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Coopération Sud-Sud : Dynamiser l’avenir numérique en Afrique

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Coopération Sud-Sud : Dynamiser l’avenir numérique en Afrique

La transformation numérique offre des opportunités sans précédent aux économies en développement, mais elle menace également d’aggraver les inégalités existantes. La coopération Sud-Sud et triangulaire est la clé pour surmonter ces défis et permettre l’inclusion numérique et le développement durable dans les pays du Sud.

Coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST) : Une autre forme de partenariat

Les technologies numériques révolutionnent les économies du monde, mais leurs bénéfices ne sont pas répartis de manière équitable. Dans les pays du Sud, notamment en Afrique, l’accès à Internet et aux ressources numériques reste limité. Cela crée une fracture numérique qui accentue les inégalités en matière d’éducation, d’emploi et d’accès aux services. Il est essentiel de combler ce fossé pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et permettre aux communautés marginalisées de prospérer dans un monde de plus en plus numérique.

La coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST) propose une approche collaborative pour lutter contre cette fracture numérique. La coopération Sud-Sud est un modèle de partenariat entre deux ou plusieurs pays du Sud qui facilite le partage des ressources, des technologies et des connaissances pour relever les défis communs du développement. L’élément triangulaire s’appuie sur la coopération Sud-Sud en faisant intervenir un pays du Nord ou une organisation internationale pour soutenir les partenariats entre les pays du Sud. En favorisant les partenariats entre les pays en développement et en apportant le soutien du Nord, la CSST permet le partage des connaissances, le renforcement des capacités et l’investissement dans les infrastructures numériques.

Inégalité numérique : Un obstacle au développement inclusif

Internet est devenu une ressource essentielle pour l’éducation, le commerce et la gouvernance, mais de vastes pans de la planète restent déconnectés. Selon les estimations des Nations Unies, 2,9 milliards de personnes ne sont toujours pas connectées, la plupart d’entre elles vivant dans des pays en développement. Même parmi les personnes connectées, la qualité et l’accessibilité financière de l’accès varient considérablement. Dans de nombreux pays les moins avancés, le coût des services Internet de base reste prohibitif. Dans certains cas, le prix de 5 Go de haut débit fixe dépasse 20 % du revenu mensuel moyen.

Cette inégalité numérique a des conséquences profondes. Elle empêche les individus d’accéder aux services essentiels, de participer à l’économie numérique et de contribuer à l’innovation. Pour les groupes marginalisés, comme les femmes, les populations rurales et les personnes handicapées, ces obstacles sont encore plus prononcés. En Afrique, les femmes ont 20 à 50 % moins de chances que les hommes d’utiliser Internet. Sans efforts concertés pour combler la fracture numérique, ces inégalités continueront de se creuser, laissant les pays du Sud encore plus à la traîne à l’ère du numérique.

Lacunes politiques et institutionnelles

Malgré les progrès réalisés dans le cadre de la CSST, d’importants défis demeurent. De nombreux pays du Sud ne disposent pas des capacités institutionnelles et des cadres réglementaires nécessaires pour soutenir l’innovation numérique et protéger les droits des utilisateurs. En particulier, l’absence de lois strictes en matière de protection des données et de la vie privée constitue un risque grave pour les populations vulnérables.

Seuls 48 % des PMA ont mis en œuvre une législation sur la protection des données, contre 74 % des pays des Amériques. Sans lois strictes sur la protection des données, les données personnelles peuvent être collectées, traitées et même vendues sans le consentement ou l’autorisation des utilisateurs. Deuxièmement, une protection des données faible ou inexistante rend les pays plus vulnérables aux cyberattaques. En effet, les environnements numériques non réglementés constituent des cibles faciles pour les cybercriminels. Cela pourrait conduire à des violations d’informations sensibles, telles que des données de santé ou financières, causant des dommages à la fois économiques et sociaux.

Troisièmement, lorsque les utilisateurs perçoivent les plateformes numériques comme peu sûres ou susceptibles d’être utilisées à mauvais escient, ils sont moins susceptibles de s’engager dans des activités en ligne. Ce qui freine la croissance des économies numériques dans les pays en développement. Enfin, les entreprises et organisations internationales exigent souvent une protection rigoureuse des données comme condition préalable à l’investissement. Les pays qui ne disposent pas de ces cadres peuvent avoir plus de mal à attirer des investissements et des partenariats étrangers. Ce qui limite encore davantage leur croissance numérique et leur intégration dans l’économie numérique mondiale.

Inculquer la culture numérique à toutes les couches sociales

La fracture numérique n’est pas seulement une question d’accès, mais aussi de culture numérique. De nombreuses personnes dans les pays du Sud, même lorsqu’elles ont accès à Internet, n’ont pas les compétences nécessaires pour utiliser efficacement les technologies numériques. Cela est particulièrement vrai dans les zones rurales, où les possibilités d’éducation sont limitées. Aussi bien dans les communautés marginalisées, où les initiatives d’inclusion numérique échouent souvent.

Pour relever ces défis, il faut adopter une approche globale qui englobe l’élaboration de politiques, le renforcement des capacités et l’investissement dans les infrastructures numériques. Les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé doivent travailler ensemble pour créer les conditions d’une croissance numérique inclusive.

Une plateforme pour la transformation numérique

La coopération Sud-Sud et triangulaire fait déjà des progrès significatifs dans la promotion de l’inclusion numérique. Grâce à des initiatives telles que le programme Aspire to Innovate (a2i) au Bangladesh, la SSTC a permis la création de centres numériques qui offrent aux populations marginalisées un accès à l’information et aux services, quel que soit leur niveau de maîtrise des TIC. Ces centres ont été reproduits dans des pays comme les Maldives, le Bhoutan et les Fidji, démontrant le potentiel de la SSTC à étendre des initiatives numériques réussies à travers les régions.

