L’agriculture en Côte d’Ivoire constitue une force motrice essentielle de l’économie nationale. Avec 25 % du PIB et 60 % de la population active impliquée, ce secteur vital génère des milliards de dollars chaque année. Cette contribution significative au développement économique se manifeste par une diversité de cultures et une forte dépendance des exportations agricoles. Cependant, ce secteur fait face à des défis croissants. Le pays veut redoubler d’efforts pour maintenir son leadership agricole tout en assurant sa souveraineté alimentaire.
Évolution historique de l’agriculture ivoirienne
L’agriculture est la colonne vertébrale de l’économie de la Côte d’Ivoire depuis son indépendance en 1960. Le président Félix Houphouët-Boigny, fils de cultivateur, a rapidement compris son importance stratégique. Sa politique volontariste permet au pays de devenir le premier producteur mondial de cacao dans les années 1970. Un statut que le pays conserve aujourd’hui grâce à des investissements constants et une expertise reconnue dans la production.
Cette stratégie agricole engendre une croissance économique soutenue. Les revenus agricoles permettent la construction d’infrastructures vitales, notamment des routes, des écoles et des centres de santé. Cela favorise ainsi un développement équilibré entre les zones rurales et urbaines. Les régions forestières, comme la Nawa, voient un afflux de planteurs. Une conséquence d’une politique incitative qui structure l’économie rurale et transforme ces zones en pôles économiques dynamiques.
Agriculture et transformation économique sous Ouattara
Sous l’ère du président Alassane Ouattara, l’agriculture s’affirme comme un levier d’industrialisation et de diversification économique. En 2023, les exportations agricoles génèrent 7 milliards USD, représentant 38 % des ventes nationales. Le cacao, avec près de 2 millions de tonnes produites durant la campagne 2023-2024, reste la principale source de devises. Toutefois, d’autres filières stratégiques émergent.
La Côte d’Ivoire est aujourd’hui le premier producteur mondial d’anacarde, avec plus de 1,25 million de tonnes produites chaque année. Parallèlement, le caoutchouc, l’huile de palme et les fruits tropicaux renforcent la diversité des exportations. Les cultures vivrières, telles que le riz, le manioc et l’igname, jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire. Ces produits agricoles nourrissent une grande partie de la population et réduisent la dépendance aux importations.
Le gouvernement met également l’accent sur la transformation locale des matières premières. Par exemple, des usines de broyage de cacao et de transformation de noix de cajou voient le jour, ajoutant de la valeur aux produits avant leur exportation. Ces initiatives soutiennent la création d’emplois et augmentent les revenus des agriculteurs.
Défis climatiques et économiques
Le secteur agricole ivoirien fait face à des enjeux majeurs. Les effets du changement climatique, tels que des variations extrêmes de la pluviométrie, entraînent une baisse des rendements durant la campagne cacaoyère 2023-2024. En outre, les pratiques agricoles intensives causent la dégradation des sols. Les fluctuations des prix mondiaux fragilisent les agriculteurs, rendant leurs revenus incertains.
Pour répondre à ces défis, le gouvernement adopte le Programme national d’investissement agricole II (PNIA II), doté d’un budget de 4 500 milliards de FCFA. Ce programme vise à moderniser les infrastructures rurales, à améliorer l’accès au financement pour les petits exploitants et à promouvoir des techniques agricoles résilientes. Des campagnes de sensibilisation sur les pratiques durables, telles que l’agroforesterie, sont également en cours pour réduire l’impact environnemental de l’agriculture.
En parallèle, des efforts sont déployés pour renforcer les mécanismes de régulation des marchés agricoles. Ces mesures visent à stabiliser les prix et à protéger les agriculteurs contre les fluctuations économiques. La diversification des cultures est encouragée pour réduire la dépendance au cacao et augmenter la résilience du secteur face aux aléas climatiques.
Souveraineté alimentaire : un objectif prioritaire
Malgré ses performances économiques impressionnantes, la Côte d’Ivoire reste dépendante des importations pour certains produits alimentaires de base. En 2022, le pays importe 1,5 million de tonnes de riz, un paradoxe pour une nation agricole dotée d’un potentiel énorme en production vivrière.
Pour y remédier, le gouvernement suspend temporairement des exportations de produits vivriers, comme le riz et le manioc. Cette mesure devrait permettre d’assurer un approvisionnement local suffisant. Cette initiative vise à contrer l’inflation alimentaire et à renforcer la souveraineté alimentaire. Des investissements dans la production locale de riz, notamment par le biais de projets d’irrigation et de distribution de semences améliorées, sont également en cours.
Les politiques publiques s’efforcent de rendre l’agriculture vivrière plus attractive pour les jeunes, en offrant des subventions, des formations et un accès facilité aux terres agricoles. Cette stratégie vise à revitaliser les zones rurales et à réduire l’exode vers les villes.
Vers une agriculture durable et inclusive
L’adoption de pratiques agricoles durables est essentielle pour préserver l’environnement et garantir la pérennité du secteur. La lutte contre la déforestation, causée en grande partie par l’expansion des plantations de cacao, figure parmi les priorités du gouvernement. Des programmes de reboisement, combinés à des initiatives de certification durable, encouragent les agriculteurs à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement.
En parallèle, le rôle des femmes dans l’agriculture est de plus en plus reconnu. Ces dernières représentent une part importante de la main-d’œuvre agricole. Pourtant, elles restent sous-représentées dans la propriété foncière et l’accès aux financements. Des projets spécifiques visent à autonomiser les femmes en leur offrant des formations techniques et des opportunités entrepreneuriales.
La modernisation du secteur agricole, soutenue par des investissements dans la mécanisation et la digitalisation, transforme progressivement les méthodes de production. Des applications mobiles permettent désormais aux agriculteurs de suivre les prévisions météorologiques, de comparer les prix sur les marchés et d’accéder à des conseils techniques. Cette transition vers une agriculture connectée contribue à améliorer les rendements et les revenus.