Les 21 et 22 février 2025, Dar es Salaam, en Tanzanie, accueille la 3ᵉ édition du sommet africain du café G25. Organisé au centre international des congrès Julius Nyerere (JNICC), des hauts dignitaires des 25 pays producteurs y prennent part. L’événement explore des stratégies pour renforcer la production et accroître la valeur ajoutée de la chaîne d’approvisionnement du café africain.
Cadre stratégique pour revitaliser une industrie essentielle
Le 3ᵉ Sommet du café en Afrique du G-25 est organisé sous l’égide de Dr. Samia Suluhu Hassan, Présidente de la République unie de Tanzanie. Cet événement réunit les chefs d’État des pays producteurs de café, des ministres de l’Agriculture, des représentants du secteur privé et des parties prenantes clés. Le thème central, « Débloquer les opportunités d’emploi pour les jeunes par la régénération de l’industrie africaine du café », reflète une ambition collective. Transformer une ressource naturelle en moteur de développement durable et encourager la consommation locale des produits finis avant l’exportation.
Ce sommet s’inscrit dans une lignée d’initiatives visant à redynamiser la filière café qui, malgré son potentiel immense, peine encore à atteindre son plein épanouissement. Après le succès de la 2ᵉ édition à Kampala en Ouganda, du 7 au 10 août 2023, ce 3ᵉ rendez-vous promet d’aller plus loin. L’enjeu est de définir un cadre de collaboration solide entre les acteurs de la chaîne de valeur caféière et les institutions panafricaines.
L’événement ne se limite pas aux discours institutionnels. L’assemblée explore les domaines spécifiques où la chaîne de valeur peut générer des opportunités d’emploi pour les jeunes. Que ce soit dans la production agricole, la transformation industrielle ou la commercialisation numérique, chaque maillon représente une chance de créer des emplois durables.
Contexte historique et résolutions fondatrices
L’idée du Sommet africain du café G-25 voit le jour, le 18 novembre 2021, lors de la 61e Assemblée générale annuelle de l’Organisation internationale du café (OIC) à Kigali. La proposition répond à l’urgence d’évaluer les causes structurelles de la sous-performance du secteur caféier. La première édition, organisée au Kenya en mai 2022, aboutit à la signature de la « Déclaration de Nairobi ». Ce texte intègre officiellement le café comme produit stratégique dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Cette reconnaissance est renforcée en février 2024. L’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, réunie à Addis-Abeba, officialise le café comme produit d’ancrage stratégique. Dans la même optique, l’OIC, reconnue comme agence spécialisée de l’UA, offre des leviers politiques et économiques inédits pour soutenir les producteurs africains. Ces avancées créent un contexte favorable pour aborder des défis tels que l’accès au financement, la modernisation des pratiques et la gestion des risques climatiques.
Filière dominante mais sous-exploitée
L’Afrique détient une biodiversité caféière, avec les variétés Arabica et Robusta qui produisent des arômes distinctifs appréciés dans le monde entier. Plus de 53 % de sa population rurale dépend directement ou indirectement de cette culture. Pourtant, le continent reste marginalisé sur la scène mondiale. Au cours de l’année caféière 2023-2024, les exportations africaines ont totalisé 16,02 millions de sacs, soit l’équivalent de 961 200 tonnes. Cela représente seulement 11,66 % des exportations mondiales estimées à près de 137,3 millions de sacs.
Cependant, la superficie cultivée pour le café en Afrique atteignait plus de 4,3 millions ha en 2022, la région Est en représente 46 %. Mais derrière ces chiffres, se cachent des réalités difficiles :
- Infrastructures insuffisantes
- Techniques agricoles obsolètes
- Vulnérabilité aux aléas climatiques
- Manque d’accès au capital.
Ces contraintes freinent non seulement la productivité, mais aussi la capacité des petits exploitants à accéder aux marchés internationaux.
Course vers la numérisation et la durabilité du café africain
La filière café africaine fait face à un autre défi de taille. Le règlement de l’Union européenne contre la déforestation (RDUE), qui exige une traçabilité stricte des produits exportés. Pour rester compétitifs, les pays producteurs doivent adopter rapidement des solutions numériques abordables permettant de certifier que leur café n’est pas cultivé sur des terres déboisées après 2020.
Cette transition nécessite trois axes clés :
- La création de bases de données granulaires sur le couvert forestier grâce aux systèmes d’information géographique
- L’investissement dans des systèmes de traçabilité numérique adaptés aux petits exploitants
- L’harmonisation des réglementations nationales pour éviter une classification « à haut risque ».
Cette nouvelle réglementation n’est pas la seule de son genre. Des initiatives comme celles de Rainforest Alliance ou de la FAO visent le même objectif de durabilité. Malgré cela, une approche coordonnée reste essentielle. Avec l’échéance fixée au 30 décembre 2025, il faut agir dès maintenant pour protéger les millions d’emplois liés au secteur et répondre aux exigences climatiques mondiales.