L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), mis en place par les États-Unis en 2000, accorde aux pays d’Afrique subsaharienne un accès préférentiel à son marché. Plus de 6 700 produits sont exempts de droits de douane, incluant ceux couverts par le Système généralisé de préférences (SGP). Depuis plus de deux décennies, ce dispositif favorise les exportations vers la première puissance économique mondiale, tout en stimulant les investissements et l’emploi sur le continent.
Programme AGOA : Outil de développement et de croissance
L’AGOA ne se limite pas à encourager les exportations, mais vise également à stimuler les réformes économiques en Afrique. Chaque année, les États-Unis réévaluent l’éligibilité des pays en fonction de critères rigoureux, tels que :
- l’engagement envers l’économie de marché
- le respect de l’État de droit
- la réduction de la pauvreté
- les avancées démocratiques.
Ces critères assurent que les bénéficiaires de l’AGOA poursuivent des politiques favorables au développement et renforcent leur résilience économique.
L’AGOA permet à plusieurs économies africaines de diversifier leurs exportations. Par exemple, le secteur du textile-habillement au Kenya a connu une forte croissance grâce à l’accès préférentiel au marché américain, créant des emplois et améliorant les revenus locaux. De même, l’Afrique du Sud a élargi sa gamme d’exportations, allant des produits manufacturés aux produits agricoles, ce qui réduit sa dépendance vis-à-vis des matières premières.
Analyse des flux commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique
Le commerce bilatéral total entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne atteint 47,5 milliards USD en 2023, marquant une progression de 6,2 % par rapport aux 44,7 milliards USD enregistrés en 2021. Cette hausse se répartit entre les exportations américaines d’une valeur de 18,2 milliards USD et les importations en provenance d’Afrique subsaharienne s’élevant à 29,3 milliards USD. La progression des exportations américaines repose sur l’augmentation des ventes d’avions et de produits pétroliers.
Répartition sectorielle des exportations africaines
En 2023, les importations américaines depuis les pays éligibles au programme AGOA atteignent 9,7 milliards USD, soit une baisse de 5 % par rapport à l’année précédente. En effet, ces échanges s’élèvent à 10,2 milliards USD en 2022. Ce recul s’explique en partie par une réduction des importations de pétrole brut. Un produit qui reste néanmoins dominant dans le commerce bilatéral entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne avec une valeur de 4,2 milliards USD. Les autres secteurs bénéficient également de l’AGOA, notamment le textile-habillement qui génère 1,1 milliard USD, suivi par les produits agricoles pour une valeur supérieure à 900 millions USD.
Structure des échanges bilatéraux : Tendances et dynamiques
Le Nigeria est le principal bénéficiaire du programme AGOA en 2023. Le pays enregistre des exportations vers les États-Unis pour un total de 3,8 milliards USD, soutenues principalement par le pétrole brut. L’Afrique du Sud, deuxième partenaire commercial sous l’AGOA, réalise des exportations d’une valeur de 3,6 milliards USD, issues de secteurs diversifiés. Les autres exportateurs de la région incluent le Kenya, le Ghana, Madagascar et l’Angola, avec des volumes respectifs allant de 510 à 260 millions USD.
Vers une prolongation du programme : Enjeux et perspectives
L’expiration du programme AGOA, prévue pour septembre 2025, suscite des préoccupations parmi les pays africains bénéficiaires. Beaucoup plaident pour une prolongation de dix ans sans modification, visant à offrir de la stabilité aux entreprises et aux investisseurs locaux. Une telle mesure permet également d’éviter l’incertitude qu’un renouvellement tardif pourrait engendrer. Plusieurs membres du Congrès américain semblent partager cette position, craignant que des modifications potentielles freinent le renouvellement du programme.
En avril 2023, un groupe de bipartisans de sénateurs américains dépose un projet de loi visant à prolonger l’AGOA jusqu’en 2041. Cependant, la représentante adjointe pour les affaires africaines au commerce extérieur Constance Hamilton et certains responsables américains estiment qu’une révision du programme pourrait mieux répondre aux besoins actuels. Une transformation de l’AGOA ou son remplacement par un nouvel accord commercial devrait aligner les intérêts des deux parties et de tenir compte de l’évolution des relations économiques globales.