Le 5 mars 2025, lors d’une conférence conjointe à Abidjan, les présidents du Ghana et de la Côte d’Ivoire, John Dramani Maham et Alassane Ouattara, ont lancé un appel fort pour le retour des pays de l’Alliance des États Sahéliens (AES) au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cet appel s’inscrit dans un contexte de défis économiques et sécuritaires croissants dans la région, et souligne l’importance de la coopération régionale pour faire face à ces enjeux.
Contexte de l’Alliance des États Sahéliens
L’AES, qui regroupe des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a été formée pour répondre aux défis sécuritaires et économiques spécifiques à la région sahélienne. Cependant, ces pays ont connu des bouleversements politiques, qui ont conduit à leur exclusion de la CEDEAO. En 2024, la CEDEAO a imposé des sanctions économiques et politiques à ces pays, ce qui a exacerbé les tensions et les crises humanitaires dans la région.
Les Chiffres Clés
- Impact économique : Selon les données de la Banque mondiale, les sanctions imposées aux pays de l’AES ont entraîné une contraction de 3,5 % de leur PIB en 2024. Cette situation a également eu des répercussions sur les économies voisines. Notamment le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui dépendent des échanges commerciaux avec ces pays.
- Sécurité régionale : La CEDEAO a signalé une augmentation de 25 % des incidents de violence et d’insécurité dans la région sahélienne en 2024. Le retour des pays de l’AES dans la CEDEAO pourrait renforcer les efforts de sécurité collective et de lutte contre le terrorisme.
- Population touchée : Près de 10 millions de personnes des pays de l’AES sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire. Le retour de ces pays dans la CEDEAO pourrait faciliter l’accès à l’aide humanitaire et à la coopération régionale pour résoudre ces crises.
Les Arguments des Présidents
Lors de leur conférence, les Présidents de la Côte d’Ivoire et du Ghana ont souligné plusieurs points clés.
- Unité Régionale : Ils ont plaidé pour une approche unifiée face aux défis communs. « La sécurité et la prospérité de nos nations sont interconnectées. Nous devons travailler ensemble pour surmonter les obstacles qui nous divisent« , a déclaré le président John Dramani Maham.
- Coopération Économique : Les deux dirigeants ont mis en avant l’importance de la coopération économique pour stimuler la croissance. En 2023, le commerce intra-CEDEAO a atteint 12 milliards USD, mais il pourrait augmenter de 30 % si les pays de l’AES étaient réintégrés, selon des estimations de la CEDEAO.
- Stabilité politique : Ils ont également souligné que le retour des pays de l’AES dans la CEDEAO pourrait favoriser la stabilité politique. La CEDEAO a un rôle crucial à jouer dans la médiation des conflits et la promotion de la démocratie dans la région.
Les Défis à Surmonter
Malgré ces arguments convaincants, plusieurs défis subsistent.
- Réformes politiques : Les pays de l’AES doivent démontrer leur engagement envers la démocratie et l’État de droit. La CEDEAO a clairement indiqué que le retour des pays dans l’organisation dépendra de leur capacité à restaurer des gouvernements civils.
- Sécurité : La situation sécuritaire dans ces pays reste préoccupante. Les groupes armés continuent de menacer la stabilité, et la CEDEAO devra élaborer des stratégies efficaces pour faire face à ces défis.
- Réactions internes : Les opinions publiques dans les pays de la CEDEAO peuvent être divisées sur la question du retour des pays de l’AES. Certains craignent que cela n’entraîne une instabilité supplémentaire.
Coopération bilatérale
La Côte d’Ivoire et le Ghana cumulent plus de 60 % de la production mondiale du cacao. Ils ont également abordé des questions relatives aux mines et à l’énergie, ainsi que les grands chantiers de la Cedeao. Notamment, le corridor Abidjan-Lagos ou encore la monnaie commune, l’Éco.
« S’agissant de la coopération bilatérale, nous avons réaffirmé notre volonté commune de soutenir l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana et de renforcer la coopération entre le Ghana et la Côte d’Ivoire dans le domaine des mines et de l’énergie, et de la lutte contre l’orpaillage illégal », affirme le Président ivoirien.
Les deux chefs d’Etat ont, par ailleurs, évoqué la nécessité de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, la piraterie maritime, et toutes les formes de trafics dans la sous-région.
L’unité régionale face aux défis communs
L’appel des présidents pour le retour des pays de l’AES dans la CEDEAO est un signal fort de l’importance de l’unité régionale face aux défis communs. Avec des chiffres alarmants concernant l’impact économique et sécuritaire des sanctions, il est impératif que les dirigeants africains travaillent ensemble pour trouver des solutions durables.
La coopération régionale est essentielle pour garantir un avenir stable et prospère pour tous les pays de la région. En fin de compte, le succès de cette initiative dépendra de la volonté des pays concernés de s’engager sur la voie de la démocratie et de la coopération.