Les entreprises françaises cherchent à compenser les nouveaux droits de douane américains, instaurés par l’administration Trump, par plusieurs stratégies combinant relocalisation, hausse des prix, gel des embauches et adaptation des investissements.
Principales mesures adoptées par les entreprises françaises
1. Relocalisation de la production
Plusieurs groupes envisagent ou accélèrent la production locale aux États-Unis pour réduire l’impact des taxes douanières. Bernard Arnault, patron de LVMH, a indiqué que si les droits de douane restent élevés, le groupe pourrait augmenter ses productions américaines. LVMH possède déjà plusieurs ateliers Louis Vuitton et Tiffany aux États-Unis, ce qui facilite cette stratégie. De même, le groupe L’Oréal prévoit de relocaliser une partie de sa production pour limiter les effets des droits de douane.
2. Hausse des prix à l’export
Dans le secteur du luxe, Hermès a annoncé qu’il augmenterait ses prix aux États-Unis dès le 1er mai pour compenser les 10 % de droits de douane. Le groupe ne précise pas le montant exact de cette hausse, mais compte sur la fidélité de ses clients américains. LVMH, également très exposé au marché américain, pourrait suivre une stratégie similaire.
3. Gel des embauches et réduction des investissements
Certaines entreprises, notamment dans l’industrie automobile et aéronautique, adoptent des mesures de gel des embauches et de réduction des investissements pour amortir les coûts supplémentaires. L’équipementier automobile Forvia (ex-Faurecia) annonce un gel des embauches, la restriction des déplacements professionnels et l’annulation de participations à des salons internationaux. Rémy Martin, dans le secteur des vins et spiritueux, a mis en place du chômage partiel pour plusieurs centaines de salariés face aux difficultés liées aux droits de douane et aux mesures antidumping en Chine.
4. Répercussion des surcoûts sur les clients
Airbus, confronté à des droits de douane sur ses avions exportés vers les États-Unis, a indiqué que le surcoût serait répercuté sur les clients, ce qui pourrait nuire à sa compétitivité face à Boeing.
Secteurs particulièrement impactés
Luxe et vins & spiritueux : LVMH, Hermès, Rémy Martin sont très exposés au marché américain. Ces groupes combinent hausse des prix, relocalisation partielle et mesures sociales pour limiter l’impact des taxes.
Automobile : Forvia adopte une politique de gel des embauches et de réduction des investissements, tout en répercutant une partie des coûts sur les clients.
Aéronautique : Airbus répercute les surcoûts sur ses clients américains.
Cosmétiques : L’Oréal envisage aussi des hausses de prix et une relocalisation partielle.
Contexte et perspectives
Ces mesures interviennent dans un contexte de guerre commerciale entre les États-Unis et l’Union européenne. Les autorités françaises et européennes cherchent à négocier des accords pour réduire les tensions. Bernard Arnault a appelé à un règlement à l’amiable et s’est déclaré favorable à une zone de libre-échange transatlantique. En parallèle, une cellule de crise a été créée à Bercy pour surveiller l’impact de ces droits de douane sur l’emploi et les entreprises françaises.
Ces droits de douane, bien qu’étant un frein aux exportations, pourraient aussi encourager la relocalisation et la montée en gamme des produits français, ainsi que la diversification vers d’autres marchés mondiaux comme l’Asie ou l’Afrique.