La flambée du prix de l’essence au Mali est directement liée à une crise diplomatique majeure avec l’Algérie, qui tente par ses actions d’asphyxier l’économie malienne. Depuis début avril 2025, après qu’un drone militaire malien a été abattu par l’armée algérienne, Alger a mis en place un blocus sur la circulation des marchandises subventionnées, notamment le carburant, vers le Mali. Ce blocage a stoppé un marché informel de contrebande vital pour l’approvisionnement en carburant des régions nord et centre du Mali, provoquant une pénurie aiguë et une flambée des prix.
Impact sur les prix et l’économie locale
- À Tombouctou, le prix du litre d’essence est passé de 700 FCFA (1,22 USD) à des sommets records de 3000 FCFA, voire jusqu’à 5000 FCFA, et même 7000 FCFA à Menaka, ce qui constitue une augmentation spectaculaire.
- À Bandiagara, le carburant est devenu quasiment introuvable, paralysant les activités économiques locales, notamment le transport et l’agriculture (motopompes pour l’irrigation).
- À Gao, la pénurie a aussi provoqué une flambée des prix, avec des coûts allant de 1500 à 2000 FCFA le litre, ce qui suscite une forte inquiétude sociale et économique.
Conséquences économiques et sociales
L’économie locale est gravement affectée. Les transports sont à l’arrêt, les marchés hebdomadaires désertés, et les activités agricoles compromises par le manque de carburant. À Bamako, la capitale, la situation provoque des tensions sociales, avec des manifestations spontanées devant les stations-service et un mécontentement grandissant parmi les chauffeurs de taxi et commerçants qui voient leur activité paralysée.
La fermeture des espaces aériens entre l’Algérie et le Mali, décidée en représailles, aggrave encore la situation en compliquant les liaisons aériennes et l’approvisionnement en kérosène pour les vols au départ de Bamako.
Contexte politique et diplomatique
Alger reproche à Bamako d’avoir relancé les hostilités dans le nord du Mali fin 2024. Le Mali accuse pour sa part l’Algérie de protéger des groupes rebelles présents dans la région frontalière, ce qui a exacerbé les tensions.
Le Front de libération de l’Azawad (FLA), coalition des groupes armés indépendantistes du nord, a interdit la commercialisation du carburant en provenance d’Algérie dans ces zones, compliquant encore plus la situation.
Quelles alternatives pour obtenir du carburant ?
Face à la flambée des prix et à la pénurie d’essence liée au blocus algérien, les commerçants locaux maliens envisagent plusieurs alternatives pour se procurer du carburant ou réduire leur dépendance à l’essence classique.
Approvisionnement via d’autres circuits d’importation : Certains commerçants cherchent à contourner le blocus en se fournissant auprès d’autres pays voisins ou via des réseaux informels.
Utilisation de carburants alternatifs : Bien que le contexte malien soit difficile, les carburants alternatifs comme le biodiesel, le GPL, ou même le gaz naturel comprimé (GNC) sont des pistes envisagées pour pallier la pénurie d’essence.
Optimisation et réduction de la consommation : Les commerçants et transporteurs tentent aussi d’améliorer l’efficacité des véhicules (entretien, conduite économique) pour limiter la consommation de carburant, ainsi que de négocier avec leurs fournisseurs pour mieux gérer les coûts.
Adaptation des modes de transport : Certains acteurs envisagent de recourir davantage aux transports en commun, aux modes doux (vélo, moto) ou à des véhicules électriques pour réduire la dépendance au carburant.
Réactions régionales
La CEDEAO exprime sa préoccupation face à cette crise énergétique et économique. L’organisation appelle à un dialogue urgent entre Alger et Bamako pour éviter une détérioration supplémentaire des relations et des conséquences dramatiques pour la population malienne.
En résumé, la flambée des prix du carburant au Mali est la conséquence directe d’un blocus algérien imposé en réponse à des tensions militaires et diplomatiques. Ce blocus vise à couper un approvisionnement vital en carburant, ce qui asphyxie l’économie malienne, particulièrement dans le nord et le centre du pays, provoquant une crise sociale et économique majeure.