixé par les gouvernements de Côte d’Ivoire et du Ghana. « Ce prix plancher reste bien trop bas et malgré des décennies de discussions, peu de choses ont changé. Les agriculteurs continuent de gagner des revenus de misère, souvent inférieurs au seuil de pauvreté de la Banque mondiale », a indiqué CAL.

Alors que les entreprises riches contournent les prix fixés en raison de la corruption dans le secteur, les agriculteurs sont également confrontés à d’autres catastrophes naturelles comme les maladies des plantes. Par exemple, les maladies des plantes rendent la culture du cacao encore plus coûteuse et beaucoup moins rentable pour les agriculteurs.

Défis et menaces pour les moyens de subsistance

Les producteurs de cacao sont confrontés à une multitude de défis et de menaces pour leurs moyens de subsistance. Alors qu’ils sont sous-payés, ils supportent aussi le risque de mauvaises récoltes ou les effets de la maladie sur les plantations de cacao. Les entreprises doivent verser aux agriculteurs un revenu décent, en les rémunérant pour le dur labeur qu’ils accomplissent. Les acteurs soutiennent que les entreprises de cacao et de chocolat réalisent des profits énormes qui ne représentent pas les véritables coûts de production de l’industrie.

« Les agriculteurs effectuent le travail qui permet de fabriquer l’ingrédient principal du chocolat et ont droit à une part proportionnelle des milliards de dollars de revenus que les entreprises tirent de ce travail », déclare CAL. « Les entreprises doivent également aller au-delà du prix plancher imposé par le gouvernement pour garantir que les agriculteurs reçoivent un revenu vital réel et veiller à ce que ce montant total parvienne aux agriculteurs », plaident les militants.

Ils recommandent que les agriculteurs soient payés 3 166 USD par tonne métrique en Côte d’Ivoire et 3 116 USD par tonne métrique au Ghana. « Ces prix sont alignés sur les calculs récents du revenu vital dans chaque pays et représentent près du triple du taux que les agriculteurs ont déclaré recevoir en 2022 » indique le rapport.

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