Lors de sa dernière réunion de l’année, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a relevé son taux d’intérêt directeur de 25 points de base, portant le taux de référence (MPR) à 27,5 %. Cette décision intervient en réponse à une forte hausse de l’inflation en octobre, alimentée par des hausses des prix des carburants et des denrées alimentaires.
Priorité à la maîtrise des prix
La réunion s’est tenue dans un contexte de préoccupations croissantes concernant l’inflation alimentaire et l’inflation sous-jacente, qui ont toutes deux augmenté en glissement annuel en octobre 2024. « Tous les membres ont convenu de donner la priorité à la lutte contre les variations de prix », a déclaré le gouverneur Olayemi Cardoso lors d’une conférence de presse.
Cette hausse des taux suit une performance économique meilleure que prévu pour le Nigeria au troisième trimestre 2024. Le PIB du pays a progressé de 3,46 %, principalement soutenu par la croissance du secteur des services.
Ajustements du MPR et stratégie monétaire
La Banque centrale continue d’utiliser le MPR comme un levier clé pour contrôler l’inflation et stabiliser l’économie. En augmentant ce taux, la banque cherche à freiner les emprunts et à réduire la consommation, ce qui peut atténuer les pressions inflationnistes.
Par ailleurs, la CBN a décidé de maintenir les autres indicateurs monétaires inchangés :
- Taux de réserve obligatoire (CRR) : 50 % pour les banques de dépôt et 16 % pour les banques d’affaires.
- Ratio de liquidité (LR) : 30 %.
- Corridor asymétrique : +500/-100 points de base autour du MPR.
Ces mesures visent à contenir les excès de liquidité dans le système bancaire tout en assurant une certaine flexibilité pour les institutions financières.
Les banques : Premières bénéficiaires de cette mesure
Depuis le début de l’année, le Comité de politique monétaire (MPC) a augmenté le taux directeur de 8,75 points de pourcentage, entraînant une hausse des revenus nets d’intérêts des banques. Les quatre principales banques nigérianes (Guaranty Trust Holding Co, Zenith Bank Plc, United Bank for Africa Plc et FBN Holdings Plc) ont vu leur revenu net d’intérêts plus que doubler.
Cependant, cette politique pourrait avoir un effet domino négatif sur les emprunteurs. Une augmentation des taux d’intérêt entraîne souvent une hausse des défauts de paiement, ce qui pourrait affecter les ratios de prêts non performants des banques.
Prendre des mesures pour remédier aux faiblesses structurelles
Malgré les efforts monétaires, les analystes avertissent que la lutte contre l’inflation ne sera pas pleinement efficace sans réformes structurelles. « La hausse des taux pourrait entraîner une augmentation des défauts de paiement, ce qui, à son tour, affecterait le ratio de prêts non performants », explique Samuel Onyekanmi, analyste chez Norrenberger.
Les inondations dans les principales régions productrices de denrées alimentaires et les problèmes d’approvisionnement en carburant continuent d’exacerber les pressions inflationnistes. Des réformes dans l’agriculture, les infrastructures et la gestion des ressources énergétiques sont indispensables pour stabiliser durablement les prix.