En plus d’élargir l’accès aux infrastructures numériques, la coopération Sud-Sud facilite également le partage des connaissances et de l’expertise en matière de gouvernance numérique. Par exemple, le succès de l’Inde dans le domaine des services financiers numériques a inspiré les pays africains à explorer des modèles similaires, contribuant ainsi à la mise en place de systèmes financiers inclusifs sans avoir besoin de nouvelles infrastructures de grande envergure. Ces collaborations soulignent la valeur de la coopération Sud-Sud comme modalité d’accélération de la transformation numérique en Afrique.

Recommandations politiques

Pour exploiter pleinement le potentiel des SSTC dans la transformation numérique, plusieurs mesures politiques sont nécessaires.

Renforcer les institutions pour la gouvernance numérique

L’une des étapes cruciales consiste à créer des institutions solides capables de réguler et de promouvoir efficacement le développement numérique. Les gouvernements des pays du Sud doivent établir des cadres complets pour la gouvernance numérique. Notamment, en veillant à ce que les données soient utilisées de manière responsable et à ce que les préoccupations en matière de confidentialité et de cybersécurité soient prises en compte.

Cela implique d’adopter des normes de données gouvernementales ouvertes de haute qualité et de créer des mécanismes de suivi de l’efficacité des politiques numériques. Par exemple, en ce qui concerne les lois sur la protection des données et la confidentialité, les gouvernements devraient élaborer et appliquer des lois sur la protection des données. Par exemple, des lois similaires au Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE afin de garantir la confidentialité des données et une utilisation responsable. Ou encore, la loi kényane sur la protection des données de 2019 fournit un cadre juridique pour la collecte, le traitement et le stockage des données personnelles, établissant un modèle pour les autres pays de la région.

Ces lois devraient obliger les entreprises et les entités publiques à obtenir le consentement des utilisateurs, à protéger les données personnelles et à établir la responsabilité du traitement des données.

Promouvoir des politiques numériques inclusives en matière de genre

Les femmes des pays du Sud sont touchées de manière disproportionnée par la fracture numérique. Pour y remédier, les gouvernements et les initiatives de CSST doivent adopter des politiques sensibles au genre qui encouragent activement l’engagement des femmes dans les technologies numériques. Cela implique de créer des opportunités pour que les femmes acquièrent des compétences numériques et participent à l’économie numérique, ainsi que de veiller à ce que les projets d’infrastructure numérique soient conçus en tenant compte des besoins des femmes.

Les incitations financières visant à soutenir les femmes entrepreneures dans le domaine technologique peuvent encore renforcer la participation des femmes à l’économie numérique. Une telle aide financière ciblée encourage non seulement l’entrepreneuriat féminin, mais contribue également à intégrer davantage de femmes dans l’économie numérique.

En outre, les projets d’infrastructures numériques doivent être conçus en tenant compte des besoins spécifiques des femmes, en garantissant la sécurité, la confidentialité et l’accessibilité.

Élargir l’accès aux services financiers numériques

Les services financiers numériques ont le potentiel de favoriser l’inclusion financière et d’autonomiser les communautés marginalisées. Les services financiers numériques rendent autonomes les communautés marginalisées en fournissant des solutions financières accessibles, abordables et sûres aux personnes non bancarisées. En particulier, dans les zones reculées où les banques traditionnelles sont rares.

Pour soutenir cela, la SSTC doit se concentrer sur le développement d’environnements réglementaires qui permettent aux acteurs non bancaires d’exploiter des systèmes de paiement, en augmentant la concurrence et l’accessibilité. Dans le même temps, les gouvernements devraient investir dans des programmes d’alphabétisation numérique pour garantir que les citoyens puissent profiter pleinement de ces services.

Investir dans l’infrastructure numérique

Pour parvenir à un accès universel, abordable et de qualité à Internet, il faudra investir massivement dans les infrastructures numériques. Mais ces investissements sont coûteux. La CSST peut jouer un rôle crucial dans la mobilisation des ressources nécessaires en facilitant les partenariats entre les pays en développement et en tirant parti du soutien des pays du Nord.

Ces investissements devraient donner la priorité aux zones rurales et aux groupes marginalisés. L’objectif étant de garantir que personne ne soit laissé pour compte dans la révolution numérique.

Tirer parti des technologies numériques pour le développement durable

La numérisation offre des opportunités uniques pour faire progresser les ODD, notamment dans des domaines tels que l’action climatique et la réduction de la pauvreté. Par exemple, la technologie blockchain peut être utilisée pour suivre les émissions de carbone et garantir que le financement climatique parvienne aux communautés locales. La SSTC peut faciliter le transfert de ces technologies dans les pays du Sud, aidant ainsi les pays à intégrer des solutions numériques dans leurs stratégies de développement durable.

La transformation numérique n’est pas seulement une question technologique, c’est un impératif social et économique. Alors que les pays du Sud continuent de faire face aux défis de l’inégalité et du sous-développement, la SSTC offre une plateforme puissante pour promouvoir l’inclusion numérique et la croissance durable. En favorisant les partenariats, en partageant les connaissances et en mobilisant les ressources, la SSTC peut contribuer à combler la fracture numérique et à garantir que les avantages de la numérisation soient partagés par tous.

Conclusion

Pour concrétiser cette vision, il faudra des efforts concertés de la part des gouvernements, des organisations internationales et du secteur privé. Des institutions fortes, des politiques inclusives et des investissements dans les infrastructures numériques sont essentiels pour créer un avenir numérique plus équitable.

Avec le soutien adéquat, la CSST peut être le catalyseur qui libère tout le potentiel de l’économie numérique dans les pays du Sud.

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