L’Afrique est souvent perçue sous le prisme de ses défis socio-économiques, occultant ainsi ses dynamiques économiques en pleine croissance. Pourtant, le continent s’affirme progressivement comme un acteur majeur dans plusieurs secteurs stratégiques. Des produits agricoles phares du marché international aux innovations technologiques en plein essor, en passant par les ressources naturelles, le potentiel économique de la région est indéniable.
Fort potentiel économique : Démographie et géographie
Le potentiel économique africain repose en grande partie sur deux facteurs essentiels : une démographie en croissance rapide et une richesse naturelle inégalée. La Banque Africaine de Développement (BAD) projette que le continent occupera le deuxième rang mondial en termes de croissance économique d’ici 2024.
Dynamique de la démographie africaine
Avec près de 70 % de sa population a de 30 ans, l’Afrique dispose de la plus importante jeunesse au monde. Ce vivier de talents et de compétences représente un moteur essentiel pour l’innovation et l’essor du marché du travail. Selon l’UNICEF, près de la moitié de la population africaine a moins de 18 ans, et cette proportion pourrait doubler dans les 50 prochaines années.
Ce dynamisme démographique, couplé à l’émergence d’une classe moyenne en pleine expansion, favorise une consommation accrue, notamment dans les domaines des technologies numériques et de l’internet. Un document d’orientation corédigé par le Bureau du Conseiller spécial des Nations unies pour l’Afrique indique que la classe moyenne africaine pourrait représenter plus de 40 % de la population totale du continent d’ici 2060.
Vastes terres aux mille et un ressources naturelles
Les terres africaines recèlent également un potentiel immense. À savoir près de 65 % des terres arables non cultivées de la planète, mais aussi la deuxième plus grande forêt tropicale mondiale. Cette dernière s’agissant de la forêt du bassin du Congo couvrant plus de 240 millions d’hectares. L’Afrique se distingue aussi par une biodiversité riche, des ressources minières stratégiques et d’importantes réserves de pétrole et de gaz, en plus de ses produits agricoles d’exportation. Selon la BAD, les ressources naturelles du continent sont estimées à 6 500 milliards USD.
Écosystème de l’innovation en pleine expansion
L’innovation technologique devient un véritable levier de croissance pour l’Afrique. Les startups locales attirent des capitaux internationaux et proposent des solutions novatrices dans divers secteurs, dont celui des services financiers. Une innovation renforçant ainsi l’inclusion des populations non bancarisées, dont les femmes.
Les hubs technologiques émergent dans plusieurs régions, avec des pôles importants au Kenya, surnommé « Silicon Savannah ». Autre exemple probant, au Nigeria, les entreprises fintech permettent à des millions d’individus, notamment dans les zones rurales, d’accéder aux services financiers.
Muter une croissance équitable et durable
Les défis infrastructurels et les inégalités demeurent des obstacles majeurs au développement de l’Afrique. Pourtant, des efforts significatifs sont entrepris pour relever ces défis. Pour illustrer, la Banque de Développement des États d’Afrique Centrale (BDEAC) investit 60 milliards FCFA pour renforcer les infrastructures dans la zone centrale-africaine. Toutefois, selon la BAD, un investissement annuel de 130 et 170 milliards USD est nécessaire pour combler les lacunes.
Promotion de la coopération Sud-Sud
L’Afrique enchaîne les collaborations bilatérales, particulièrement avec les régions sud du monde. La coopération avec l’Inde offre des opportunités de croissance basées sur des investissements dans des secteurs stratégiques comme l’énergie, l’agriculture et les télécommunications. Le partenariat se distingue par un engagement envers la sécurité et la stabilité, tout en mettant l’accent sur un développement local durable.
Le partenariat Afrique-Caraïbes s’intensifie également. La 31ᵉ assemblée annuelle de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), tenue aux Bahamas, symbolise cet essor de la coopération intercontinentale. Cette coopération, renforcée par la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF) peut stimuler la croissance des secteurs créatifs et stratégiques ainsi que promouvoir le « Made in Africa ».
Exploitation minière plus responsable
L’industrie minière constitue un pilier central de l’économie africaine, avec une contribution significative au PIB de plusieurs pays. Le Nigeria et la Libye, par exemple, tirent une part importante de leurs revenus de l’exportation de pétrole. Tandis que le Botswana occupe la première place mondiale pour la production de diamants de haute valeur. De vastes réserves de gaz et de pétrole se trouvent aussi en Algérie, en Angola ainsi qu’au Sénégal.
Toutefois, la viabilité à long terme de l’exploitation des ressources naturelles est remise en question. Avec la transition énergétique mondiale en marche, l’Afrique se trouve confrontée à un dilemme. Trouver un moyen de concilier l’exploitation de ses ressources fossiles, nécessaires à son économie, avec la nécessité de préserver l’environnement et de répondre aux attentes des mouvements écologistes.
Plusieurs projets d’exploitation minière stratégique se développent dans la région africaine, malgré l’objectif zéro carbone et de développement durable. En effet, le continent détient des réserves considérables des ressources minières essentielles pour la transition énergétique, soit :
- 55 % des réserves mondiales de cobalt
- 47,65 % de manganèse
- 21,6 % de graphite naturel
- 5,9 % de cuivre
- 5,6 % de nickel
- 1 % de lithium
- 0,6 % de minerai de fer.
Le continent ne se contente pas de ses ressources fossiles et s’oriente vers une transition énergétique durable. Des projets d’énergies renouvelables voient le jour, à l’image du parc éolien de Lake Turkana au Kenya ou des projets d’hydrogène vert en Mauritanie. Ces initiatives montrent que l’Afrique est prête à jouer un rôle clé dans la transition énergétique mondiale et veut internaliser son développement. Le lancement de la Banque Africaine de l’Énergie en 2024 symbolise cette ambition de transformation.