La réforme du Conseil de sécurité de l’ONU est au cœur des discussions internationales. En septembre 2023, les États-Unis annoncent leur soutien à la création de deux sièges permanents pour l’Afrique, sans droit de veto. Cette initiative répond aux demandes africaines, mais suscite des débats sur l’équité et l’efficacité au sein de l’ONU.
L’ONU face à la question de l’Afrique au conseil de sécurité
Depuis sa création en 1945, l’Organisation des Nations Unies (ONU) est souvent critiquée pour la composition du Conseil de sécurité, un organe central de décision qui reflète encore les réalités géopolitiques d’après-guerre. Actuellement, le Conseil de sécurité comprend 15 membres, dont 5 permanents (États-Unis, Chine, Russie, France et Royaume-Uni) qui disposent d’un droit de veto. Ces membres dominent les décisions globales, alors que les autres pays, dont trois sièges pour l’Afrique, ne sont que des membres élus pour deux ans.
L’argument principal pour la réforme réside dans l’injustice de cette composition, particulièrement pour l’Afrique, qui représente 28 % des membres de l’ONU avec ses 54 États. Alors que ce continent est l’un des plus concernés par les interventions onusiennes, son poids au sein du Conseil de sécurité reste faible. En réponse, des voix africaines appellent depuis longtemps à un rééquilibrage, demandant deux sièges permanents pour des pays africains au Conseil. Les récentes déclarations américaines viennent soutenir cette demande.
Le soutien américain : une avancée significative ?
Le 12 septembre 2023, les États-Unis annoncent leur soutien à la création de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU, sans droit de veto. Cette prise de position marque un tournant dans la politique américaine, car elle répond aux revendications de longue date des pays africains. Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, affirme que l’objectif est de permettre à l’Afrique de mieux contribuer aux décisions globales.
Cependant, cette réforme n’est pas sans ambiguïtés. Le soutien américain exclut l’extension du droit de veto aux nouveaux membres permanents, une question sensible qui soulève des débats. Alors que certains pays, comme la Sierra Leone, plaident pour une abolition totale du droit de veto, d’autres estiment que si ce droit est maintenu, il devrait être accessible aux nouveaux membres permanents, y compris ceux de l’Afrique.
Cette absence de droit de veto pour les nouveaux membres crée un déséquilibre. L’Afrique pourrait obtenir une voix permanente, mais sans la pleine capacité d’influence des membres actuels. Cette situation est perçue par certains observateurs comme un geste symbolique plutôt que véritablement égalitaire.
Défis de la réforme du conseil de sécurité de l’ONU
Réformer le Conseil de sécurité de l’ONU est un processus complexe. Pour qu’une telle réforme soit adoptée, il faut l’approbation des deux tiers des 193 États membres de l’ONU, y compris celle des 5 membres permanents actuels. Cela représente un obstacle majeur, notamment en raison des divergences sur la question du droit de veto et de la composition future du Conseil.
Les pays africains, bien que soutenus par les États-Unis et d’autres membres influents comme la Chine, doivent également faire face à la résistance de certains États. La Russie, par exemple, appelle l’Afrique à être vigilante, arguant que l’inclusion de nouveaux pays occidentaux affaiblirait la position africaine. Ces tensions rendent l’issue des discussions incertaine.
De plus, l’ajout de nouveaux membres permanents pourrait rallonger les délais de prise de décision au sein du Conseil, ce qui inquiète les pays comme les États-Unis, qui craignent un Conseil plus « dysfonctionnel ». Dans un contexte où les interventions militaires et les décisions rapides sont souvent nécessaires, cette lenteur pourrait nuire à l’efficacité de l’organe.
L’avenir des sièges permanents africains : entre symbolisme et réalité
L’initiative de création de deux sièges permanents pour l’Afrique sans droit de veto est une avancée importante, mais elle n’est pas encore pleinement satisfaisante pour les États africains. Le président sierra-léonais Julius Maada Bio insiste sur le fait que l’Afrique souhaite être traitée sur un pied d’égalité avec les autres membres permanents. Pour lui, l’octroi du droit de veto est une question de justice et d’équité.
Toutefois, les discussions sur le « Pacte de l’Avenir », qui devrait être adopté par les 193 États membres de l’ONU le 22 septembre 2023, pourraient donner un nouvel élan à cette réforme. Ce pacte inclut l’Afrique comme un dossier spécial, mais sans calendrier précis pour l’aboutissement de cette réforme.
Les pays africains doivent donc continuer à mobiliser leurs partenaires internationaux pour faire avancer cette cause. Une autre question clé reste le choix des États africains qui occuperaient ces sièges. L’Afrique étant un continent vaste et diversifié, ce choix risque de créer des rivalités régionales.