Une nouvelle collaboration entre le Brésil et la Côte d’Ivoire marque un tournant significatif dans l’industrie du cacao. Le Brésil, qui aspire à renforcer sa position sur le marché mondial du cacao, sollicite l’expertise de la Côte d’Ivoire, le premier producteur mondial de cacao, pour améliorer ses pratiques de culture et de transformation. Afin de discuter des contours de la collaboration, le DG du Conseil du Café-Cacao ivoirien, Monsieur KONE Brahima Yves, a accueilli une délégation significative de l’Agence de Promotion des Exportations et Investissements du Brésil (ApexBrasil).

Contexte de la production de cacao

Le cacao est l’une des cultures les plus précieuses au monde, avec une valeur de marché estimée à 100 milliards USD en 2023. La Côte d’Ivoire, avec une production d’environ 2 millions de tonnes par an, représente près de 40 % de la production mondiale. En revanche, le Brésil, qui a longtemps été un acteur majeur dans la production de cacao, a vu sa production diminuer au cours des dernières décennies, atteignant environ 250 000 tonnes en 2023.

Cette baisse est due à divers facteurs, notamment des maladies des plantes, des pratiques agricoles obsolètes et une concurrence accrue sur le marché mondial. En revanche, la Côte d’Ivoire a su développer des techniques agricoles modernes et durables, ce qui lui permet de maintenir sa position de leader.

Les objectifs de la collaboration

L’accord entre le Brésil et la Côte d’Ivoire vise plusieurs objectifs clés.

• Transfert de Technologie : La Côte d’Ivoire possède une expertise reconnue dans la culture du cacao, notamment en matière de lutte contre les maladies et d’amélioration des rendements. Le Brésil espère bénéficier de ces connaissances pour revitaliser ses plantations.
• Amélioration des rendements : Actuellement, le rendement moyen au Brésil est d’environ 400 kg par hectare, tandis qu’en Côte d’Ivoire, il atteint 600 kg par hectare. L’objectif est d’augmenter ce chiffre au Brésil grâce à des pratiques agricoles améliorées.
• Durabilité : La Côte d’Ivoire a mis en place des initiatives pour rendre la culture du cacao plus durable, en intégrant des pratiques agroforestières et en réduisant l’utilisation de produits chimiques. Le Brésil souhaite adopter ces méthodes pour répondre à la demande croissante des consommateurs pour des produits éthiques et durables.
• Renforcement des capacités : Des programmes de formation seront mis en place pour les agriculteurs brésiliens, leur permettant d’acquérir des compétences en matière de culture, de récolte et de transformation du cacao.

Les chiffres clés

• Production mondiale de cacao : En 2023, la production mondiale de cacao était d’environ 5 millions de tonnes.
• Part de marché : La Côte d’Ivoire détient 40 % du marché mondial, suivie du Ghana (20 %) et de l’Indonésie (10 %).
• Rendement : Le rendement moyen en Côte d’Ivoire est de 600 kg/ha, contre 400 kg/ha au Brésil.
• Valeur du marché : Le marché du chocolat, qui utilise le cacao comme matière première, est estimé à 150 milliards USD en 2023, avec une croissance prévue de 4 % par an.

Les défis à surmonter pour optimiser la production de cacao

Bien que cette collaboration soit prometteuse, plusieurs défis doivent être relevés.

• Changement climatique : Les conditions climatiques changeantes peuvent affecter la production de cacao dans les deux pays. Il est essentiel de développer des variétés de cacao résistantes aux maladies et aux conditions climatiques extrêmes.
• Infrastructure : Le Brésil doit améliorer ses infrastructures de transport et de transformation pour faciliter l’accès des agriculteurs aux marchés.
• Financement : Le financement des projets d’amélioration des pratiques agricoles et de transformation sera crucial. Les deux pays devront explorer des partenariats avec des organisations internationales et des investisseurs privés.
• Sensibilisation des agriculteurs : Il est essentiel de sensibiliser les agriculteurs brésiliens aux avantages des nouvelles pratiques agricoles.

Perspective de développement de la filière cacao

La collaboration entre le Brésil et la Côte d’Ivoire pourrait transformer l’industrie du cacao dans les deux pays. Pour le Brésil, cela représente une opportunité de revitaliser une culture qui a été négligée pendant des années. Pour la Côte d’Ivoire, c’est une chance de partager son expertise et de renforcer ses relations commerciales avec un pays émergent.

En outre, cette coopération pourrait également avoir un impact positif sur les communautés agricoles. En améliorant les rendements et en adoptant des pratiques durables, les agriculteurs pourraient voir leurs revenus augmenter, ce qui contribuerait à réduire la pauvreté dans les zones rurales.

L’accord entre le Brésil et la Côte d’Ivoire pour l’exploitation du cacao est une initiative qui pourrait redéfinir le paysage de l’industrie du cacao. En combinant l’expertise de la Côte d’Ivoire avec les ressources du Brésil, cette collaboration pourrait non seulement améliorer la production de cacao, mais aussi promouvoir des pratiques durables et éthiques dans le secteur. Alors que le monde continue de se tourner vers des produits alimentaires durables, cette coopération pourrait bien être un modèle à suivre pour d’autres pays producteurs de cacao.